Non classé

Candidature unique de l’opposition ? Équation à multiples variables tendant vers l’impossible

A moins de 100 jours de l’élection présidentielle, il est venu le temps d’interroger les stratégies des uns et des autres pour scruter leurs voies d’accès au pouvoir suprême. Si au niveau de l’Union Sacrée pour la Nation (USN), la Majorité au pouvoir, les choses sont relativement claires avec les multiples déclarations en faveur du candidat investi, Félix Tshisekedi, par contre, au niveau de l’Opposition, nous assistons à un dépôt des plusieurs candidatures, tous voulant concourir à la magistrature suprême à une élection à un seul tour. Le gagnant sera le premier et non celui qui obtiendra la majorité. En prenant en compte que les différents publics visés par les États-majors, il apparaît clairement que deux camps s’affrontent pendant ce scrutin, à savoir : l’Opposition et la
Majorité.

Nous allons vers un éclatement des voix entre des groupes divergents aux visées contradictoires. Dans cette optique, comment l’Opposition espère l’emporter si certaines de ses voix seront réparties entre les candidats ayant la même vision ? Comment espère-t-elle gagner au travers d’un seul candidat quand on sait que les partis politiques au Congo atteignent difficilement 10 % ? Il suffit de regarder les résultats des élections passées pour se rendre compte qu’aucun parti en lui-même n’a eu plus de 50 députés si non grâce à des combinaisons politiques dignes des grands alchimistes.

Il n’existe théoriquement que la voie de la coalition à l’Opposition pour obtenir une majorité et ce, autour d’un candidat commun. Hélas, les évidences en politique sont suspectes car, les choses doivent être compliquées pour mériter l’attention de ces grands cerveaux. Quand bien même, ils se sont organisés autour du quarto pour revendiquer un certain nombre des dossiers, les 4 Leaders (Ndlr : Moïse Katumbi Chapwe, Martin Fayulu Madidi, Augustin Matata Ponyo et Delly Sessanga) sont désormais chacun dans sa propre paroisse s’adressant à ses supporteurs sans autre forme de procès.

Moïse Katumbi vient de boucler deux tournées au Kongo Central et dans le Tanganyika sans jamais évoquer cette question. Delly Sessanga a fait son rappel des troupes dans le Kasaï, se présentant comme le porteur du projet de la refondation de l’Etat. Et en aucun moment, il n’a laissé l’idée que cette démarche était essentielle. Matata Ponyo, Adolphe Muzito et bientôt le docteur Denis Mukwenge, tous ont décidé de se présenter en Homme Providentiel à ces élections.

Quand vous leur parlez, les opposants sont convaincus d’une chose, que le peuple est déçu et qu’il va sanctionner l’administration actuelle. Mais de quelle manière ? Quelles sont les voies de l’alternance ? Pour le moment, les offres sont celles-là. Le peuple même déçu doit choisir un seul des opposants pour lui donner la première place.

On peut comprendre que l’équation devient difficile d’autant plus que ce qui pouvait conduire à une candidature unique, ça aurait été l’existence d’un projet commun. Où est ce projet ? A la place, on remarque que l’élan majeur qui anime les leaders de l’Opposition est plus une affirmation de soi, une quête identitaire qui s’obtient par l’affirmation de sa liberté de postuler plutôt que par une véritable tactique de conquête du pouvoir.

Cette situation est générale dans beaucoup de pays africains mais ils arrivent à se démarquer car, ils ont préservé l’élection à deux tours. Ce système permet une sélection identitaire au premier tour et des alliances stratégiques au second. En République Démocratique du Congo (RDC), les législateurs ont laissé cet état des choses pour des raisons diverses mais aucune en rapport avec la promotion de la démocratie. Les choses étant telles qu’elles apparaissent, il ne reste qu’une chose à l’Opposition pour gagner, c’est de s’opposer non seulement au pouvoir mais aussi à d’autres candidats de la même Opposition. C’est le sauve qui peut qui pourrait lui maintenir une infime chance de gagner car, celui-là, il se serait attaqué au candidat du pouvoir mais aussi aux autres sans hésiter.

On peut déjà comprendre que cette tactique sera vraiment un massacre car, si tout le monde tire dans tous les sens, les dommages collatéraux seront immenses et catastrophiques. Il lui reste encore une chance de trouver son oiseau rare avant la campagne électorale et de pousser ceux qui auraient déjà déposé de désister en faveur de celui-là.

Les jours qui viennent doivent servir à l’Opposition de nourrir son offre alternative et de se préparer à affronter un adversaire coriace car, Félix Tshisekedi qui vient de l’Opposition est désormais pourvu d’une expérience d’homme d’État loin des fantasmes nés des revendications. Le peuple mérite une vraie élection, précédée d’un débat républicain entre des hommes rompus aux idées novatrices et pénétrés d’un sens élevé de responsabilité.

Adam Mwena Meji

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top