Editorial

Éditorial : Quand le débat sur les personnes rend opaque la vision nationale

Alors que le pays n’a jamais autant eu besoin de cohésion nationale et de la construction des masses critiques pour faire face aux problèmes graves qu’il encourt c’est le moment que choisissent les leaders et leurs bases pour amplifier dans les différents espaces les débats sur les personnes. Qu’il s’agisse de grands personnages de l’État, des stars de la musique, des hommes d’église, des professeurs d’université, le constat est là et il est amer: le pays navigue sur le débat des personnes et les cultes éhontés de la personnalité. Entre temps nous sommes confrontés à une des crises sanitaires graves dont l’impact sur l’économie et la survie même des populations n’est plus à démontrer.

Les écoles sont fermées, les magasins fermés, l’économie tourne au ralenti, les institutions sont confinées et ne fonctionnant qu’au minimum de leur capacité. Les conditions de vie se sont dégradées avec une augmentation des prix des produits de première nécessité. Dans ce genre de situation la Nation doit se sentir soudée autour de son chef et convoquer ses intelligences pour affronter autour d’un cerveau collectif les différents défis actuels. Hélas c’est trop rêver que de croire que la classe dirigeante et les intellectuels peuvent changer pour une fois leurs réflexes ataviques et d’éviter de tomber dans des querelles autour des personnes. Comme si on avait peur de voir la réalité en face, on préfère passer aux débats sur des propos tenus par tel ou tel personnage, sur le culte des ego en oubliant que c’est la société toute entière qui perd chaque jour ses capacités de survie et de prospérité.

On en est encore à se demander comment une génération entière peut passer à côté de l’essentiel en se distrayant sur des questions aussi personnelles ? La RDC est confrontée à une crise en tant que Nation et non dans ses composantes aussi illustres soient-elles, mais c’est la Nation entière, dans ce qu’elle possède de meilleure, qui doit répondre à cette agression de l’ennemie inhabituelle. Mais que fait la classe politique entre temps? Elle se perd dans des motions, des enquêtes sur des acquisitions, des querelles sur des nominations, des discussions interminables sur des sextapes alors qu’au jour le jour le nombre des personnes infectées du Covid-19 augmente de façon exponentielle. Sommes-nous devenus comme Rome à l’époque de l’invasion barbare qui n’avait plus le temps pour l’essentiel car ses dirigeants passaient de vomitorium en vomitorium? Personne à ce jour ne sait comment cette pandémie va finir en RDC car elle semble être un labyrinthe qui n’a pas de voie de sortie. On se rend compte que le confinement n’est pas une mesure miracle car il paralyse la production et appauvrit la société et lui prive des moyens pour faire face à la crise qui attaque sur plusieurs fronts.

Depuis quelques semaines, d’autres pays africains se mobilisent pour inventer des schémas qui correspondent à leur contexte et qui permettent de combattre le Covid-19. Il y a par exemple le cas du Madagascar qui offre le Covid organics et sur lequel remède des débats sérieux et des décisions sont prises. Mais en RDC tout cela paraît lointain et il y a encore des congolais à qui on doit prouver que le Coronavirus existe réellement. Le jeune docteur Congolais qui a permis à la grande île de sortir la tête de l’eau était annoncé à Kinshasa mais sans succès car les « familles médicales » trouveraient son arrivée compromettante face à des intérêts établis. Le temps est venu de prendre en compte la vraie température de la nation et de soumettre celle-ci au traitement du patriotisme responsable. La nation est en danger et ses filles et fils se doivent d’être au front de la conscience et non dans les prises de position paroissiales.

Adam Mwena Meji

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