Société

PCA à l’INPP, député national et président du G24-Jean-Marie Lukulasi : « la consommation de la drogue est le facteur aggravant du phénomène kuluna…il faut des centres de désintoxication »

Il lance ce lundi 10 avril un projet d’assainissement de la ville de Kinshasa

Au cours d’un entretien d’une quarantaine de minutes, le Président du Conseil d’Administration (PCA) de l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP), Jean-Marie Lukulasi a partagé avec Geopolis Forum sa vision et sa passion peu connues pour l’encadrement des jeunes et le développement économique du pays. Efficace et présent sur terrain, il mène une lutte acharnée contre le banditisme urbain communément appelé « kuluna » à travers son ONG Génération 24 (G24). Ce lundi 10 avril, Il va lancer un nouveau projet d’assainissement de la ville de Kinshasa. Dans cet entretien plein de vérité et de franchise, Jean-Marie Lukulasi a également évoqué son parcours professionnel. Un parcours marqué par beaucoup de courage et d’abnégations. Il est parti du poste de surveillant à celui du PCA aujourd’hui. Député national et cosociétaire de l’Union Sacrée pour la Nation (USN), le responsable numéro un de G24 reste confiant pour la victoire du président Félix Tshisekedi à la prochaine élection présidentielle et juge son bilan positif. Du reste, il suggère à l’Etat congolais de procéder à l’identification de tous les habitants, car aucun pays au monde n’est parvenu à développer, a-t-il soutenu, son économie sans recenser et identifier sa population.

Dans les lignes qui suivent, savourez l’intégralité de cette interview qui vous fait découvrir un acteur politique et social qui monte en puissance.

William Albert Kalengay (WAK)/ Monsieur Jean-Marie Lukulasi, vous êtes PCA à l’INPP. Depuis que vous avez pris vos fonctions, il y a un silence sidéral. Nous avons vu vos images dans certains coins du pays et partout où vous êtes allés mais vous n’avez rien dit. Dans vos habitudes, vous êtes quelqu’un qui annonce ses actions et programmes pour faire comprendre aux gens ce qui se passe. Pourquoi ce silence à l’INPP ?

Jean-Marie Lukulasi (JML)/ Je profite de cette occasion pour remercier le Chef de l’Etat qui qui m’a nommé à ce poste du PCA de l’INPP. Oui. J’ai gardé silence parce que quand on arrive dans un milieu, on l’étudie et on commence le travail. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai observé et j’ai commencé maintenant le travail.

WAK/ Mais en même temps et pendant que vous voulez observer, nous avons senti quelques frémissements comme s’il y avait un malaise au sein même de la direction générale de l’INPP. De quoi s’agit-il exactement ?

JML/ Il n’y a aucun problème entre nous. Entre le Directeur Général et le PCA de l’INPP, il n’y a aucun souci.

WAK/ Tout ce que vous avons entendu n’était que de la rumeur ?

JML/ Vous savez que tout ce qui est dit dans la presse, n’est pas forcément vrai.

WAK/ Mais il y a quand-même quelque chose mais vous ne voulez pas le dire. Vous devez avoir fait certainement quelque chose pour que la paix revienne

.JML/ Quand on est PCA, on doit toujours faire quelque chose pour que la paix revienne. Dans toute société, il y a toujours des petits soucis. Lorsqu’on est PCA, on se comporte comme un papa. Aujourd’hui, il n’y a aucun souci.

WAK/ Nous comprenons que vous avez accéder à des zones de sagesse qu’on demande aux hommes politiques. Néanmoins, l’INPP reste une des grandes structures qui forme la jeunesse. Qu’est-ce qui est fait aujourd’hui ?

JML/ Lorsque je suis arrivé sur place, j’ai pris langue avec les délégués syndicaux du personnel de l’INPP. Après, je me suis entretenu avec tous les responsables des directions et tous les agents de l’INPP. J’étais donc en face de plus d’une cinquantaine de personnes. J’ai beaucoup apprécié ce moment. Après cet exercice, nous sommes passé à l’étape de l’état des lieux de l’INPP. D’ailleurs, dans les tous prochains jours, nous irons à Kisangani et Goma pour faire toujours l’état des lieux. Comme on est à l’INPP, on doit aussi se former. Nous sommes allés à Dubaï où nous avons suivi une formation sur le top management. Et ça s’est bien passé. Il y a avait également le PCA de la SCTP,  ex-ONATRA. J’ai été parmi les meilleurs. Après Dubaï, nous allons voyager pour la Belgique dans quelques jours.

