INFRASTRUCTURE

Dossier de la république/Développement intégral Retard dans le PDL 145 T : Le PNUD, le BCeCo et la CFEF pointés du doigt pour lourdeur administrative

Le PDL-145 T risquerait gros

La République Démocratique du Congo a mis longtemps à initier un programme pour impulser le développement socioéconomique à partir de la base en raison de ses faiblesses en matière de bonne gouvernance. Avec une superficie de 2 345 410 Km2, ce deuxième plus grand pays d’Afrique est listé toujours parmi les pays les plus pauvres du monde et demeure sous-développé avec une population qui vit avec 1,25 dollar USD par jour, selon la Banque Mondiale. Alors qu’il regorge des ressources naturelles inestimables, le Grand Congo ne parvient toujours pas à réaliser une croissance durable et inclusive, mieux à transformer ces richesses potentielles en richesses de progrès. Ses 145 territoires restent encore dans un état de précarité. Les zones rurales sont donc à l’abandon : absence des routes de desserte agricole, des centres de santé, des écoles, des centrales d’énergies électriques et solaires, des sites de production d’eau potable.

Face à cette situation précaire dans laquelle se trouvent ces coins du pays, le Président de la république Félix Tshisekedi s’est résolu de mettre en place un programme ambitieux. Il s’agit du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL 145-T). Un programme qui vise à réduire les inégalités spatiales, redynamiser les économies locales, et transformer les conditions et le cadre de vie des populations congolaises vivant dans les zones jusque-là mal desservies par des infrastructures et services sociaux de base. Une situation qui avait créé un clivage entre les provinces et les villes, ravivant un sentiment d’abandon des populations vivant dans les milieux ruraux.

Chiffré à 1,6 milliards USD, le PDL 145 -T tient à autonomiser les 145 territoires du pays, mieux corriger les inégalités et rompre le cycle de pauvreté qui s’est enraciné sur des décennies. Adossé au plan national stratégique de développement (PNSD) 2019-2023, au programme d’actions du gouvernement (PAG) 2021-2023 et au programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté et les inégalités (PPALCPI), le financement du programme est réparti sur trois exercices budgétaires à hauteur de : 300 millions USD pour 2021, 700 millions USD pour 2022 et 660,1 millions USD pour 2023 pour un coût global d’un milliard six cent soixante millions cent et un mille trois cent douze dollars américains. Il sera exécuté par trois agences dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Cellule de Financement dans les états fragiles (CFEF) et le Bureau Central de Coordination (BCeCo).

Cependant, les congolais attendent voir les trois structures réussir l’exécution du PDL-145 T après les actions ratées des projets 100 jours et Tshilejelu. La question chaude de la réussite de ce programme suscite de nombreuses réactions, interrogations et inquiétudes jusqu’au point où le Président la république a déploré la lenteur des parties prenantes dans la mise en œuvre du PDL 145 T et il est aussi devenu difficile de cerner ce que font exactement les trois agences. Pour nous journalistes, il est temps de fournir un effort considérable afin de relever ce qui avance ou bloque son processus de mise en œuvre. Il n’est pas aussi complexe de creuser le fond du problème en identifiant les risques qui favoriseraient le retard.

Toutefois, le PDL-145 est une réponse appropriée aux problèmes d’infrastructures physiques et des services sociaux de base auxquels les populations rurales sont confrontées. Deux ans après son lancement, comment évolue-t-il ? Quelles sont les avancées enregistrées ? Les travaux ont-ils effectivement démarré ? Y’-a-t-il des contraintes qui pèsent sur son exécution ? Les agences d’exécution pourront-elles travailler pour être dans les délais afin de rendre perceptibles les effets attendus dans le cadre ce programme ? Sans vouloir faire de la politique et tout en gardant la posture de journaliste, il convient de relever ici les avancées enregistrées et les contraintes qui pèseraient sur la réalisation dudit programme.

Après plusieurs observations et recherches, fort est de constater que la mise en œuvre du PDL-145 T par ces agences, principalement le BCeCo et le PNUD, souffre des lourdeurs administratives qui affectent l’efficience de l’action publique, voir la perception du gouvernement par les citoyens en provoquant des inégalités sociales. Alors que les livrables doivent être fournis au plus tard en juin 2023, les travaux proprement dit n’ont pas encore démarré faute des lourdeurs administratives caractérisée par des formalités bureaucratiques et régulations complexes. D’ailleurs, lors de la dernière réunion du conseil des ministres, le Président de la République Félix Tshisekedi a même exhorté toutes les parties prenantes, les agences d’exécution d’une part, et le Gouvernement d’autre part, d’éviter les lourdeurs et autres procédures administratives qui impactent négativement sa mise en œuvre.

