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Inondations à Kinshasa : Vengeance de la nature sur l’urbanisation sauvage et anarchique

 

” Après la pluie, c’est le beau temps ”, dit-on. Mais à Kinshasa, après la pluie c’est le  mauvais temps, mieu le déluge. En effet, la capitale de la République Démocratique du Congo a ressemblé, ce mardi 13 décembre 2022, en une agglomération sinistrée, après la pluie diluvienne qui s’est abattue la nuit du lundi 12 décembre jusqu’à ce mardi matin. Madame la pluie a causé d’énormes dégâts matériels et humains. Selon le bilan humain provisoire établi par la police, au moins 34 personnes sont mortes. Des fouilles continuent pour tenter de sauver ou de retrouver les personnes disparues.

Jusque mardi à midi, la commune de Selembao semble être celle qui a subi le plus lourd dégât humain. ” On y dénombre plus 12 morts ”, a renseigné son bourgmestre. C’est à la suite d’écroulements des murs aux quartiers Kipoy, Mbala, Badiadingi et Cité verte. Et une vingtaine de personnes blessées, dont certaines, en état critique sont internées dans divers centres de santé. Les corps, rassemblés à la maison communale attendaient d’être évacués vers la morgue.

A Mont-Ngafula, le quartier Matadi Kibala enregistre provisoirement 10 morts. A Ngaliema, on compte provisoirement 8 morts au quartier Malueka, secteur City, vers l’usine de la Régie de distribution d’eau (REGIDESO), après qu’un mur s’est écroulé sur une famille lorsque la pluie s’abattait sur la ville de Kinshasa, rapportent des témoins. La maison était construite sur le lit de la rivière Lukunga, d’après la bourgmestre de la commune de Ngaliema. Quatre personnes sont mortes à Bandalungwa, une mère et ses 3 enfants, sur l’avenue Bibuanga au quartier Makelele.

Selon les constants faits par les Reporters de Géopolis Hebdo dépêchés sur terrain, plusieurs autres quartiers et sites de la capitale congolaise sont inondés dont Mososo, Kingabwa, Kimbangu, Mombele, frontière Lemba – Ngaba, camp Lufungula, Debonhomme, Makelele, Des marais, Socimat, Basoko, Livulu, Mbanza-Lemba, Kimwenza, Matadi Mayo, pour ne citer que ceux-ci. La population coincée, se bat à évacuer les eaux des rivières en furie et se frayer une sortie.

Côté infrastructures, la station SNEL de la Funa, les usines de captage d’eau de Ndjili, des maisons et bureaux sont inondés et dégradés. Quant aux routes, certaines ont été coupées en deux. La route de Matadi, la nationale n°1, par exemple, la seule voie terrestre qui alimente Kinshasa en vivres frais, secs, médicaments, produits du terroir provenant du Kongo-Central et autres produits de première nécessité, est coupée en deux au niveau de l’arrêt dit  ” En Vrac “, quartier Matadi Kibala, dans la commune urbano-rurale de Mont Ngafula. La RN1 a laissé place à un grand ravin, coupant ainsi le trafic entre non seulement une partie des quartiers de la commune de Mont-Ngafula et le reste de la ville mais aussi entre la province du Kongo-Central, le grand grenier agricole, et sa dépendante Kinshasa la capitale. Du coup, plusieurs camions remoques en partance ou en provenance de la ville portuaire de Matadi sont bloqués de part et autre de la route.

Le Directeur général de l’Office des routes, Jeannot Kikangala est arrivé sur le lieu de la catastrophe à Matadi Kibala. ” Ce que nous venons de constater relève de ce qu’on appelle catastrophe naturelle. Il y a des pertes en vie humaines mais nous attendons que les évaluations soient faites avec fiabilité pour donner le bilan avec précision. Concernant la situation de la route, l’évaluation est en train d’être rapidement faite pour qu’une solution soit rapidement trouvée. Ce sont des travaux de génie civil, on ne sait pas prédire le temps nécessaire pour la réhabilitation de la situation ”, a-t-il indiqué. Avant d’assurer que les autorités sont mobilisées pour le rétablissement de la situation.

Ce nouveau drame qui s’ajoute à d’autres encore frais dans nos mémoires dont ceux de Matadi Kibala et de Bukavu prouvent à suffisance que la ville de Kinshasa, miroir du pays, a un gros souci de gouvernance urbanistique, de l’occupation de l’espace, de politique environnementale, de l’application des textes de lois et surtout, de la gestion de déchets qui finissent pour la plupart de cas à boucher les caniveaux, égouts et rivières.

Devant cette triste situation, la nature, mécontente du traitement que les Kinoises et Kinois lui font subir, s’est vengée aujourd’hui et peut-être encore demain si on ne rectifie pas le tir. Les responsabilités sont donc partagées entre l’Etat et les citoyens en manque de civisme et d’écogestes en matière de prise en charge de la question sur comment se débarrasser des déchets. Nos condoléances à toutes les familles éplorées.

Dieudonné Buanali

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