WAK/ Évidemment, lorsque vous êtes arrivé, vous avez commencé à tâter le terrain. Dernièrement, on vous a vu à Mbandaka pour l’inauguration d’un bâtiment. L’INPP a maintenant les bâtiments dans toute la république.

JML/ Vous savez que nous avons des partenaires fiables notamment l’Agence Japonaise Internationale pour le Développement (JICA), l’Agence Française pour le Développement (AFD), les allemands et les canadiens. A cette occasion, je me fais le devoir de remercier l’ancien Directeur Général de l’INPP, Thsikuya, qui a réalisé un travail très remarquable. Il a vraiment fait du bon boulot. Et aujourd’hui, nous poursuivons ce travail là. Toutefois, nous voudrions que l’Etat puisse nous appuyer.

WAK/ Mais normalement, l’INPP est inscrit dans les obligations des entrepreneurs. Donc, l’argent de l’INPP provient de la cotisation des entreprises. Est-ce que les entreprises ne cotisent pas ?

JML/ Dans le budget 2023, Il y a la part de cotisation des entreprises qui s’élève à 50 %. Et l’autre part, c’est l’Etat qui doit contribuer. Mais chose qui n’est pas faite. Aujourd’hui, l’INPP a la chance d’avoir un député à sa tête comme PCA. J’irai voir les ministres Aimé Boji et Nicolas Kazadi. Et je pense que ça ira.

WAK/ Dans l’opinion, l’INPP est une institution de préparation professionnelle mais c’est perçu aujourd’hui comme une école ordinaire. Pourquoi ?

JML/ Au départ, l’INPP n’est pas pour tout le monde. Il donne la formation aux professionnels. Il forme donc les travailleurs dans les entreprises pour améliorer leurs performances. Après, on forme tout ceux qui viennent s’inscrire.

WAK/ JML , vous êtes PCA. Mais on pense que vous êtes trop avec les politiques. Vous avez des entrées partout. On vous voit tantôt avec le président de la république, tantôt avec le premier ministre et le président du Sénat. Ce qui a même paralysé l’activité à l’INPP. On vous craint là bas.

JML/ Quand on a un PCA qui œuvre dans le social, c’est un plaisir énorme. Ma relation avec le Chef de l’Etat, c’est connu de tout le monde. C’est par mon travail que je suis connu par le Chef de l’Etat. Ce n’est pas étonnant de me voir avec lui. D’ailleurs, c’est le souhait de tout le monde d’être en bonne relation avec le Chef de l’Etat. C’était un rêve mais c’est devenu une réalité aujourd’hui de rencontrer le Chef de l’Etat mais c’est par mon travail. Vous savez bien que j’étais parmi les artisans du changement de la coalition FCC-CACH par USN.

WAK/ Monsieur Lukulasi, vous êtes un acteur du social. Vous-même vous venez de le dire. On ne peut pas parler de l’INPP sans parler de JML et on ne peut pas parler de JML sans parler de G24 et de kuluna. Aujourd’hui, on a même changé de commandant de la ville alors que le problème de kuluna est devenu insoluble et personne ne parvient à résoudre ce problème. Les kuluna sont devenu des forces mouvantes dans la ville. Pourquoi on a échoué à en finir ?

JML/ Vous savez qu’il n’y a aucun pays au monde qui a réussi à mettre définitivement fin à l’insécurité. J’ai une société de sécurité à Marseille en France. Vous savez qu’il y a mort d’homme à Marseille tous les deux jours. J’ai été aussi à Paris où l’insécurité n’est pas toujours maîtrisée. Si aux USA et en France, on n’arrive pas, je ne vois pas comment on pourra le faire ici en RDC.

WAK/ C’est un justificatif mais ça n’explique pas clairement les faits.

JML/ Personnellement, je ne suis pas de la police. J’ai une ONG qui récupère les gens qui disent qu’ils préfèrent être recrutés par G24 pour ne plus être Kuluna. G24 lutte aussi à son niveau contre le kuluna. On doit savoir faire la différence. Le problème de l’insécurité, c’est la police et l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Moi, je récupère et je passe à télé pour communiquer sur ceux qui viennent volontairement pour avoir avoir la couverture maladie et trouver du travail. Aujourd’hui, nous avons plus ou moins 5000 personnes. Donc, les gens peuvent comprendre que JML et G24 récupèrent les volontaires.

