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Kwamouth, gare au syndrome Yumbi

C’est un conflit communautaire qui ne connait pas de répit depuis déjà quelques jours. Deux communautés s’entretuent à Kwamouth, dans la province de Maï Ndombe. Le bilan macabre s’alourdit, d’autant plus que chaque jour ou presque, la presse locale fait état de nouvelles victimes dans ce conflit qui oppose les Teke et les Yaka. Le nombre des morts n’est pas encore connu avec exactitude. Mais comment en est-on arrivé là ? Le conflit qui vire au drame humain n’est pas sans rappeler un autre drame récent dans le Maï Ndombe : le conflit Batende et Banunu à Yumbi, qui selon les Nations Unies, a fait autour de 530 morts et des milliers de déplacés. Attention au syndrome Yumbi. La paix communautaire est mise à dure épreuve. Il faut absolument arrêter l’hémorragie et comprendre ce qui s’est réellement passé afin d’apporter une paix durable entre ces communautés.

Face à la situation d’insécurité qui prévaut dans le territoire de Kwamouth dans la province du Mai-Ndombe depuis plus de deux semaines, le Gouvernement central de la République démocratique du Congo (RDC) décide de dépêcher une délégation sur place. Cela pour faire un état de lieu du conflit communautaire entre les Teke et les Yaka qui prend de plus en plus des proportions inquiétantes, avec des bilans par épisode très abyssaux.

Pour la seule journée de vendredi 19 août, les affrontements entre les deux  peuples ont fait au moins 15 morts selon la presse dans la province, des blessés, des maisons, boutiques et pharmacies pillées puis incendiées. Il s’est aussi signalé la mort par décapitation d’un chef local est son épouse dans le village Masiakwa.

Cette annonce de la mission gouvernementale a été faite par le Premier ministre Sama Lukonde, dans sa communication à la 65e réunion du Conseil des Ministres de ce vendredi 19 août 2022 tenue en présidentiel dans la cité de l’Union africaine, présidée par le chef de l’État Félix Tshisekedi.

« Le Premier Ministre s’est penché sur la situation sécuritaire dans la province du Maï-Ndombe, dans le territoire de Kwamouth, consécutive aux affrontements entre les communautés ethniques Teke et Yaka. Face à la dégradation de la situation, il a annoncé l’envoi sur place d’une mission gouvernementale pour faire l’état des lieux de la situation sécuritaire et humanitaire en vue de prendre des mesures supplémentaires qui s’imposent », a signalé le Ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya dans son compte rendu sanctionnant cette réunion de l’Exécutif national.  En revanche, aucune date n’a été donnée, encore mois la taille de cette délégation. Le chef du Gouvernement a réitéré, au nom de son équipe, «sa compassion et sa solidarité aux populations touchées par ces violences » qui endeuillent les familles à Mayi Ndombe.

 

 

 

C’est le Vice-Premier ministre, Ministre de l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières qui a donné plus des détails en ce qui concerne cette mission, c’était hier dimanche 21 août sur les ondes de la Radio Onusienne. Il a indiqué que cette mission se rendra à Kwamouth dès le début de semaine

Il a profité de cette occasion pour répondre à ceux des congolais qui pensent que le Gouvernement  de la République est silencieux face à ce drame ethnique qui sévit à Mai-Ndombe. Selon lui, le travail est fait au niveau des autres services de l’Etat sur place, car, avance-t-il, il s’agit d’un conflit tribalo-ethnique.

«  Le gouvernement de la République a ses branches : il y a le gouvernement provincial, il y a tous les services de l’Etat. Il n’est pas dit que lorsqu’un problème se pose quelque part, il faut nécessairement que le Président de la République ou le Premier ministre n’agisse. Nous avons l’armée, la police, les services de renseignement et de sécurité. Mais qui vous fait croire qu’Il y a silence. Au niveau des institutions de la province et au niveau des autres services de l’Etat, le travail est en train de se faire pour que tout ce qui serait à la base de ces affrontements cesse », a déclaré le VPM Daniel Aselo.

Sur place, la Gouverneure de la province touchée de Maï Ndombe et nouvellement investie, Rita Bola s’était faite annoncée hier dimanche 21 août à Kwamouth qui est aujourd’hui le théâtre de ce conflit. Pour elle, sa mission principale est de tenter une réconciliation entre les peuples Teke et Yaka.

Par ailleurs, l’autorité politico-administrative provinciale a également annoncé le déploiement de 200 éléments des  Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans ce territoire pour rétablir la paix, mais aussi l’autorité de l’Etat dans ce coin du pays qui fait face à des affrontements interethniques. «Le gouvernement central vient de nous appuyer avec l’armée qui est déjà sur place à Kwamouth. Il y avait déjà la police fluviale et maintenant, nous avons toute une armée de plus de 200 personnes. La population peut se rassurer qu’elle est en sécurité » a-t-elle fait savoir à la presse.

C’est un conflit né des mal-entendus entre ceux qui se considèrent comme originaires Teke et les non originaires les Yaka. Au départ, la cause était le désaccord sur les redevances coutumières notamment sur la quantité d’obligation à verser aux autorités locales Teke par les non originaires qui sont les Yaka. Par après, des nouvelles accusations ont été portées par les Yaka contre les Teke, faisant état d’une imposition de renouvellement des contrats de vente des espaces forestiers chaque 5 ans, une accusation que les Teke rejettent en bloc. Il y a aussi à noter des conflits du pouvoir lié aux faits que les originaires pointent un doigt accusateur les Yaka d’installer, dans certains coins, les chefs qui ne sont pas autochtones.

Fiston Oleko

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