*Le retard dans l’exécution du PDL 145 T*

Dorénavant, rien ne devrait empêcher la mise en œuvre de cet ambitieux programme qui apportera une des solutions à plusieurs problèmes de la population congolaise, car l’Ordonnance N°23/003 du 12 janvier 2023 portant création, organisation et fonctionnement du cadre institutionnel de la mise en œuvre et du suivi-évaluation du Programme de Développement Local des 145 Territoires, vient d’être promulguée par le Chef de l’Etat. Selon le chronogramme, c’est en juin 2023 que les effets de l’exécution du PDL 145 T devront être perceptibles grâce à la mise en œuvre des interventions retenues dans les composantes qui sont le développement des infrastructures et services socioéconomiques de base, la redynamisation des économies locales et rurales, le renforcement de la gouvernance locale et le Développement d’un système d’information géo référencé pour le suivi du programme. C’est pourquoi, martèle le Président Tshisekedi, tout devrait être mis en place par le Comité de Pilotage pour l’atteinte des résultats attendus dans les meilleurs délais.

Malheureusement, il faut reconnaître que l’exécution de ce programme a déjà enregistré un grand retard, car les agences d’exécution (BCeCo et PNUD) traînent encore les pas avec les formalités bureaucratiques. Lors de la tenue d’une réunion le 27 janvier dernier qui mettait autour d’une table les experts des ministères sectoriels concernés par ce programme, à savoir le Plan, le Budget, les ITP, les Finances et le Développement rural, et les experts des CFEF, BCeCo et PNUD pour évaluation, il a été constaté que l’agence d’exécution congolaise et la structure onusienne n’avaient pas produit, renseignent des sources concordantes, les rapports des études de faisabilité de ce projet alors qu’elles avaient déjà reçu, le 27 septembre 2022, 4 millions chacune pour mener ces études dans un volet très précis. Seule la CFEF a fait exception en présentant son rapport. Selon les mêmes sources, le BCeCo et le PNUD n’ont avancé aucune raison concluante mais réclameraient encore un délai de trois mois pour continuer à réunir les données. Un signe flagrant de lenteur. Quant à la CFEF, elle a terminé son étude et a transmis les données à l’Office de voies de dessertes agricoles (OVDA) pour l’élaboration du cahier des charges, étape qui précède celle d’appel d’offres.

Mais faut-il aussi rappeler que le BCeCo avait remis, au début du mois de septembre 2022, des chèques à hauteur de 91 millions USD aux 41 Agences Locales d’Exécution (ALE) pour démarrer les travaux du PDL 145-T le même mois dans 9 provinces du pays, mais fort malheureusement ces travaux sont loin d’être achevés, car les ALES font face à d’ordre technique et climatique. Les quelques centres construits ont été détruits par la pluie. D’après les experts avec qui nous avons été en contact, le retard connu par le PNUD et le BCECO inquiète déjà et ne présage pas une bonne augure pour la réussite de ce programme, car d’après eux, ces deux agences accusent beaucoup de faiblesse et de lenteur, et surtout le BCeCo qui connaît une crise managériale. Toujours d’après ces experts, ces agences en retard sont coincées, elles n’ont pas de cartographie et elles recourent maintenant aux experts de l’Office de routes (OR) et de l’OVDA, structures techniques étatiques, pour se ressourcer.

*Possibilité de réajuster les tirs*

À cause de ces faiblesse et lourdeur administrative, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le PDL-145 T courait le risque de battre de l’aile. Mais, Il faut aussi rappeler que la difficulté que rencontre le PDL-145 T aujourd’hui, avait été déjà prévenu en février 2022 par le Conseil d’administration de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP). Dans une lettre adressée aux ministres du Plan, Budget, Infrastructures et travaux publics, Développement rural et des Finances, le président du Conseil d’administration ad intérim de l’ARMP avait dénoncé les mauvaises pratiques visant à octroyer de manière illégale à certaines entités pour les unes non habilitées, et pour d’autres dissoutes, des marchés publics dans le cadre du PDL 145 T initié par le chef de l’État Félix Tshisekedi. D’aucuns doutent aussi que les trois mois de surplus sollicités par le PNUD risquent de ne rien produire de probant, car l’agence onusienne est réputée d’être lente et lourde sur le plan administratif.

D’un point de vue politique, ce retard joue en défaveur du président de la République, Félix Tshisekedi qui veut voir le PDL-145 T produire les résultats dans les délais impartis. La réussite de ce programme constituerait un argument puissant de campagne électorale en 2023 pour le Président Tshisekedi qui fera face à nombreux opposants farouches. D’ailleurs, des experts du ministère des finances présents que l’administration Tshisekedi n’aurait pas dû confié la coordination du PDL-145T au ministère du plan. C’est plutôt le ministère développement rural qui devrait se voir confié la coordination du PDL-145 T pour la simple et bonne raison qu’il s’occupe les zones rurales, véritable champs d’action de ce ministère. Toutefois, il n’est jamais tard pour réajuster les tirs et repartir sur des bonnes bases.

Djodjo Mulamba

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