WAK/ Mais est-ce que vous travaillez avec la police ?

JML/ Oui. Au sein du G24, nous avons un service des renseignements. Nous avons même signé un partenariat avec la police. Pour votre gouverne,  j’ai fait envoyer quelqu’un à la prison de Makala Il y a  quelques jours passés. Donc, nous collaborons avec la police.  Mais il faut retenir que le problème de l’insécurité est une affaire de la police et G24 ne recrute que les volontaires. Des personnes qui décident d’arrêter le kuluna.

WAK/ Monsieur Lukulasi, c’est vrai que vous n’êtes pas la police mais vous restez un élu national. Alors, j’aimerai que nous entrons dans les causes. Pourquoi le kuluna est aujourd’hui plus fort qu’avant ?

JML/ Moi, j’ai commencé la lutte contre le kuluna en 2006. J’ai découvert que c’est la drogue qui détruit les jeunes qui font le kuluna. Quand on les recrutent, on fait d’abord la catégorisation et ensuite, on remarque que 80% de ces enfants sont des drogués. Alors, pour trouver la solution, il nous faut des centres de désintoxication. Chose que nous n’avons pas aujourd’hui. Avec G24, nous sommes entrain de pallier à cette situation. Par ailleurs, nous pensons aussi qu’il nous faut collaborer avec la population pour dénoncer tous ses hors-la-loi. Moi, je ne recrute pas aussi les gens par la force. Je vois les gens et leurs proposes le projet. Le Chef de l’Etat nous soutient. Son appui est matériel. G24 a un contrat avec le gouvernement central, puisque ces jeunes recrutés ont des salaires et bénéficient de la couverture médicale. Je le fais aussi avec des partenaires français.

WAK/ Ça signifie que vous êtes au four et au moulin. Ici, l’INPP. Là, le G24. En plus, le parlement. A Bruxelles, vous avez encore des entreprises.

JML/ Moi, par rapport aux lois (au parlement), je dis toujours que des lois existent dans ce pays. Au parlement, vous ne me verrez jamais monter sur la tribune pour parler. Vous me verrez plutôt sur terrain.

WAK/ Pourquoi êtes-vous allé au parlement ?

JML/ Je suis allé au parlement pour chercher l’argent afin de lutter contre le kuluna. En tant que député, je peux voir les ministres des finances et de la santé. Aujourd’hui avec G24, j’ai fait plus de 20 000 assurances maladies. Cette démarche a réussie parce que je suis député. Si je n’avais pas cette qualité, je ne pense pas que j’aurai gagné ce pari. Seul, je suis efficace. J’ai un partenariat dénommé Lisungi qui a joué un rôle important dans la prise en charge médicale de toutes ces personnes. Mais je n’en parle. Les gens veulent que je passe à la tribune pour parler de ça alors que je pose des actions concrètes sur terrain.

WAK/ Parlons un peu de ce projet que vous comptez lancer ce lundi. De quoi s’agit-il ?

JML/ Nous avons acheté des tricycles pour ramasser des déchets dans la ville de Kinshasa. Ça sera une surprise. Je garde ça encore pour moi.

WAK/ Vous savez que le problème de l’environnement est tout un cycle. Vous ne pouvez pas commencer à régler un problème avec une partie. Quand vous ramasser les déchets, vous allez les mettre où ?

JML/ Nous allons ramasser les bouteilles plastiques qui gênent la circulation de l’eau sur les rivières. Ce travail sera fait par les jeunes qui décident d’arrêter le kuluna. Nous avons déjà contacté la ministre de l’environnement, madame Êve Bazaïba. Nous irons à Kitonko pour déposer ces déchets.

WAK/ Parlez-nous un peu de la magie de l’énergie qui vous permet de se déployer comme ça. Vous devriez avoir quand-même de la méthode. Ici, la bonne pratique doit être diffusée. Quelle est la méthode Lukulasi pour que vous soyez présent et efficace sur plusieurs dossiers ?

