Politique

En route vers la présidentielle de 2023

Dans notre dernière édition nous avions ouvert une série d’articles en rapport avec l’ambition présidentielle qui reste la plus forte expérience qu’un peuple peut vivre avec l’un de ses concitoyens qui aspire à le diriger. Il n’est pas non plus donné au premier quidam de venir s’imposer comme le futur et principal leader de son peuple sans qu’il y ait tracabilité de cette ambition dans son histoire. Pour éviter de donner la parole aux charlatans politiques, issus d’une génération spontanée produit d’une législation laxiste, nous avons convenu avec les forces de notre déontologie d’anticiper sur les questions d’ambitions, de scruter les moindres annonces en rapport avec cette échéance et de donner à nos lecteurs la primeur de nos analyses de manière à susciter le débat républicain tout en garantissant à chaque citoyen ses droits constitutionnels. Il ne s’agit nullement de propagande, il est question des valeurs, des idées forces et des personnalités de premier plan confrontés aux problématiques du pays face à leur ambition manifestée ou non. Dans cette édition nous planchons sur deux congolais, Franck Diongo et Jean-Pierre Bemba qui n’ont pas encore fait une quelconque déclaration mais dont l’agir public témoigne d’une carrure pour cette ambition.

FRANCK DIONGO , VIVRE COMME UN MODELE

Présent depuis une trentaine d’années sur la scène politique; Franck Diongo reste une énigme car plusieurs aspects de sa personnalité politique restent voilés à l’analyse. Si durant des années il s’est fait connaitre comme un disciple de Tshisekedi Etienne dans le combat politique pour l’avènement de l’Etat de Droit, il a par contre évité systématiquement d’être avalé par l’UDPS et a préféré garder une certaine autonomie de pensée et d’action. Plutôt comme allié à l’UDPS, il a été de tous les combats depuis la Conférence Nationale Souveraine jusqu à Sun City. Deux constantes dans sa démarche ; pas de compromis avec une certaine idée galvaudée de la politique, c’est d’ailleurs ce qui est sa force mais sa faiblesse en même temps. Franck Diongo, combattant de première heure contre le régime Mobutu  et le régime Tshisekedi n’a jamais occupé un poste dans les structures d’État même quand il s’agissait d’une équipe issue des négociations. On peut avec le recul du temps se demander pourquoi il n’a jamais pu obtenir un poste ? Et pourtant des personnalités moins rayonnantes que lui ont pratiquement été dans tous les gouvernements dirigés par l’opposition. Quel que soit la raison il est tout de même vrai qu’il a conservé sa stature sans puiser dans la rente qu’offre un poste politique au sein des institutions. La deuxième constante  dans son parcours est le choix idéologique Lumumbiste, choix qu’il porte comme une identité et un réservoir de force morale. Pour Franck Diongo, il suffit d’évoquer le sacrifice de Patrice Lumumba qui n’a reculé devant rien pour défendre son pays afin d’avoir la force de continuer. C’est d’ailleurs dans cette filiation idéologique qu’ il a puisé la force pour supporter des injustices comme celle qui a frappé son mandat à l’Assemblée nationale lors de la première législature ou par des mécanismes de concussion des personnes à la morale obscure ont joué au sal jeu de l’invalider. Il a fallu une décision de la Cour des droits de l’homme des Nations unies pour que vérité soit reconnue mais justice non distribuée.

Sans se décourager il a continué un combat politique difficile dans lequel est venu s’ajouter un séjour long en prison. Franck Diongo connait bien le monde des privations et de l’imposition de la pensée unique. Aujourd’hui il a adhéré à l’Union sacrée pour soutenir la vision de Felix Tshisekedi; mais encore une fois on ne l’a pas vu durant trois ans occuper un poste de responsabilité au sein de cette coalition qu’il a soutenue sitôt que le président Tshisekedi avait déclaré la fin de son contrat avec Joseph Kabila. Car entre temps lui Franck Diongo s’était rapproché de Moise Katumbi dans le but de mettre en place une plateforme pouvant obtenir des résultats là où les générations précédentes n’avaient pas réussi.

Au fil des années, les idées nationalistes qu’il défend, les prises de position sans hésitations et sans fioritures ont fini par créer un grand courant de sympathie dans l’opinion au point que des jeunes politiques voient en lui un grand héritier de la pensée d’Etienne Tshisekedi.  Tout en reconnaissant la force des autres et la nécessité de l’union, de plus en plus la pensée politique de Franck Diongo a fini par créer une offre politique complète qu’il est obligé de présenter au peuple comme d’ailleurs plusieurs militants de son parti ne cessent de lui demander. Va-t-il franchir le rubicond et se positionner dans la petite liste de ceux qui veulent un mariage avec le peuple ? Personne en ce moment ne peut y répondre, mais lui ne peut échapper à l’analyse et à la concertation avec ses partenaires en politique pour pouvoir  lever l’option.

