Economie

cause de la surexploitation minière : Un risque d’assèchement de la nappe phréatique guette la ville de Kolwezi

Perchée à près de 1 500 m sur le plateau de Manika, Kolwezi, chef-lieu de la richissime province du Lualaba, est un important centre de production minière de la République Démocratique du Congo (RDC). On y produit principalement depuis le début du vingtième siècle le cuivre, le cobalt et le zinc. La ville est aussi un centre bancaire et d’exploitation artisanale. C’est aussi le terminal de l’une des plus longues lignes électriques à haute-tension au monde, la Inga-Shaba (Kongo Central – Grand Katanga). En effet, dans la province du Lualaba, issue du dernier démembrement administratif, l’exploitation minière est la principale activité économique. Selon les données recueillies auprès du Cadastre Minier (CAMI) par Géopolis Hebdo, cette province enregistre environ 450 droits (titres) miniers et des carrières dont la plupart sont actifs. Des statistiques qui ont poussé certains observateurs analystes de l’économie congolaise et mandataires en mines et carrières de surnommer Kolwezi de ” capitale mondiale du cobalt ”, un des minerais stratégiques pour la transition énergétique. Seulement voilà, l’exploitation minière menace l’environnement de la ville de Kolwezi notamment la nappe phréatique.

” Aujourd’hui pour atteindre la nappe phréatique lors d’un forage au centre-ville de Kolwezi, il faut aller à plus de 100 mètres de profondeur « , faut savoir d’un air triste Shadrak Mukad, acteur de la société civile de Kolwezi, répondant aux questions du Magazine Le Guardia. Selon les témoignages recueillis par notre source,  » le quartier Musonoi est également touché par la carence d’eau dans la profondeur  ».

En effet, ces deux entités sont voisines du site minier de la Compagnie Minière de Musonoïe Global SAS (COMMUS) qui a battu le record de toutes les entreprises à capitaux chinois dans la rapidité de la mise en œuvre de son usine. A en croire la société civile de Kolwezi, c’est évident que l’exploitation de la mine à ciel ouvert de COMMUS impacte négativement sur les eaux souterraines. ” À ce jour, l’entreprise va chercher le cuivre et le cobalt à plus de 150 mètres sous la terre ”, explique encore Me Shadrak. Avant d’ajouter :  » L’entreprise COMMUS n’est pas seule au banc des accusés de la société civile de Kolwezi. Des dizaines d’autres entreprises minières exploitent des mines soit à ciel ouvert soit souterraines. Outre cela, l’exploitation artisanale se fait également à ciel ouvert. Même dans ces sites, il n’y a pas d’eau à 120 mètres de profondeur. Ainsi, le risque d’assèchement de la nappe phréatique guette la ville de Kolwezi  ».

Le professeur Banza Lubaba, responsable du centre de toxicologie, tire la sonnette d’alarme.  » Chaque fois qu’on arrive à une nappe, on doit vider l’eau pour éviter que la mine ne soit noyée. Ces eaux évacuées de la mine sont appelées les eaux d’exhaure. Et ces eaux-là sont renvoyées dans des rivières, des rivières vers le fleuve. Et pour le cas de la RDC, le fleuve renvoie l’eau vers l’océan Atlantique. Conséquence, les niveaux d’eau dans les nappes sont en train de diminuer. Donc ça va être un problème très sérieux dans l’avenir ”, a révélé le professeur Banza qui va même plus loin en affirmant :  » Il y a des signes qui ne trompent pas à Kolwezi. Certains grands arbres sèchent et pourtant leurs racines sont profondes  ».

” Presque en face du lac Kabongo, il y a des arbres qui commencent à sécher, notamment les eucalyptus. Dans cinq ou dix ans, la capitale mondiale du cobalt risque d’être confrontée à un problème d’eau. Cependant, cela dépend de la façon dont on est en train d’exploiter les minéraux ”, assure le professeur Banza Lubaba.

Que ce soit la société civile de Kolwezi ou les chercheurs, personne n’est d’avis que le pays doit arrêter l’exploitation minière. Néanmoins, tous estiment que la RDC devrait mieux gérer ce secteur pourtant vital pour son économie.

Actuellement considérée comme le coffre-fort des matières premières de la RDC, Kolwezi, comme nous l’avons dit ci-haut, est en tête des provinces du pays ayant le plus grand nombre d’entreprises minières et non de moindre. COMMUS SA by Zijin, Kisanfu Mining, Kamoto Copper Company (KCC), Compagnie de Traitement des Rejets de Kingamyambo, Kamoa Copper (ex African Minerals Barbados), Tenke Fungurume Mining (TFM), Compagnie Minière de Musonoi, La Minière de KALUKUNDI S.A (LAMIKAL S.A), Mutanda ya Mukonkota Mining (MUMI), Générale des Carrières et des Mines (GÉCAMINES SA) sont parmi les entreprises minières opérant dans la ville de Kolwezi.

Dieudonné Buanali

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