JML/ Moi, j’ai eu la chance de travailler chez l’américain Mc Donald en France. Qu’est-ce que je faisais chez Mc Donald ? Au début, j’avais une entreprise de sécurité. Après une année et deux ans d’expertise, j’ai créé une entreprise de prestation de service. Je fournissais du personnel à Mc Donald : caissiers, manager polyvalent. En même temps, je travaillais dans des quartiers difficiles. Des quartiers où il y a une forte insécurité. Je remercie Mc Donald pour m’avoir accordé 28 ans d’expérience. J’ai obtenu plusieurs diplômes de top management.

WAK/ Honorable, vous avez dit que vous avez été un des acteurs majeurs de l’USN et de la majorité parlementaire avec le Prédisent Tshisekedi. Vous êtes donc un cosociétaire. Alors, j’aimerai que vous soyez franc et je sais que vous l’êtes. Quand vous regardez le bilan du Président Tshisekedi à la fin de son mandat, qu’est-ce que vous dites ?

JML/ Oui. Je suis un des artisans majeurs de l’USN. Après deux ans d’exercice du pouvoir par la coalition FCC-CACH, on a dit stop, car les choses ne marchaient pas comme il faut. Et on doit intervenir. C’est comme ça que nous avons eu le gouvernement Sama Lukonde. Aujourd’hui, nous avons Sama 2 avec un budget de 16 milliards $. Donc, nous avons changé un certain nombre des choses. Mais quand on améliore les choses, il faut que les mentalités de gens changent aussi. Chose qui est difficile aujourd’hui. Pour moi, le bilan est positif.

WAK/ Vous dites que le bilan est positif. Mais sur base de quelle réalisation ?

JML/ Pour moi, c’est d’abord le départ des gens qui détruisaient ce pays. Le FCC avait détruit tout le système du pays. Aujourd’hui, nous faisons le travail de la recomposition. C’est qui est un autre problème.

WAK/ Faire partir le FCC, c’est pour vous les politiciens. Alors, pour le peuple ?

JML/ Il fallait faire partir le mal. Et on commence à reconstruire.

WAK/ Mais ça fait deux ans depuis que le mal est parti et pourquoi vous avez la difficulté de citer quelques exemples ?

JML/ Aujourd’hui, tout celui qui gère, a perd de détourner. Le président a redynamisé l’Inspection Générale des Finances (IGF). Il y a de construction partout. Je donne l’exemple de ce qui se passe au quartier Kauka. Plusieurs routes ont été réhabilitée : kimwenza, bongolo et autres. Que chacun regarde dans son environnement pour voir ce qui a été fait. Et quand vous allez regarder, vous constaterez qu’on a fait quelque chose.

WAK/ Vous avez parlé de ce qui se fait. L’USN devrait quand-même avoir des faiblesses. Mais qu’est-ce qui ne se fait pas ?

JLM/ Pour faire développer le pays sur le plan économique, il faut recenser la population, car l’économie d’un pays marche avec l’identification de la population. Aujourd’hui, on ne sait même pas si on est à combien. Tant qu’on ne fera pas l’identification, l’économie ne marchera. Vous savez qu’en France, vous payez tous les frais juste avec votre carte d’identité. L’identification permet même de lutter contre l’insécurité. Et c’est ça notre souci.

WAK/ Est-ce que c’est faisable ?

JML/ Oui. Ça va aller. C’est possible de le faire. WAK/ Un autre aspect de cette USN, c’est la gestion de la guerre dans l’Est du pays. Comment voyez-vous cette gestion ? Est-ce que le Président est à même d’aller jusqu’au bout de ce processus ?

JML/ Le président Tshisekedi a eu le courage d’identifier le vrai problème de ce qui se passe dans l’est. Le problème d’insécurité, c’est Kagame et ses alliés. Et le Chef de l’Etat a cité tout haut le nom de Kagame comme agresseur de notre pays.

WAK/ Aujourd’hui, on reproche à notre leadership d’avoir cédé quelques territoires. On dit que le M23 se retire mais ce sont les étrangers qui occupent maintenant les zones cédées par les rebelles.

JML/ Aujourd’hui, la politique que mène le président de la république vise à trouver la solution à ce problème. Vous savez quand le président Mobutu a dit qu’il pouvait signer même un pacte avec le diable pour imposer la paix. C’est ce que nous sommes même en train de faire aujourd’hui pour mettre fin à cette guerre.