Il est de ceux qui ont évolué pour arriver à cette opportunité de se présenter devant le peuple sans dossiers sales, brillants de puissance politique et de fierté patriotique. Franck Diongo est désormais dans le canevas des grands du pays. Si jamais il arrive à se doter de cette ambition que l’on sent grandir partout au sein de sa base, Franck Diongo va rencontrer un destin politique qui sera un pas de plus dans cette démocratie qui a besoin des hommes intègres pour faire avancer sa cause. Mais en atendan, il se doit de discuter avec Felix Tshisekedi et Moise Katumbi qui sont sur la même rampe et qui sont ses partenaires.

Jean-Pierre Bemba, silence et maturité

Le président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) est un homme aux multiples dimensions et depuis son retour de la Haye, Jean-  Pierre Bemba a adopté une attitude et un mode de vie publique qui défient les analystes car autant il était un orateur puissant entre 1998 et 2006, aujourd’hui, il est d’un calme sidérant.

Pourquoi se posent la question ceux qui s’intéressent aux phénomènes politiques ? Il a acquis une dimension politique de premier plan, il a fait le tour du propriétaire et le temps d’un cycle politique que d’autres font une vie entière.

Comment pouvez-vous imaginer que cet homme politique de premier plan ayant conduit avec succès une rébellion, a participé au processus de paix de Sun-city, est devenu vice-président de la république pendant près de quatre ans; a été élu sénateur avant d’affronter victorieusement la Cour pénale internationale, puisse observer un silence aussi parlant sans attirer l’attention des analystes ?

Jean Pierre Bemba est revenu au pays et n’a pas pu se présenter aux élections de 2018. Après celle-ci et au regard de l’étape de Genève, il s’est retrouvé dans le présidium de Lamuka avec Martin Fayulu, Adolphe Muzito; Moise Katumbi.

Ce groupe s’était positionné comme un groupe d’opposition face à la coalition FCC-CACH.

Avec une direction tournante, on se souvient des prises de position de cette plateforme jusqu’à la fin de la coalition FCC CACH.

Jean Pierre Bemba a répondu favorablement à l’appel du Président Tshisekedi qui voulait consulter les congolais au lendemain de cette rupture.

Lui et son collègue de l’Ensemble, ont accepté de se joindre à Tshisekedi pour créer l’Union Sacrée.

Deux actes majeurs; pas un de plus, pas de gaspillage d’énergie ni de spéculation, il a décidé au regard de son analyse que le moment était venu pour répondre à l’appel républicain contenu dans l’offre présidentielle.

Et puis, vint le gouvernement et sa mise en place. Alors que les bruits de couloirs le voyaient à la primature, le chairman a par contre délégué des personnalités de premier plan au gouvernement entre autres Eve Bazaiba à l’environnement en qualité de Vice-Premier ministre. Toujours rien sur son avenir, Jean Pierre Bemba reste silencieux, mais travaille en profondeur pour restaurer les forces de sa base.

Il voyage beaucoup à l’intérieur et restitue peu à peu les éléments constitutifs de son empire économique. Mais sur aucune déclaration et surtout aucune polémique sur les questions qui fâchent. Même quand la rumeur lui dit fâché sur la gestion de la CENI, il ne dit rien et fait profil bas.

Ce qui est contraire au tempérament  de lion qu’on lui connaît.

C’est pour cela que certaines personnes estiment qu’il va certainement prendre la parole dans les mois qui viennent pour soit se présenter lui-même au scrutin présidentiel, soit soutenir un candidat après lui avoir donné ses conditions.

Deux préalables sont nécessaires, le premier, il doit se rassurer que les problèmes judiciaires évoqués par l’administration Kabila sont dépassés sinon comment les évacuer. Le second préalable est de discuter avec son allié de l’union sacrée le Chef de l’État qui, lui, s’est déjà prononcé pour un deuxième mandat.

Si Jamais ces étapes sont franchies, il peut compter sur des millions des voix des congolais qui sont situées dans plusieurs strates notamment les nostalgiques de l’époque du maréchal, les fanatiques de l’Armée de libération du Congo, les grandes forces sociales de l’ouest qui voient en lui un champion. Cela va demander des alliances de base, des discours de fond sur des agrégats d’intérêts dans le fin fond du congo.

Jean Pierre Bemba est l’expert des territoires, le leader des peuples restés proches de leur terroir. Et il suffit de se rappeler combien son programme de 2006 était complet, il était capable de vous donner le nombre des groupes électrogènes qu’il fallait avoir pour activer un processus d’accès à l’énergie dans l’arrière-pays.

Homme des dossiers, il a eu le temps de mûrir ses convictions et surtout de renforcer son carnet d’adresse qui s’étend désormais au-delà des frontières nationales et qui touche certaines têtes couronnées du monde. Quel que soit la décision qu’il prendra, Jean-Pierre Bemba sera une équation essentielle dans la formulation des élections à venir.

WAK

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