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Préservation et protection de l’environnement : Combien faut-il payer par an pour sauver la forêt du bassin du Congo ?

La forêt du bassin du Congo séquestre plus de CO2 que celles d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est réunies. Elle constitue le plus important puits de carbone tropical. Et pourtant, les financements mobilisés pour sauver ce poumon du monde menacé par la déforestation demeurent dérisoires. Selon un rapport publié en cette fin d’année par le think tank indépendant Center for Global Development, la valeur du carbone séquestré par la forêt du bassin du Congo s’élève à 30 milliards de dollars par an. Ce rapport intitulé « Combien le monde devrait-il payer pour l’élimination du carbone dans la forêt du Congo ? » précise que cette estimation a été obtenue en multipliant la quantité de carbone séquestrée par ce deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne en termes de superficie, par la valeur sociale du carbone (une notion qui désigne tous les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux potentiels de la non-émission de carbone dans l’atmosphère).

D’après les estimations de Center for Global Development, la forêt du bassin du Congo qui s’étend sur une surface totale de 298 millions d’hectares répartis dans six pays (Cameroun, République centrafricaine, RDC, Guinée équatoriale, Gabon et République du Congo) absorbe environ 600 mégatonnes de CO2 chaque année (1 mégatonne = 1 million de tonnes). La valeur sociale du carbone a été, quant à elle, évaluée à 50 dollars par tonne en 2020 par le Groupe de travail inter-agences américain sur le coût social des gaz à effet de serre (US Interagency Working Group on Social Cost of Greenhouse Gases), dont les calculs font autorité dans ce domaine.

De plus, le rapport rappelle que les forêts constituent des « puits » de dioxyde de carbone si elles absorbent davantage de dioxyde de carbone dans l’atmosphère qu’elles n’en rejettent. La photosynthèse est le mécanisme qui contribue à l’absorption du dioxyde de carbone de l’atmosphère. Le CO2 est stocké dans la biomasse forestière (troncs, les branches, les racines et les feuilles), dans la matière organique morte (litière et bois mort) et dans les sols. Ce processus d’absorption et de dépôt de dioxyde de carbone est connu sous le nom de séquestration du carbone.

La valeur du carbone absorbée par la forêt du bassin du Congo aurait pu atteindre à 55 milliards de dollars par an, si cet écosystème particulier n’avait pas été durement touché par la déforestation. Ce montant équivaut à 36 % du PIB des six pays sur lesquels s’étend la forêt.

Des niveaux de financement très limités

Liée à diverses activités humaines comme l’exploitation forestière non durable et les activités extractives, la déforestation entraîne à la fois une diminution de la capacité des forêts à séquestrer le carbone et à une libération d’importantes quantités de CO2 déjà stockées. Quoi qu’il en soit, la forêt du Bassin du Congo absorbe désormais plus de carbone que celles d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est réunies et constitue ainsi le plus important puits de carbone tropical. Ce cœur vert de l’Afrique absorbe 1,1 gigatonne de carbone (1 gigatonne = 1 milliard de tonnes) par an et n’en libère que 530 mégatonnes. Il séquestre ainsi quelque 600 mégatonnes de CO2 chaque année.

Les forêts d’Asie du Sud Est ne représentent plus un puits de carbone puisqu’elles émettent depuis plusieurs années plus de carbone qu’elles n’en séquestrent (1,6 gigatonne de CO2 émise contre 1,1 gigatonne absorbée par an). La forêt d’Amazonie risque, elle aussi, de passer de statut de puits de carbone à celui d’une source nette de carbone si la déforestation continue à y augmenter durant les prochaines années. Cette forêt séquestre 1,2 gigatonne de carbone et en rejette 1,1 gigatonne par an.

Le rapport note d’autre part que la valeur nette élevée du carbone séquestré par la forêt du bassin du Congo contraste avec les niveaux de financements mobilisés pour sauver ce poumon vert de la planète, de plus en plus menacé. Le niveau moyen des financements destinés à la protection de l’ensemble des forêts africaines dans le cadre de l’aide publique au développement s’est établi à 170 millions de dollars par an durant la décennie 2011-2020. Ce niveau est plus de 150 fois inférieur à la valeur du carbone capté par la forêt du bassin du Congo. Les montants mobilisés par le secteur privé pour la préservation des forêts à l’échelle mondiale se sont, quant à eux, situés à 100 millions de dollars par an entre 2012 et 2020. Un tiers seulement de ce montant était destiné au continent africain.

« Avec ces niveaux de financement limités, il n’est pas surprenant les que les six pays dont les territoires abritent une partie de la forêt du bassin du Congo continuent à chercher des opportunités économiques qui impliquent la déforestation », déplorent les auteurs du rapport, tout en appelant à renforcer le financement public international accordé à ces pays qui, en préservant leurs forêts, rendent un service vital au monde entier.

Djodjo Mulamba

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