Economie

RDC – contraste ou conjoncture économique ! : Alors que les réserves de change atteignent 5 milliards $, le CDFpoursuit sa dépréciation

Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) se vantent d’une montée considérable des réserves des devises étrangères dans la Banque Centrale du Congo (BCC). Lors de la dernière réunion du comité de conjoncture tenue ce 27 mars dernier présidée par le désormais ex-Premier Ministre Sama Lukonde, le Gouvernement congolais avait annoncé que ces réserves ont atteint la barre de 5,71 milliards de dollars américains contre 4.067 milliards de dollars américains en mars 2023.

Ces chiffres, à en croire le Ministre d’Etat en charge du Budget Aimé Boji Sangara, qui correspondent à 2,7 mois d’importations des biens et services, représentent une accumulation de plus d’un milliard USD sur une année. Ce qui veut réellement dire que la République démocratique du Congo a un matelas financier solide pour faire face à tous les chocs qui peuvent surgir, surtout sur le plan du taux de change.

De l’avis des théories classiques sur les réserves de change, elles sont des avoirs détenus par les Banques centrales ou les États en devises étrangères ou en or. Les réserves de change d’un pays lui permettent de disposer de liquidités suffisantes pour conduire des opérations de change ou faire face à un déficit de sa balance des paiements. Leur importance économique varie fortement selon la situation du pays.

En effet, une Banque centrale peut intervenir sur le marché des changes dans le but d’influencer le taux de change de sa monnaie en puisant dans ses réserves de change (avoirs en devises étrangères). Par exemple, si la  » Banque centrale du Congo  » vend une partie de ses réserves en dollars contre des francs congolais, cela conduit à une appréciation du franc congolais par rapport au dollar, explique les connaissances universelles disponibles en la matière.

Le franc congolais toujours en berne malgré la montée des devises

Le cas de la République démocratique du Congo est à lire avec beaucoup de délicatesses, car plusieurs éléments entrent en ligne de compte. Le constate est que malgré les 5, 71 milliards de dollars américains en réserve de change atteintes, le franc congolais ne cesse de se déprécier sur le marché financier. Actuellement 1 dollar américain se négocie entre 2750 FC ou 2 800 FC, avec les effets d’entraînement sur le marché des biens et services, par ricochet dans le panier de la ménagère.

Ce, malgré toutes les imaginations du gouvernement congolais pour essayer de juguler cette surchauffe. Lors de cette réunion du Comité de conjoncture du 27 mars évoquée ci-haut, le gouvernement a annoncé une autre mesure encourageant la dédollarisation pour impulser l’appréciation de la monnaie nationale. « On a épinglé certaines mesures urgentes qui s’imposent, notamment celles visant à inciter les consommateurs à utiliser de plus en plus le Franc congolais comme monnaie de préférence, notamment avec la mise à disposition des terminaux de paiement dans les supermarchés et dans les autres lieux de commerce pour permettre à ce que les consommateurs puissent utiliser le Franc congolais », avait indiqué en sus le Ministre d’Etat Aimé Boji. Une mesure adressée au patronat congolais qui peine à donner concrètement ses fruits sur terrain.

Selon l’économiste Gustave Cibangu, l’économie congolaise est atypique car, dit-il, il y a un développement accéléré du secteur informel. Il se passe que sur le marché de change nous avons deux compartiments : le marché de change officiel mais aussi le marché de change parallèle ce que nous appelons le marché noir. « Et c’est dans ce marché de change informel que beaucoup de transactions s’effectuent. Ce qui fait que les réserves de change ne doivent pas être consommées, ou soit la Banque centrale ne doit pas intervenir de manière spontanée où, à chaque fois lorsqu’il y a une petite tension sur le marché de change, parce que ces réserves de change sont épuisables. 5 milliards USD c’est autour de 2,7 mois d’importation, ce qui veut dire que si on consomme ces réservent de change de manière désordonnée, cela ne va pas permettre au pays de pouvoir résister dans les 2,7 mois qui viennent. Donc il faudrait que la Banque centrale intervienne de manière sage », suggère ce chercheur des questions économiques.

Pour résoudre définitivement cette problématique de la dépréciation grandissante de la monnaie nationale congolaise, le franc congolais, d’autres spécialistes en économie, à l’instar du professeur en économie, Nicot Omeonga, qui propose à l’Etat congolais d’encourager la production locale. Car ,explique-t-il, la monnaie est un bien comme d’autres biens et sa production devrait être fonction de la production, et non de la planche à billets comme c’est le cas de la République démocratique du Congo actuellement. Il a également appelé à la discipline budgétaire surtout au niveau des institutions du pays, une discipline qui doit se traduire par le bannissement des pratiques de dépassement budgétaire et de recours aux réserves de change à la Banque centrale pour effectuer certaines dépenses de consommation de l’Etat.

Pendant ce temps, ce choc de la dépréciation du franc congolais est plus ressenti par les congolais lambda, les gagne petit qui ne fonctionne qu’en la monnaie locale. Face à cette situation, ils ne savent pas à quel saint se vouer. C’est l’une des épineuses problématiques auxquelles la nouvelle Première Ministre nommée ce lundi par le Chef de l’Etat va faire face, elle et son prochain Gouvernement.

Fiston Oleko

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