Politique

Course à la présidentielle 2018 : La saga Katumbi à Kasumbalesa

Retours au pays très mouvementés. Après Jean-Pierre Bemba Gombo, leader du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), c’est le tour de Moïse Katumbi Chapwe, patron de ‘’Ensemble pour le Changement’’ d’annoncer son retour au pays de ses ancêtres. « Si ce n’est pas par les airs, alors ça ne sera que pas la route », foi de Moïse Katumbi Chapwe qui a tenté en vain, le vendredi 3 août 2018, de rentrer en République Démocratique du Congo via le poste frontalier de Kasumbalesa (RDC-Zambie). L’avion de l’opposant, faute d’autorisation des autorités pour à la fois survoler l’espace aérien congolais et atterrir à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, a finalement atterri à Ndola, en Zambie. « Le gouvernement Zambien vient de signifier officiellement au Président le refus de Kinshasa de le laisser rentrer au pays », a écrit Olivier Kamitatu sur son compte twitter. Avant de se poser la question : « A-t-on déjà vu un gouvernement interdire à un soi-disant fugitif de se rendre ? ». Soucieux de voir leur leader participer à la présidentielle prévue le 23 décembre prochain, une forte délégation de la plateforme électorale ‘’Ensemble pour le Changement’’, conduite par son Secrétaire général Delly Sessanga dans la capitale cuprifère, a sollicité, le samedi 4 août, l’intervention du gouverneur de province, Célestin Pande Kapopo, afin que celui-ci facilite l’accès à la frontière de Kasumbalesa au dernier gouverneur du Katanga avant son démembrement. Malgré les échanges entre les deux parties, la rencontre n’a accouché que d’une souris. Pas de solution trouvée.

Très ouvert au dialogue et en homme épris de paix, le gouverneur du Haut-Katanga a recommandé aux cadres de ‘’Ensemble’’ de consulter le gouvernement central pour ce problème. « La gestion des frontières ou de service de migration ne relève pas de ses compétences », a précisé un juriste qui a requis l’anonymat à Géopolis Hebdo. Autorisation ou pas, Moïse Katumbi risque d’être arrêté s’il ose franchir la frontière. Confirmation avec le locataire du Palais de la Justice.

« Le PGR a émis un mandat de prise de corps, c’est-à-dire, un ordre d’arrestation depuis la semaine dernière. Il a été envoyé à toutes les frontières. Il y a un jugement qui avait été rendu il y a deux ans par un Tribunal de Lubumbashi qui le condamnait à trois ans (Ndlr : de prison ferme) avec arrestation immédiate. C’est sur base de ce jugement là, pas d’autres affaires. », a déclaré Alexis Thambwe Mwamba à la RFI, captée récemment à Kinshasa.
Mais Moïse Katumbi a fait appel à ce jugement. Et l’ACAJ (Association Congolaise d’Accès à la Justice) dit que dans ce cas-là, l’appel est suspensif ? A cette question, le ministre de la Justice a répondu en ces termes : « Le code de procédure pénale que nous avons hérité de la Belgique et que nous n’avons pas changé est très clair. Lorsque vous êtes condamné avec arrestation immédiate, si vous êtes dans la salle, on vous amène en prison. C’est le juge d’appel qui prend la décision contraire. Lorsque vous n’êtes pas dans la salle, la première fois qu’on vous voit sur le territoire national, on vous arrête et puis, on attend la décision du juge d’appel. C’est ça qu’on fait pour tout le monde ».

Mais ces partisans parlent plutôt d’acharnement politique ? « Ça, c’est un langage des partisans. Tous les partisans du monde diront, tiendront ce même discours. Ça c’est clair. », pense l’homme d’Etat congolais. Quant à sa demande d’atterrir à Lubumbashi, Thambwe Mwamba a précisé également que l’Autorité de l’Aviation Civile (AAC) n’a jamais reçue sa demande de survol et d’atterrissage à l’aéroport international de la Luano.

La présence de Katumbi dans les environs paralyse les activités économiques à Kasumbalesa

Dans leur dernier communiqué conjoint, sept ONG de défense des droits de l’Homme – Association Congolaise d’Accès à la Justice (ACAJ), Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH), Association Africaine de défense des Droits de l’Homme, Section du Katanga ASADHO-KAT, Centre des Droits de l’Homme et Droit international Humanitaire (CDH), Humanisme et Droit Humain (HDH), Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), et JUSTICIA AS- ont condamné la fermeture du poste frontalier de Kasumbalesa (RDC-Zambie), « dans le seul but d’empêcher à Moïse Katumbi Chapwe de rentrer dans son pays ». Cet acte non justifié, soulignent-elles, porte atteinte à la liberté de mouvement, le droit de revenir dans le pays à ce dernier et aux milliers des congolais bloqués à la frontière. En plus, il occasionne, selon toujours ces ONG, des pertes commerciales énormes aux transporteurs et entreprises minières.

Pour rappel, depuis l’aube du vendredi 3 août 2018, la frontière entre la RDC et la Zambie a été de facto fermée, sans aucune décision administrative le justifiant. « Les agents des services d’immigration et des douanes ont désertés leurs bureaux, sur instruction qui serait venue verbalement de la ‘’ hiérarchie ‘’. Sont ainsi restés bloqués, des minerais à l’exportation, des citernes de carburant et autres marchandises importées, des bus et taxis de transport des personnes », annonce le site d’informations Election-net.com.

La saga Katumbi à Kasumbalesa nous rappelle une autre saga, celle de Moïse de la Bible : « Et l’Eternel dit à Moïse, mon fils, tu guideras ton peuple jusqu’à la frontière. Mais, tu n’entreras pas dans la terre promise. Et Moïse regarda la terre promise… de loin ».

Au moment où nous mettons sous presse cette information, Katumbi ainsi que toute sa délégation sont toujours bloqués en Zambie à 48 heures de la clôture des dossiers de candidature à la présidentielle 2018. « Moïse du Congo » va-t-il regarder la RDC de loin sans participer à la présidentielle ?

Aux dernières nouvelles, nous avons appris d’une source proche de ‘’Ensemble’’ que Moïse Katumbi va déposer sa candidature, via ses mandataires, au bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Qui vivra verra !

Dieudonné Buanali

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