WAK/C’est-à-dire ?

JML/ Pour des raisons de sécurité, je ne peux pas tout détailler. Retenez que nous sommes sur la route pour trouver la solution à l’insécurité qui sévit dans la partie Est du pays.

WAK/ Vous demandez donc au peuple de croire à ce que vous faites.

JML/ Non. Pas de croire. Mais, il faut que chacun puisse aussi contribuer pour que la paix revienne. Ce n’est pas bien que les gens restent dans leur coin pour demander ce que vous faites. L’insécurité n’est pas seulement à l’Est mais aussi à Kinshasa.

WAK/ Si vous avez la maîtrise de ce qui se passe à l’Est, qu’est-ce qui se passe ici à côté à Kwamouth ? Pourq

uoi on n’arrive pas à maîtriser ça ?

JML/ L’insécurité est aujourd’hui généralisée. Nous sommes même au courant qu’il y a des kuluna qui sont instrumentalisés.

WAK / Avec ce que vous savez, ce qui se passe et ce qui se fera, comment vous justifiez le second mandat que le président Tshisekedi demande au peuple ?

JML/ Quand on a fait deux ans, on a vu quand-même que certaines choses ont commencé à marché. Et on continue à travailler. Dans le prochain mandat, le Président va encore améliorer les choses. Je vous informe que nous gagnerons ces élections. De plus, je pense qu’il faut donner la chance au président Tshisekedi qui est en train de reconstruire notre pays qui a été détruit pendant 18 par le FCC.

WAK/ Pour que le président Tshisekedi gagne les élections, est-ce qu’il faut des lois comme la loi Tshiani ?

JML/ Moi, je pense qu’il ne faut même pas parler des lois. Il faut plutôt avoir des gens qui sont déterminés à changer ce pays. Je vous donne mon exemple : je lutte contre le kuluna. Je fais des choses et vous ne me verrez jamais parler des lois. S’il faut évoquer la loi Tshiani, je pense que ce n’est pas discriminatoire parce qu’on parle du Président  de la république. On ne peut pas accepter d’avoir un étranger comme président dans ce pays, car on a subit des mauvaises choses dans le passé. Le président de la république est le top de top. Pour moi, il doit être congolais à 100%, car les étrangers nous ont toujours causés du tort. Essayons d’être ensemble pour dire qu’ils peuvent être ministre et non président de la république.

WAK/ Malgré vos 28 ans passés en Europe ?

JML/ Je vais vous dire une chose. Pour avoir une société de sécurité en Europe, il faut être un européen. En France, il faut être français.

WAK/ Comme vous, vous êtes de nationalité française ?

JML/ Non. Moi, j’ai ma carte de 10 ans. Mais ce sont mes enfants qui sont français. Ma femme et moi sommes des congolais. Nous disposons des cartes de résident de 10 ans. Je savais un jour que je ferai la politique et j’avais pris l’option de rester congolais. Je pense qu’il faut donner la chance au président Tshisekedi. Vous savez que lorsqu’on parle du Rwanda, il y a beaucoup de choses : il y a des Européens et  des américains.

WAK/ Aujourd’hui, vous avez été franc. Vous avez dit des choses sérieuses. Alors, lorsque vous regardez la population congolaise, vous constaterez que le plus grand problème que nous avons aujourd’hui, est l’encadrement des jeunes. C’est aussi le travail des jeunes. Et vous, vous faites une politique d’urgence ?

JML/ Non. Je ne fais pas une politique d’urgence. Je fais une politique participative. En RDC, on est plus de 80 millions d’habitants. Alors il faut que chacun apporte sa prière pour reconstruire le pays. Moi, je participe en luttant contre le kuluna. Aujourd’hui, j’ai encore créé un projet pour l’assainissement de la ville de Kinshasa. Voilà ma participation.

WAK/ C’est vrai que vous agissez pour aider les gens à Kinshasa. Mais le problème de kuluna est un problème national. C’est vrai qu’aussi vous demandez aux gens d’apporter leur aide là où ils peuvent le faire. Mais vous avez une expertise aujourd’hui. Pourquoi vous ne l’exportez pas à l’intérieur du pays ?

