La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe tant les ingrédients étaient réunis pour produire de l’effet. Parler de Glencore, de corruption, des millions de dollars américains, cela a suffi pour soulever un tollé des discussions et surtout, un usage sans précèdent des superlatifs. En moins de deux jours, chacun s’était fait sa religion sans que personne n’ait lu le dossier en question, ni interrogé les juges qui ont rendu ces décisions de fin de négociations avec le géant Suisse. Maintenant que la poussière est retombée, et avec elle un retour de la lucidité et surtout, une éclaircie dans la vision, les personnes qui s’intéressent réellement aux dossiers des ressources naturelles liées aux questions éthiques ont enfin le temps de placer leur regard sur la question sans passion aucune, seulement l’usage des réflexes professionnels. Car, au désavantage de la bonne circulation des informations, l’époque actuelle est caractérisée par une disproportionnalité dans les descriptions et les prises de position. Géopolis Hebdo se méfiant par principe de la clameur publique, se donne le devoir d’examiner chaque dossier avec la rigueur et surtout, l’impartialité que suggère la force des faits. C’est ainsi qu’une investigation a été menée pour démêler le vrai du faux et surtout, éviter l’amalgame. Car, il s’agit tout de même d’un des plus gros investissements miniers au Congo dont l’impact social est certain.
Mais ceci dit, rien n’a été épargné pour chercher les éléments de réponse aux questions que nos lecteurs se sont posées et devant lesquelles interrogations, nous avions un devoir d’apporter des réponses. Certes des faits ont été établis que des actes de corruption ont été identifiés sur quelques opérations du géant minier dans différents pays dont la République Démocratique du Congo (RDC).
Ces faits ont fait l’objet d’une enquête minutieuse dans plusieurs pays à savoir, les États-Unis d’Amérique, la Grande Bretagne, le Brésil, la Suisse et au Pays-Bas. A ce jour, ce sont les conclusions et les accords qui portent sur les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Brésil qui ont été rendu publics, il est évident que dans les jours ou les mois qui suivent, les autres pays vont se prononcer et ce sera toujours sur les mêmes faits.
Après avoir établi la véracité des faits, on s’est demandé quelle était la part de responsabilité de Glencore dans la commission de ces actes de corruption ? C’est là que l’on découvre que ces faits portent sur une période passée et que l’enquête qui a abouti à ces conclusions, a débuté déjà il y a quatre ans. Ce qui exempte des soupçons le leadership actuel en RDC qui, il faut l’avouer, collait mal à cette image de force de corruption quand on prend en compte le parcours individuel et les manifestations d’intégrité observées en des moments non suspects.
Avec les communications répétées depuis autant d’années sur la conformité et l’éthique, il y avait comme un hiatus entre les dénonciations mondiales et la probité nationale. Dans notre enquête, nous avons découvert que Glencore avait participé à la manifestation de la vérité et avait pris les mesures correctives nécessaires notamment, le licenciement des personnes impliquées dans les actes dénoncés.
Assez rapidement, nous avons établi que la société n’avait pas soutennu systématique des actes dénoncés et que les cadres qui ont pris ces décisions, les ont prises conformément à leur propre liberté et ne reflétaient pas en ce moment-là les valeurs de la compagnie. Ces actes qui ont été posés dans plusieurs pays ne doivent aucunement servir de vase de stigmatisation à Glencore en RDC qui ne cesse de clamer sa volonté et son implication dans le sens de la conformité affirmée.
Récemment, cette position a été réaffirmée à Cap Town, à Mining Indaba où notre envoyée spéciale a couvert le panel où David Brocas, le responsable des activités de trading liées au cobalt pour Glencore international, est effectivement revenu sur les questions portant sur la transition énergétique et le rôle que certains métaux comme le cuivre et le cobalt de la RDC doivent y jouer.
Toujours à Cap Town, Marie-Chantal Kaninda, Vice-présidente Corporate affaires de Glencore RDC, a présenté devant le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge et la Ministre des Mines, Antoinette N’Samba Kalambayi, lors du petit-déjeuner officiel de la RDC, les activités de Glencore en RDC et sa contribution à l’économie nationale et à la lutte acharnée contre la corruption, tout en rappelant les valeurs de cette entreprise et la promotion des principe de gouvernance, message relayé lors de sa participation au panel de discussion sur le Women In Mining.
De son côté, Samy Doss, le représentant de Glencore Afrique en charge de la conformité, a insisté sur la nécessité de cette adéquation entre les questions industrielles, des questions environnementales, sociales et de gouvernance avec le respect des valeurs.
Au regard de toutes ces prises de parole à des niveaux des plus élevées de responsabilité, on peut sans risque ne nous tromper que Glencore a décidé de se projeter dans l’avenir avec une image nouvelle dépouillée de cette gangue dont il s’est débarrassé. Mais comment savoir que cette posture publique n’était pas simplement de la publicité ? Nous avons continué nos investigations et nous sommes tombés sur le message du Directeur Général, Gary Nagle, adressé aux agents et cadres du Groupe.
Avec une franchise rare dans ce secteur, le Big-Boss de Glencore reconnait que les enquêtes ont permis d’identifier des graves manquements dans certaines branches de leur entreprise. Sans ambages, il reconnait qu’il s’agissait là d’un comportement inacceptable, qui n’a plus sa place dans le Glencore d’aujourd’hui. Il leur a rappelé que ces comportements sont préjudiciables et coûteux, non seulement sur le plan financier mais également sur leur réputation en tant qu’entreprise, l’une des plus importantes au monde. Le grand patron reconnait encore que sitôt que ces enquêtes avaient débuté, ils avaient adopté des vastes mesures correctives, y compris des licenciements où des procédures disciplinaires à l’égard des employés impliqués dans ces agissements. Avant d’insister et d’affirmer que les responsables ainsi que les employés sont déterminés à promouvoir une culture d’intégrité, d’exclusivité et de transparence partout où ils opèrent et à tous les niveaux de Glencore.
Gary Nagle a estimé également que le programme d’éthique et de conformité va obtenir des résultats qui vont positivement impacter sur l’écosystème général. Tout en prévenant ses employés qu’ils pourraient lire des titres négatifs à l’issue de la publication de ces enquêtes, il reste néanmoins confiant en demandant à ses collaborateurs de ne pas oublier qui ils sont dans une entreprise différente de ce qu’elle était lorsque ces pratiques inacceptables se sont produits. Du reste, nous invitons les autres opérateurs économiques et surtout, les multinationales installées en RDC de leur emboiter le pas.
Adam Mwena Meji