
Il a invité les patrons des médias à Roméo golf à un déjeuner de presse au cours duquel il les a conviés à participer en tant que catégorie sociale à une réflexion générale sur leur secteur pour que les différents éléments ainsi alignés servent de base réelle à la production de l’offre politique. Il faut d’emblée dire que cette initiative originale détonne dans cet espace politique où les offres politiques sont des émanations des groupes d’intérêts qui veulent les imposer au reste de la société.
En inaugurant ces types de consultation, l’autorité morale de Nouvel Élan fait évoluer la pratique politique en lui donnant de sa conception un ancrage qui fortifie sa légitimité. Si le nouveau monde pour lequel les politiques demandent le suffrage des peuples est constitué des idées et parfois des projections personnelles, Adolphe Muzito veut le tirer des profondes préoccupations du peuple qui est en fin de compte le destinataire final de toute politique publique. Comment dans ces conditions se tromper si le projet correspond exactement aux attentes des populations consultées. Il est aussi vrai que toute personne n’a pas la capacité de formuler exactement ce qu’elle souhaite avec les barrières intellectuelles et parfois la pauvreté des analyses, c’est pourquoi Adolphe Muzito fait appel à l’Élite qui est censée posséder les capacités d’analyse et de réflexion.
Pour permettre un bon échange, l’ancien Premier ministre, habitué des chiffres et de l’analyse quantitative a fait l’état des lieux en se posant un certain nombre des questions à savoir où sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Et notre mémoire ?
Sur le plan politique il a effectué une étude sur l’évolution du leadership congolais depuis 1960 à nos jours. Ce leadership il le situe essentiellement dans la composition des forces politiques au parlement. Par exemple en 1960, la Coalition majoritaire composée de quatre formations politiques n’avait que 51 % de la chambre basse alors qu’en 1965 une autre prendra 73 % des sièges. En 2006 après une période de trente-deux ans d’une profonde dictature, les premières élections démocratiques depuis les années 60 ont eu une majorité de 39 % face à une minorité de 28 %. Les élections de 2011 vont encore diminuer l’écart entre les deux forces antagonistes de l’espace public avec 28 % et 16 % de la minorité. En 2018 c’est une coalition qui remporte tout sur son passage avec 81 % pour une majorité face à une Minorité de 18 %. Et plus récemment le changement de la majorité avec l’union sacrée avec 70 % de la majorité face à 30% de la minorité. Et il va plus loin en indiquant que chaque cycle électoral produit une nouvelle coalition qui d’ailleurs n’existe pas au-delà. A titre d’illustration en 1960 c’est MNC/Lumumba, en 1965 CONACO/Tshombe avec 21 %. En 2006 et en 2011 PPRD Kabila ont gagné le jack pot.
Ces chiffres qui vont s’étendre au niveau économique ont aussi capturé l’évolution des budgets en des périodes différentes.
Par cet exercice de mise à jour des agrégats macroéconomiques, l’ancien Premier ministre a exhumé du matériau pouvant permettre l’élaboration d’une offre politique qui soit digne d’un si grand pays.
S’en est suivi un débat franc sur la responsabilité de l’élite congolaise dans la débâcle nationale et la nécessité de construire une société qui correspond à la vocation de puissance de la République démocratique du Congo (RDC). Par ailleurs nous avons appris que Nouvel Elan, le parti d’Adolphe Muzito s’est déployé dans plusieurs provinces du pays en se dotant des sièges et en recrutant des centaines des militants qui sont décidés d’animer ce parti. Cette séance qui a duré plus de deux heures a permis aux chevaliers de la plume d’obtenir des informations de première main et ainsi échapper à des vastes manipulations par des producteurs des fakes news.
Robert Tanzey
