Le pays tout entier reste suspendu au discours annoncé du Président Joseph Kabila devant le congrès, discours sur lequel des boulevards entiers de spéculations sont déroulés. Tous ont une idée de ce que le chef de l’Etat va dire, une idée qui trouve racine dans les multiples espérances personnelles, au point que pour toutes ces catégories d’intelligence, le président devrait parler comme eux ils pensent, comme ils souhaitent, pourquoi pas dans le sens même de leurs intérêts respectifs. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest l’opinion est concentrée sur cette parole présidentielle qui intervient à quelques encablures de la date de l’ouverture des candidatures aux prochaines élections législatives et présidentielles. Que dira le Président ? Va-t-il donner son avis définitif sur ce qui va se passer alors que le pays fonctionne sur le modèle des textes et des accords ? Avec une classe politique divisée en familles politiques antagonistes dont les contradictions ne facilitent pas l’élaboration d’un enjeu national collectif, comment dans ces conditions laisser à la parole présidentielle le temps de jouer son rôle d’orientation sur la structuration des évènements ?
Quel que soit son contenu , quel que soit la nature immense des attentes partisanes qui pèsent sur lui, ce discours devant le Congrès a déjà gagné en historicité , il est déjà un véhicule des spéculations multiples et des paris les plus fous que seule la RDC peut produire , ce discours sur lequel certains veulent construire leur espérance et d’autres confirmer leur mauvaise foi, sera avant tout la parole du Président, la vision du Président , sa conviction intime en ces moments particuliers de notre histoire. Il ne sera pas le Président, le porte-parole d’une catégorie des personnes aussi puissantes soient elles, cette prise de parole sera un acte personnel de l’institution qu’est le Président de la République, une responsabilité que lui seul assume au pays, c’est pourquoi il est hasardeux de lui conférer à ce discours un quelconque format anticipatif, aussi grande que soit l’attente.
Le Président Parle car sa parole est rare et ses déclarations à compter sur les bouts des doigts , n’ayant pas l’habitude de produire régulièrement des discours fleuves comme on a eu l’habitude de le voir dans ce pays, il a à des rares occasions construit un mode opératoire de communication qui fait de la parole une denrée rare, c’est pourquoi ce qui va se passer ce jeudi au Palais du Peuple revêt toute son importance et mérite que l’on observe un silence attentif et que l’on patiente jusqu’ à la fin de celui-ci pour ouvrir le champ des spéculations , sinon des commentaires et l’on devine qu’ ils viendront de toute part même de ceux qui auront suivi le discours sans l’entendre ayant fait écho de leur propre sentiment en lieu et place de celui-ci . Des sujets qui peuvent attirer l’attention du Président sont nombreux, le choix qu’il fera d’aborder tel ou tel aspect de la réalité dépend uniquement de lui, et c’est cela aussi la démocratie, la capacité de prendre en compte la liberté de tous et de chacun, même celle du Président de la République. Silence : le Président parle.
Adam Mwena Meji
