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Éditorial : Macron et les espoirs infondés

Voilà une visite qui suscite une controverse et des remous dans la société congolaise : l’arrivée prochaine du président Français en RDC. Emmanuel Macron sera à Kinshasa à partir du 4 mars. Bien avant son arrivée, le chef de l’État Français a déjà donné le la : « l’Unite, la souveraineté, l’intégrité du Congo ne se discutent pas. C’est notre position constante qui n’a pas changé », a déclaré le président français alors qu’il présentait à Paris, le nouveau partenariat Afrique-France.

Les autorités congolaises ont déjà rétorqué, disant que « les mots d’Emmanuel Macron ne suffisent pas ». Les autorités congolaises demandent « plus de fermeté » de la France vis-à-vis du Rwanda. Il y a quelques semaines pourtant, la France a demandé au Rwanda de « cesser tout soutien au M 23 ». En RDC, les autorités congolaises veulent que la France, membre permanent du Conseil de Sécurité initie des sanctions contre le Rwanda.

Macron doit se trouver la tête dans le tournis en ce moment, d’autant plus que, bien qu’il soit vraiment attendu des autorités, sa venue est rejetée par une partie des Congolais qui disent rien attendre du chef de l’État français.
En homme politique rompu aux principes de la diplomatie, il fera tout pour ne pas avoir des mots forts à l’égard du Rwanda. Il aura à cœur de jouer l’équilibriste entre deux États qui vont décortiquer son message pour réagir tout de suite à un passage de son message qui pourrait ne pas être conforme à l’attente de l’un ou de l’autre.

En réalité, Emmanuel Macron fera tout pour la forme. Sa préoccupation est ailleurs : comment consolider le pré-carré d’Afrique centrale et y renforcer les intérêts français alors que la chasse gardée française d’Afrique de l’Ouest est en proie à une forte concurrence Russe. La France fait face à une défiance historique en Afrique de l’Ouest. Cette vague menace de toucher fortement l’Afrique centrale, à travers par la Centrafrique.

Emmanuel Macron est donc préoccupé par cette urgence française. Il ne faut pas se bercer d’illusions. Chacun doit se poser la question de savoir pourquoi le chef de l’État Français a réuni les investisseurs de son pays avant de faire son voyage en Afrique centrale.
Une chose est sûre, les condamnations, s’il y en aura, ne seront qu’une façade, d’autant plus que dans leur for intérieur, les autorités françaises savent qu’autant elles ont besoin du Congo, pays francophone par excellence et marché pour des potentiels investisseurs français, autant elles ne voudront pas trop titiller les autorités de Kigali.

Pour les autorités Rwandaises, il est nécessaire de garder une sorte d’arrogance dans leur attitude face aux autorités françaises. C’est faire payer à la France ce qui est considéré comme son péché originel, commis en 1993- 1994 lorsque le Rwanda était dans le tourbillon de la guerre. La France a un peu la conscience liée de ce fait. Elle purge sa peine. Elle expie son péché d’antan.
La France est d’autant plus liée, qu’elle voit dans le Rwanda, dont l’armée est déployée au Mozambique pour combattre le terrorisme, un allié dans la lutte contre le djihad.
La France ne peut pas le clamer tout haut. Elle a des alliés au profit desquels elle est prête à fermer les yeux sur leurs écarts. Et ce n’est pas à Ndjamena qu’on peut contredire cette vérité.

Patrick Ilunga

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