Economie

Interview exclusive sur Makutano Nicole Sulu : « Sans paix, les investisseurs ne sont pas rassurés, sans paix, la vie économique et sociale sont mises à mal »

Il est devenu un lieu de convergence des intelligences entre les secteurs public et privé. Il réunit des autorités politiques et chefs d’entreprises qui discutent et échangent autour des questions liées aux opportunités d’affaires et de développement économique en Afrique en général et en RDC en particulier. Il regroupe plus de 600 membres actifs via un réseau d’affaires énergisé par une nouvelle génération de leaders disruptifs, avec plus de 250 contrats conclus en trois ans. Il constitue aujourd’hui une parfaite organisation qui s’est déployée le lundi 24 octobre à Kinshasa et le jeudi 27 du même mois à Mbuji-Mayi. Makutano est donc ce forum annuel qui constitue un rendez-vous économique de la région auxquels s’associent régulièrement chefs d’état, ministres, investisseurs africains et internationaux, media et influenceurs de haut niveau. En claire, il vise à replacer le leadership africain au centre de l’équation du développement et les champions locaux et régionaux face à leurs responsabilités. Toutefois, il faut souligner que la cérémonie de la huitième édition de Makutano s’est déroulée comme sur des roulettes et les interventions participants ont été synchro à une cohérence des sujets et des objectifs. Ce qui prouve qu’un travail immense a été réalisé. Avec cette huitième édition, Makutano est en train de gagner un pari majeur, celui de faire forger l’élite sur des problèmes de fond et d’offrir des outils que la liberté seule peut donner, des armes du savoir et des bonnes pratiques. Cette fois, Makutano a tenté de promouvoir plusieurs secteurs d’activités à Kinshasa et Mbuji-Mayi, notamment l’agriculture et l’agro-business. « Infiniment territoires, c’est le thème sous lequel était placé cette édition du réseau d’affaires.

Riches furent les échanges et profondes les rencontres entre l’Etat et les privés, mais aussi entre les potentialités et les opportunités. Makutano est en voie de devenir une institution de qualité et une référence sur le continent. Nous revenons sur ce grand rendez-vous économique avec sa fondatrice Nicole Sulu dans une interview exclusive accordée à Geopolishebdo. Savourez l’interview dans les lignes qui suivent.

GeopolisHebdo (GH)/Quel bilan tirez-vous du forum Makutano 8 qui s’est pour partie déroulé à Mbujimayi ?

Nicole Sulu (NS) / Encourageant pour le réseau… Et pour l’avenir de la RDC ! Avec environ six cents CEO à Kinshasa le lundi 24 octobre en présence du Premier Ministre et de plusieurs membres du gouvernement qui ont participé à des débats, échanges et panels d’une richesse sans conteste, puis le jeudi 27, à Mbuji Mayï, en présence de S.E le Président de la République, avec environ 150 CEOs et investisseurs venus par avion spécial de Kinshasa, sans oublier la table ronde spéciale « champions nigérians », le lundi 31 octobre en présence, là encore du Président Tshisekedi mais également du Président honoraire Obasanjo, du Nigéria, je pense que nous pouvons parler de réussite. Mais ce qui compte n’est pas tant ce qui se passe le jour du forum. C’est ce que cela implique en termes d’affaires, et donc de prospérité, pour la RDC.

Tenir cette 2e partie à Mbuji Mayi, c’était aussi le défi logistique, car organiser un forum entre deux villes, quand on connait les difficultés qui peuvent surgir, c’est s’armer de courage et d’audace, mais c’est notre marque de fabrique au Makutano. Nous avons aussi pu prouver au monde que Mbuji Mayi n’est pas si démuni que l’on pense : il y a un minimum d’infrastructures pour organiser un événement de grande envergure.

GH/ Peut-on considérer la présence du président Tshisekedi comme une consécration de vos efforts ?

NS/ Le Président vient pour la deuxième fois à Makutano. C’est pour dire son soutien et  son engagement sans faille pour la promotion du dialogue entre l’Etat et le secteur privé depuis qu’il est au pouvoir et j’en suis particulièrement honorée. Cela dit à quel point il croit en notre démarche visant à rapprocher le secteur public et le secteur privé dans le but d’avancer en commun, et non l’un contre l’autre.  Grâce à sa présence, Mbuji Mayi a bénéficié d’une attention dont cette ville a grand besoin et nous l’espérons, de nombreux projets verront le jour où seront boostés après ce Makutano à Mbuji Mayi. C’est bien sûr une consécration quand on connait l’agenda d’un chef de l’État.

GH/ Au fil des années Makutano est devenu une institution, un rendez vous important pour le monde des affaires, quelles sont les étapes essentielles que vous avez franchies pour y arriver ?

NS/ La première fut d’abord de convaincre que les Congolais peuvent faire du business ensemble dans un cadre sain ! Cela paraît fou de le dire aujourd’hui mais lorsque nous avons commencé, il y a huit ans, tout le monde me disait que ce n’était pas possible !

En tous cas, ce qui a été et reste intéressant à Makutano, c’est que les entrepreneurs ont appris à se connaître, à identifier leurs savoir-faire respectifs, et ont eu envie de travailler ensemble.

Il y a ensuite eu la volonté de dialoguer sans « pesanteur protocolaire » avec le décideur public. Cette étape a été primordiale et reste une des grandes réussites du réseau. A Makutano, le public et le privé échangent ensemble en essayant de trouver des points de consensus pour être efficaces. Les choses sont clairement dites et chacune des parties donne son point de vue pour faire avancer les choses. C’est probablement un des rares espaces d’échanges entre le public et le privé où cela est possible. Une autre étape était de faire grandir et assurer la pérennité du Makutano, au bout de 8 éditions, c’est un fait. Puis il a fallu internationaliser le forum et si nous y arrivons, c’est grâce à la qualité des échanges, à l’implication des décideurs, mais aussi aux partenariats qui se sont noués au cours de nos éditions.

GH/ Existe-t-il des améliorations envisagées au regard de l’ampleur que cela prend ? Que faites-vous des recommandations de vos travaux ?

NS/ Je crois que nous avons progressé d’années en années, en particulier grâce à tous les partenaires qui nous accompagnent et à l’équipe Makutano. Bien évidemment des recommandations sont faites au cours des travaux. Elles sont contenues dans le livre blanc du Makutano, qui est sur notre site web. Quant aux améliorations à venir…vous me permettrez d’en réserver la primeur aux participants du MAK 9 !

GH/ Dans une certaine mesure Makutano est devenu par la force des choses un think Thank. A ce titre, que pensez vous de la situation actuelle sur fond de bruits de bottes ?

NS/ Je l’ai dit dans mon discours lors de la 8ème édition, notre responsabilité en tant qu’acteur privé consiste à imaginer les moyens de nous relever des situations qui nous sont imposées pour que l’humanité ne sombre pas dans la misère. La guerre, les conflits ne sont pas bons pour nos économies et nos peuples. Sans paix, les investisseurs ne sont pas rassurés, sans paix, la vie économique et sociale sont mises à mal. Nous espérons vivement que l’Est de notre pays retrouvera la paix pour que les populations de cette partie du pays comme celles du reste du pays puissent profiter enfin des richesses tant vantées du Congo.

Propos recueillis par WAK

Retranscrit par Djodjo Mulamba

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