Un nouveau rapport des experts des Nations Unies épingle à nouveau le soutien du Rwanda aux rebelles du M23. Le rapport présenté au Conseil de sécurité lundi 19 juin affirme que l’armée rwandaise a « renforcé les rangs du M23 à plusieurs reprises pour contrôler des points stratégiques ». Le rapport des experts des Nations Unies est le résultat d’une année d’enquête au Nord-Kivu. Selon ce rapport, des photos ou des images aériennes et même des entretiens attestent de la présence de soldats portant l’uniforme rwandais. Les experts affirment avoir collecté des preuves de la présence de troupes rwandaises à la frontière dans des villes congolaises occupées par le M23.
Les experts ont cité plusieurs villages du Nord-Kivu, à l’Est du Congo, dont Kishishe, Bambo où la présence des forces de défense du Rwanda ont été vus. Selon ce rapport, à Kiwanja, ville prise par le M23 en octobre 2022, « une vidéo du 15 novembre montre une colonne de 25 soldats identifiés comme appartenant à l’armée rwandaise. À Mushaki, dans le territoire de Masisi, un ordinateur portable contenant des notes en anglais et en kinyarwanda a été retrouvé avec des informations sur l’équipement militaire et détaillant les noms et les grades de soldats et de commandants soupçonnés d’appartenir à l’armée rwandaise et envoyés en mission ».
Selon le groupe d’experts des Nations Unies, plusieurs officiers supérieurs rwandais sont impliqués dans l’organisation de ces opérations en RDC. Le rapport des experts cite nommément le général James Kabarebe, ancien chef d’état- major de l’armée en RDC ( dans les années 1998) et actuel conseiller défense et sécurité du président Paul Kagame comme ayant coordonné les opérations à l’Est de la RDC contre les FDLR et contre le groupe armé Rud-Urunana.
En RDC, ce rapport final des experts n’a pas encore été commenté par les autorités. Mais déjà, les États-Unis d’Amérique saluent le rapport définitif et condamnent la violence en RDC. « Nous condamnons les violences qui ont fait tant de morts, de blessés, de personnes déplacées et vulnérables à la violence. Les responsables de ces actes doivent en répondre. Nous appelons tous les groupes armés, y compris le M23, la CODECO, les FDLR, MAPI
et d’autres, à cesser les hostilités et à déposer les armes », peut-on lire dans un communiqué du département d’État américain. Le département d’État américain lance à nouveau un appel au Rwanda : « Nous réitérons notre appel au Rwanda en vue du retrait immédiat des soldats de la Force de défense
du Rwanda (FDR) du territoire congolais. Nous demandons également au Rwanda de cesser immédiatement de soutenir le groupe armé M23, sanctionné par les Nations unies et les États Unis ».
Le même appel a été lancé à l’endroit de la RDC: « Nous dénonçons également la collaboration approuvée par les autorités militaires nationales d’éléments des forces armées congolaises (FARDC) avec de multiples groupes armés, en particulier les FDLR sanctionnés par l’ONU et les États-Unis, et nous réitérons notre appel au gouvernement de la RDC pour qu’il mette immédiatement fin à toute collaboration entre ces éléments ». A propos de la prétendue collaboration entre l’armée Congolaise et les groupes armés, les autorités Congolaises ont toujours rejeté ces allégations.
Pour ce qui est des groupes armés d’origine étrangère qui infestent l’Est du Congo, le département d’État américain leur demande de retourner dans leur pays d’origine et aux groupes armés nationaux de se joindre aux consultations entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés dans le cadre du processus de Nairobi sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est.
Patrick Ilunga