En sport, le grand saut est une activité de grande puissance qui consiste à se lancer d’une hauteur appréciable vers un espace ouvert en ayant le pied attaché à une corde élastique qui permet que vous ne vous écrasiez pas en bas. Sport pour les grandes sensations, il est déconseillé aux cardiaques et autres personnes ayant des nerfs fragiles.
Par transposition en politique, le grand saut est cette décision que seuls peuvent prendre les hommes politiques par essence, qui consiste à jouer leur sort sur l’incertitude des réactions du peuple sans avoir au moment du saut la certitude de ce qui se passerait à l’arrivée.
Ils sont des hommes de foi, voire de conviction qui se disent défendre des causes nobles et qui sont capables des grands sauts. Plusieurs personnes, d’ailleurs la majorité des êtres humains ont développé l’instinct de survie et ne peuvent entrer dans l’étroit couloir de ceux qui sont rares et qui acceptent de confier leur sort aux choix des autres ; ce sont les hommes politiques de premier plan, les leaders qui prennent des risques.
Ils ne sont pas nombreux qui sont capables de cette perception de leur destin au travers de la multitude du peuple, et l’on peut retenir quelques-uns parmi les géants encore en activité dans le pays. Jean Pierre Bemba Gombo( article à lire à la page 4) a décidé de faire le grand saut vers l’inconnu en revenant au pays ce mercredi 1er aout , confiant son sort au destin, sinon aux décisions du peuple et des autorités. Faire le Grand Saut et voir des milliers des kinois venus l’accueillir et le consoler de cette traversée du désert, il fallait le faire et prendre la chose en mains.
Il est aussi vrai que la qualité du fil élastique dépendait de son niveau de négociation avec les forces de police et de sécurité pour qu’il y ait une coresponsabilité en cas de dérapage.
Vital Kamerhe,( article à lire dans les pages qui suivent) le président de l’UNC a aussi décidé de faire le Grand saut en organisant ce jour le Congrès de son parti avec sans doute l’idée d’obtenir de celui-ci une investiture pour la présidentielle de décembre prochain. Il va se donner les moyens d’aller encore vers le peuple solliciter le suffrage et attendre de celui-ci de lui montrer quelle route il devrait à l’avenir emprunter.
Pas loin de Kinshasa, un autre politique s’apprête à faire le grand saut c’est Moise Katumbi, (article à lire également dans les pages qui suivent) qui aux dernières nouvelles s’est annoncé au portillon de la RDCongo et veut se présenter aux prochaines élections en prenant la décision du grand saut qui, dans son cas, est d’abord le maillon judiciaire qu’il se doit de traverser pour obtenir le droit de faire dépendre son sort du choix des électeurs, il est ainsi comme tout politique tenu d’examiner les éléments de son entreprise avant de faire le grand saut.
Un autre grand saut si pas le plus important est celui que va réaliser le président Joseph Kabila (article dans les pages du journal) qui a décidé de confier le sort de son regroupement politique à celui qui sera choisi pour porter les couleurs du FCC, lui qui a assumé les grandes responsabilités de la Nation depuis dix-sept ans, il devrait selon la loi et ses propres engagements accepter de confier l’avenir politique de son action aux manettes institutionnelles d’une autre personne pour que celle-ci agisse et aille vers le peuple chercher les suffrages.
C’est un grand saut qui demande on se rend compte plusieurs précautions, car il ne s’agit pas que de démocratie et d’alternance, il y a dans ce saut, un sens de responsabilité sur le sort même de la Nation qui peut à tout moment basculer vers l’horreur si jamais celui qui en prend les manettes n’est pas un homme qualifié . Aux grands hommes les grands risques.
Adam Mwena Meji
