La jeune démocratie qu’est la République Démocratique du Congo se prépare pour son quatrième cycle électoral. Le 26 novembre dernier, la Commission électorale nationale indépendante, CENI en sigle, a annoncé la date des prochaines élections. Son calendrier électoral nous apprend que ces élections auront lieu le mercredi 20 décembre 2023. Même si, la sortie du calendrier électoral est un soulagement quant au respect du délai constitutionnel, le processus électoral devra faire face à de nombreux défis.
Publié il y a moins de 5 mois, le calendrier électoral s’articule autour de la constitution du fichier électoral, de l’opération de réception et de traitement des candidatures aux scrutins directs et indirects, de l’organisation de ces scrutins ainsi que des activités de pérennisation du processus électoral. Malheureusement, plusieurs défis importants se dressent face à ce processus électoral : des défis temporels, logistiques, légaux, sanitaires, et enfin, et pas des moindres des défis sécuritaires menaçant la tenue d’élections à l’Est de la RDC.
Le défi temporel a été relevé, voire même critiqué par certains experts et membres de la société civile. Pour une population dépassant les 90 millions d’habitants, il n’y a que trois mois prévus pour l’identification et l’enrôlement des électeurs de toutes les provinces et des cinq pays étrangers participants au vote. Les congolaises habitant en Afrique du Sud, en Belgique, en France, au Canada et aux USA pourront donc voter en décembre 2023. La Ceni voit cette étape comme un projet pilote qui pourra être étendu à d’autres pays pour les élections de 2028.
Enfin, il est essentiel de revenir sur la situation sécuritaire à l’Est du pays, qui fait craindre une annulation des élections dans les régions qui sont sous violences armées. À la lecture de la presse de ces derniers mois, une multitude de groupes armés, dont le M23, sèment la terreur et son à la base de nombreux déplacements de population au Nord-Kivu. Le M23 voudrait contrôler la ville de Goma, carrefour stratégique à la frontière rwandaise et proche de l’Ouganda et a, dans cet objectif, lancé plusieurs offensives sur les villes de Rutshuru, Nyiragongo, Kibumba et Masisi pour encercler cette ville. L’armée nationale congolaise tente d’arrêter ces groupes armés et a reçu un soutien militaire de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE). En outre, la résurgence du M23 provoque de nouvelles tensions diplomatiques avec le pouvoir de Kigali, que le gouvernement congolais accuse de soutenir le M23.
Joseph Senda est Directeur des opérations à la CENI. Lors de son passage à Geopolis Télévision, il a réitéré l’engagement qu’a son institution à offrir à la population son 4e cycle électorale de plus belle des manières.
Déjà lors du scrutin présidentiel de 2018, les populations de Butembo, Beni et Yumbi n’avaient pas pu voter pour des raisons sanitaires et sécuritaires, ce qui avait provoqué de vives contestations dans les villes concernées et du côté de l’opposition. Malgré l’instabilité sécuritaire actuelle, le gouvernement de Tshisekedi a déclaré qu’il ne voudrait pas aboutir à un glissement des élections. Donc, pour que les élections aient lieu en décembre 2023 de manière inclusive et apaisée, il est primordial que le gouvernement ainsi que la Ceni prennent leurs responsabilités.
Aux niveaux économique, sécuritaire, sanitaire, politique et judiciaire, la RDC est un pays essoufflé par les crises à répétition, et un processus électoral démocratique, crédible, transparent et apaisé pourrait être une première impulsion vers la reconstruction d’une stabilité nationale. Pour autant, il ne faut pas croire que des élections crédibles permettront une évolution démocratique fondamentale, ce n’est qu’une des étapes vers la construction d’une démocratie. Une chose qui est sur, la tenue des élections dans le délai, est un engagement pris le chef de l’Etat, qui plus est, ne souffre encore d’aucune affirmation contraire. C’est un dossier à suivre.
Voldi Kengi
