Société

Participation politique des femmes en RDC : La réforme électorale de 2017 jugée fatale pour la gent féminine

Les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales organisées le 30 décembre 2018 par la Centrale Electorale (CENI) n’ont pas été marquées par des progrès significatifs pour la gent féminine. La participation politique des femmes reste toujours faible au pays de Félix Tshisekedi. « Malgré des années d’investissements nationaux et internationaux, la parité en République Démocratique du Congo (RDC) reste un agenda inachevé », a déclaré Nick Elebe ma Elebe, Directeur-pays de la Fondation Open Society Initiative for Southern Africa (OSISA), dans sa dernière tribune dont Géopolis Hebdo s’est procurée récemment une copie. En effet, sur un total de 485 députés nationaux proclamés élus provisoirement par la CENI, seules 50 femmes sont comptées (10,3%). La participation des femmes aux assemblées provinciales n’est guère plus reluisante, avec un taux généralement inférieur ou égal à 12 %. Sur 100 sénateurs élus pour les 108 sièges à pourvoir (Ndlr : Avant la désignation des 8 autres sénateurs à l’issue du scrutin à Yumbi (Maïndombe), Beni et Butembo, dans le Nord Kivu), 20 femmes avaient été retenues sur la liste provisoire des élus à la Chambre des sages. Par rapport aux années antérieures, leur nombre est passé de 5 à 20% au Sénat.

Comment peut-on expliquer la faible participation politique des femmes ? Selon les experts en Droit constitutionnel, deux facteurs immédiats, directement liés à la réforme électorale de 2017, pourraient expliquer cette situation : (1) L’introduction du seuil électoral a forcé les partis politiques à se coaliser. Ce qui semble s’être fait au détriment des candidatures féminines initialement positionnées sur les listes de leurs partis politiques respectifs ; (2) L’augmentation de la caution non remboursable pourrait être un facteur non négligeable.

 

La réforme électorale de 2017, note notre source, se serait donc faite sans une prise en compte rigoureuse de ses impacts potentiels sur la participation féminine, car à ce stade, ni la loi sur la parité, ni la loi électorale révisée en 2017 n’ont des dispositions suffisamment contraignantes en matière de parité.

Dans ce contexte, le volontarisme des partis et regroupements politiques doit nécessairement être questionné. Leur adhésion et contributions à l’égalité hommes-femmes, ainsi qu’à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, doivent l’être également. Le Gouvernement de la République, la CENI et la Société Civile, ne devraient plus hésiter à évaluer objectivement l’apport des partis politiques aux progrès de la parité, par exemple, en publiant des statistiques sur le nombre de femmes candidates par partis politiques. Ceci permettrait d’identifier les partis politiques progressistes et ceux qui marquent le pas.

Parmi les solutions proposées pour rectifier le tir, il y a en priorité : (1) La révision de la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre (SNVBG), ainsi que la Politique nationale genre (PNG) ; (2) Mettre en place les mécanismes de suivi prévus par la loi portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité, notamment le Conseil national du genre et de la parité, ainsi que du Comité interministériel relatif aux droits de la femme et la parité ; (3) Renforcer les capacités des agents électoraux sur les questions d’égalité hommes-femmes et enfin, (4) Promouvoir un recrutement pro-femmes au sein de la CENI, sans oublier l’évaluation en profondeur des conséquences de la réforme électorale de 2017 sur la participation politique des femmes afin d’impulser des rééquilibrages nécessaires, tout en réfléchissant aux modalités de mise en œuvre de la loi n° 08/005 du 10 juin 2008 portant financement public des partis politiques.

Il sied de rappeler que le Gouvernement Ilunkamba fait de la promotion du genre son cheval de bataille. Dans ce combat pour l’égalité de sexes, la RDC ne lutte pas seule. Plusieurs partenaires au développement l’appuient dans cette vision dont l’ONU-Femme et l’Ambassade du Canada.

Dieudonné Buanali

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