JML/ Dans le domaine de sécurité, il ne s’agit pas d’acheter le manioc et d’aller vendre le manioc. Si vous me demandez d’aller à l’Est du pays pour lutter contre le kuluna, je ne le ferai pas. Je dirai non. C’est un autre endroit que je ne connais pas. C’est pourquoi j’ai dit que tout congolais devra apporter sa pierre pour la construction du Congo. Je me sens à l’aise à Kisangani et Kongo-central. Je le fais partout où je me sens à l’aise. Aussi, j’ai toujours dit que la lutte contre l’insécurité ne s’improvise pas.

WAK/ Mais comment faire pour que le modèle Lukulasi s’exporte dans d’autres provinces ?

JML/ Aujourd’hui, nous avons l’accord du Chef de l’Etat pour encadrer les jeunes. Je pense que Je le ferai en étant à l’INPP comme PCA. Je pars en formation en Belgique. Au retour, nous allons faire une reunion avec le directeur général pour voir comment on peut encadrer les jeunes et lutter contre le phénomène kuluna en travaillant avec la structure de l’INPP.

WAK/ Le kuluna, c’est généralement constitué des jeunes garçons. Mais aujourd’hui, nous voyons des jeunes filles qui sont à l’intérieur de ces gangs de kuluna. Elle travaillent avec ce garçons pour abattre des gens. Qu’est-ce que vous pensez des jeunes filles ?

JML/ Le kuluna n’a pas de sexe de part sa définition et l’expérience que nous avons. Je vous ai dit qu’il y a 80 % des jeunes qui sont drogués. Dans ces 80 %, il y a des filles. Quand ils se droguent, ils commettent des bavures.

WAK/ Même les filles peuvent être éligibles à votre programme ?

JML/ Oui. Même les filles sont éligibles. D’ailleurs, dans un programme qu’on va mettre en place, on va devoir recruté 1200 jeunes. On aura besoin 600 filles et 600 garçons.

WAK/ Vous m’avez raconté une fois votre histoire qui est passionnante. Mais quand vous regardez vos débuts, que retenez-vous ?

JML/ Willy Kalengay, je me dis toujours que je suis fière de moi. J’ai été surveillant dans une école, l’ITC Diangenda. J’ai eu la chance d’être directeur de discipline à l’institut maman muilu. Je tiens à souligner que j’étais pompiste. Imaginez maintenant d’un surveillant de l’école à un PCA. J’ai une entreprise en France mais je n’en parle pas. Je parle de mes débuts. J’ai un parcours. J’ai été conseiller dans des ministères.

WAK/ Vous êtes beaucoup chanté par les musiciens. Vous êtes donc dans le show buzz. Et les gens ont comme l’impression que nous ne connaissais rien.

JML/ J’ai déjà suivi un des vos collègues dire que je n’ai jamais été à l’école primaire. Alors que j’étais conseiller au ministère de l’intérieur, ce collègue était chargé de communication. Moi, je pense que quand on s’exprime devant les gens, il faut chercher à se faire comprendre. C’est pourquoi je m’exprime tout le temps à lingala. Et les gens se permettent de dire que je n’ai pas étudié. Vous savez que je suis parmi le meilleurs des meilleurs patrons en France. Le responsable de Mc Donald en France est venu jusque chez nous à Kauka pour voir là où je dormais. Au moment où je vous parle, il y a mon frère qui gère mes contrats en France. Pour moi, le but n’est pas le français. Le plus important, c’est d’obtenir un travail. Je demande toujours aux jeunes gens de se battre pour trouver un bon travail. Et Dieu pourvoira.

WAK/ Votre enthousiasme et optimisme est contagieux. J’aimerai que vous puissiez contaminer les jeunes et vous adressez à notre population qui peut être désespérée du fait que le changement s’installe mais très lentement.

JML/ A la population kinoise, prenez-vous en charge. Dans la vie, il faut être courageux. Je vous donne mon exemple. Enfant né et grandi à Kauka. Surveillant, directeur de discipline, pompiste et aujourd’hui PCA. Donc, ne vous découragez pas. Ne comptez sur personne. Comptez sur vous-même. Aux jeunes, arrêtez le kuluna. Nous avons mis en place un projet d’assainissement de la ville. Venez à l’avenue université No 24 pour assainir nos rivières.

Propos recuellis  William Albert Kalengay

Texte reranscrit par Djodjo Mulamba

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top