Politique

Enquête au PALU : Antoine Gizenga, le silence qui fait parler tout le monde

Au Parti Lumumbiste Unifié (PALU), tout le monde ou presque est d’avis de la crise qui mine cette formation politique à l’approche des élections. Dans la maison du patriarche Antoine Gizenga, l’on était habitué à la « disciple du parti ». Chaque fait et geste étaient l’objet d’une consultation des instances dirigeantes du parti. Mais depuis quelques temps, le PALU semble avoir été scindé en trois parties à l’approche des échéances électorales. Dans cette enquête réalisée par Géopolis Hebdo, il est établi que trois courant se disputent la gestion du parti en l’absence de la parole du patriarche, très affaibli par le poids de l’âge notamment.

En effet, depuis la signature de la charte du Front Commun pour le Congo (FCC) par des ministres membres du parti, les divisions internes ont refait surface. En signant la charte du FCC, Martin Kabwelulu, Lambert Matuku et Noël Botakile ont-ils reçu l’autorisation du chef du parti ? Sinon, pourquoi le Secrétaire général ou le Permanant n’ont-ils jamais communiqué sur la question ? Voici des questions auxquelles nous nous sommes intéressés.

Après nos différents entretiens dans et en dehors du parti, il fait état des graves fractures au sein du parti cinquantenaire. D’un côté, vous avez le groupe proche du FCC conduit par Martin Kabwelulu favorable à une nouvelle alliance formelle avec Joseph Kabila. L’autre groupe est essentiellement composé des caciques conduits par Adolphe Muzito plutôt proche de l’Opposition qui veut à tout prix en finir avec une Majorité présidentielle (MP) qui n’aurait tenu ses promesses. Et Lugi Gizenga dans tout ça ? L’homme semble écartelé d’une part, par ces deux courants et de l’autre, par une base du parti fidèle au patriarche.

Pour comprendre cette nébuleuse, nous avons tenté d’approcher les trois courants. Dans la première partie, nous avons livré la version de l’un des fidèles d’Adolphe Muzito. Dans cette deuxième partie, nous apportons le point de vue de l’un des gardiens du temple, Robert Ngambi.

Superviseur des communicateurs du PALU, Robert Ngambi ne croit pas à une crise au sein de son parti. Pour lui, le malaise né dans la foulée de la signature de la charte du FCC par Martin Kabwelulu et Lambert Matuku n’est que de courte durée. Ce haut cadre du PALU précise, en outre, qu’une décision prise par un Conseil des Ministres ne peut en aucun cas engager des formations politiques des signataires qui ne sont que des simples mandataires au Gouvernement. « Ceux qui l’ont signé, l’ont fait, peut-être, par solidarité gouvernementale et n’engagent en rien le PALU qui par ailleurs, n’a jamais pris une initiative de coaliser avec une autre formation politique », a-t-il souligné visiblement détendu.

Revenant sur les allégations d’une quelconque « bénédiction politique du patriarche Antoine Gizenga » faite aux signataires de la charte du FCC, Robert Ngambi souligne que la bénédiction du patriarche qui est en réalité un mandat politique au parti, ne pouvait pas se faire en catimini.

« Comme c’est une histoire qui doit engager tous les militants, cette décision ne pouvait pas se faire de manière verbale », fait remarquer le cadre du parti.

L’homme politique ne veut pas imputer le malaise au parti au silence des instances du parti, et particulièrement celui d’Antoine Gizenga. «  Le PALU ne réagit pas au sensationnel. Le moment venu, nous allons communiquer là-dessus ». A lui d’ajouter que les communications d’Antoine Gizenga sont des suites logiques des concertations en amont, de toutes les instances compétentes du parti.

Robert Ngambi ne veut pas se prononcer sur des sanctions à envisager contre les signataires de la charte du FCC. Il préfère avoir les éléments sur les motivations ayant poussé les signataires à apposer leurs signatures sur le document. Robert Ngambi refuse de parler de la crise au sein de leur formation politique. L’homme ne veut pas non plus opposer les personnalités du parti telles qu’Adolphe Muzito, Martin Kabwelulu ou encore Lugi Gizenga, qui sont régulièrement citées comme étant les meneurs des troupes au sein du parti.

Ngambi n’a pas hésité de rappeler que lors de la rencontre entre Antoine Gizenga et Joseph Kabila, le patriarche s’est fait accompagner par les deux signataires de la charte du FCC.

Faisant un lien entre cette audience et l’adhésion à la nouvelle plateforme électorale présidentielle, Robert Ngambi pense que Martin Kabwelulu et Lambert Matuku sont les rares membres du parti à n’avoir pas oublié la demande d’Antoine Gizenga à Joseph Kabila.

En rappelant, Robert Ngambi révèle que le Secrétaire général du PALU avait demandé à Joseph Kabila de lui rendre l’ascenseur en soutenant la candidature de son parti à la prochaine présidentielle conformément à l’Accord conclu entre les deux personnalités, d’abord en 2006 et en suite, en 2011.

Pour lui, Antoine Gizenga ne pouvait pas donc se contredire en si peu de temps pour accepter d’adhérer à une coalition qui a comme ambition de soutenir une candidature unique sur la base d’une option levée en Conseil des Ministres sans des consultations au préalables entres des formations politiques concernées.

Robert Ngambi souligne qu’Antoine Gizenga est toujours à l’attente de la promesse de Joseph Kabila de vouloir accéder à sa demande par écrit avant d’entreprendre une autre démarche quelconque.

« Nous sommes en train d’attendre cette lettre avant que nous puissions faire autre chose », a-t-il martelé. Ngambi a fait remarquer que la crise entre des personnalités au sein du parti ne pourrait en aucun cas emballer l’âme du PALU du reste composée des masses populaires disséminées à travers le pays.

« Le PALU n’est pas un parti des cadres mais plutôt des masses enseignées des années durant par Antoine Gizenga qui sont préparées pour résister à toutes manipulations », fait savoir Robert Ngambi avant d’ajouter : « vous pouvez manipuler les cadres, mais la masse restera toujours là pour pérenniser l’idéal de Gizenga pour le Congo ».

Concernant la possibilité d’une nouvelle alliance avec Joseph Kabila, Robert Ngambi fait remarquer qu’Antoine Gizenga ne pouvait pas se dédire sur ce qu’il n’a cessé de répéter à ses militants, à savoir, la volonté du PALU d’avoir un candidat Président de la République qui devrait être soutenu par la Majorité présidentielle (MP). Ce cadre du parti ne croit plus en une nouvelle alliance avec la MP qui ne consacrera pas le principe de la candidature de son parti à la prochaine présidentielle.

Jose-Junior Owawa

 

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