Editorial

La légion minière saute sur Kolwezi

Il y a 40 ans exactement que les parachutistes français avaient sauté sur la ville minière pour la libérer de l’étau des ex-gendarmes katangais. Ils sont venus pour donner un coup de pouce au régime du Maréchal Mobutu à qui on avait reproché d’avoir un projet de raffinage du cuivre, projet appelé ‘’P2’’. Propulsée sur la scène internationale, la ville de Kolwezi a offert ainsi les secrets de son sous-sol au point qu’aujourd’hui en 2018, ce ne sont pas les militaires de la légion française mais ce sont plutôt des légions entières des miniers qui ont déboulé sur cette ville mythique pour la troisième Conférence Minière ayant pour thème « L’exploitation minière en République Démocratique du Congo face aux impératifs du développement durable des zones productrices : Apport, rôle et responsabilité de l’Etat, de l’industrie minière, de la Société Civile et des Communautés locales dans une synergie transparente », une rencontre de toute innocente apparence mais dont le défi n’est connu que des quelques participants.

Comment comprendre l’engouement de cette catégorie d’hommes et de femmes venus d’ailleurs pour ce morceau de terre situé dans la richissime province du Lualaba ? Pour comprendre cette situation, il faut considérer la place désormais centrale qu’ont prise les métaux rares aux noms savants tirés parfois du latin, des métaux stratégiques qui participent à la grande révolution du moment, la révolution énergétique et numérique.

Ils sont au cœur de la construction de la nouvelle société humaine. Ils peuvent produire une grande quantité d’énergie avec des quantités extrêmement petites et sont non polluantes. Parfois, ils accompagnent d’autres métaux lourds mais sont d’une extrême difficulté d’extraction. Si leur valeur est indéniable, il reste néanmoins la grave équation de leur approvisionnement.

Où les trouver, dans quelles contrées lointaines les dénicher ? C’est le lieu de comprendre l’importance d’une ville comme Kolwezi qui est à ce jour le plus grand coffre-fort des réserves mondiales du cobalt. 64,1 % des gisements sont ici et nulle part ailleurs. A partir de ce moment, on comprend comment des légions se forment pour littéralement sauter sur Kolwezi et aller, fouillant partout sans limites.

Des quartiers entiers sont désormais des chantiers où creuseurs artisanaux font la pelle. Des avenues disparaissent au profit de cette ruée vers le métal précieux. Ils sont partout les nouveaux explorateurs du sol et du sous-sol. Comment alors dans cet engouement ne pas sentir la nécessité de faire le point et d’interroger à la fois Kolwezi et le pays dans son entendement de cette ligne rouge déjà franchie ?

Les grands sont présents à cette Conférence, la troisième du genre, les petits aussi, les anonymes et les sans voix, tous veulent savoir quelle est la nouvelle route qui passe par Kolwezi et qui devrait constituer l’organe-clé du nouveau paradigme congolais ? En attendant des activités s’y tiennent et prennent le pas sur la révolution stratégique.

William- Albert Kalengay

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