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Selon un rapport des experts de l’ONU : La violence en RDC a augmenté malgré l’intensification des opérations militaires

La situation sécuritaire en République démocratique du Congo s’est détériorée. Outre l’est du pays, où la violence est monnaie courante, l’ouest du pays a été marqué par des violences communautaires entre les membres des communautés Yaka et Teke. Le Groupe d’experts des Nations unies indique qu’il suit « avec inquiétude l’escalade de la violence » dans le territoire de Kwamouth, dans la province de Mai-Ndombe, à près de 300 kilomètres de Kinshasa.

Dans son rapport au Conseil de sécurité, le Groupe d’experts de l’ONU indique que dans l’est du pays, notamment au Nord-Kivu et en Ituri, les rebelles de l’ADF ont « continué à étendre leurs zones d’opérations et à attaquer les civils dans les territoires de Beni et Lubero, au Nord-Kivu, et dans le sud de l’Ituri. Les ADF ont utilisé des engins explosifs improvisés dans les zones urbaines, optant pour des attaques plus visibles menées par des réseaux bien établis. « Les ADF ont continué à opérer en petits groupes lançant des attaques simultanément sur plusieurs fronts ».
Le rapport souligne que la violence augmente malgré le maintien de l’application de l’état de siège, en vigueur depuis mai 2021 en Ituri et dans la province du Nord-Kivu. Le président Félix Tshisekedi avait décrété cette mesure exceptionnelle pour combattre les groupes armés dans ces provinces. Dans le cadre de cette mesure, les administrateurs et gouverneurs civils ont été remplacés par des administrateurs militaires et policiers.

Selon le rapport des experts, les violences ont continué « malgré les opérations militaires menées par les armées de la République démocratique du Congo » par les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF) et les forces de sécurité des Nations unies ».

« La quatrième phase de l’opération Shuja, en septembre 2022, a même entraîné une augmentation des attaques des ADF contre les civils en représailles, comme cela avait été observé par le passé », précisent les experts. Depuis le 30 novembre 2021, l’armée ougandaise a lancé une opération conjointe avec l’armée congolaise en Ituri et au Nord-Kivu pour traquer les rebelles ougandais des ADF qui ont un lien avec Da’esh.

Dans son bulletin Al-Naba de juin 2022, Da’esh a encouragé les recrues qui n’avaient pas réussi à rejoindre les champs de bataille du djihad ailleurs à se rendre dans ses provinces africaines. En novembre 2022, Da’esh a publié une vidéo de propagande de 20 minutes sur les ADF intitulée « La vie du jihad ». Cette vidéo montrait les activités des ADF, y compris une exécution mise en scène imitant Da’esh », indique le rapport.

Les terroristes qui résistent aux assauts de l’armée congolaise et ougandaise ont depuis juillet 2022 « ciblé la communauté hutu autour de Boga et Tchabi [ province d’Ituri, Est de la RDC], enlevant des centaines de civils et tuant certains d’entre eux, en représailles aux recrues hutus qui se sont rendues ou ont collaboré avec les FARDC depuis 2021. Les jeunes Hutus enlevés ont été recrutés de force par les ADF pour renforcer leurs rangs », selon le rapport des experts.
Les ADF sont intervenus dans le Nord-Kivu pour occasionner en août de cette année l’évasion de 800 prisonniers dont 400 à 600 avaient été pris de force dans les rangs des terroristes. « Le 6 septembre 2022, un garçon de 17 ans recruté par des collaborateurs des ADF a déposé un engin explosif improvisé devant le bureau de l’Agence nationale du renseignement (ANR) à Butembo. Quelques minutes plus tard, l’engin avait été activé… L’explosion avait blessé deux agents de l’ANR. Il s’agit de la première attaque impliquant un engin explosif improvisé visant une cible importante dans un environnement urbain », a déclaré l’expert de l’ONU.

Dans ce contexte de violence quotidienne, les rebelles du M 23 ont resurgi dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, posant un réel problème de sécurité qui a finalement détérioré les relations entre le Rwanda et la RDC.
Le Groupe d’experts dit avoir « trouvé des preuves substantielles attestant la violation de l’embargo sur les armes et du régime de sanctions, notamment
et l’intervention directe des forces de défense rwandaises sur le territoire de la
République démocratique du Congo, soit pour renforcer le M23/ARC soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui se cachent au Congo depuis leur défaite et fuite en 1994 au Rwanda.

L’escalade dans la région a fait que les FARDC et les RDF s’accusent mutuellement de bombardements transfrontaliers. « Le Groupe a documenté plusieurs incidents de bombardements touchant les territoires de la République démocratique du Congo et du Rwanda et tuant des civils et/ou endommageant des bâtiments et des infrastructures », lit-on dans le rapport.

Les combats entre le M 23 et les FARDC ont également impliqué la mission des Nations unies au Congo. Le 29 mars, « huit soldats de la paix ont été tués dans un accident d’hélicoptère causé par des tirs d’artillerie directs depuis une colline sous le contrôle du M23/ARC », indique le rapport des experts qui énumèrent différentes autres attaques telles qu’une attaque qui a eu lieu le 31 août 2022, un convoi de ravitaillement de l’ONU a été visé par des tirs, à environ 11 kilomètres au sud-est de la ville de Rutshuru.
ville de Rutshuru. « Plusieurs rapports indiquent que des éléments du M23/ARC étaient responsables de cette attaque. LE M23/ARC contrôlait la zone d’où est partie la fusillade le 31 août 2022 », entre autres. Les rebelles du M 23 qui ont conquis plusieurs villages dans le territoire de Rutshuru ont commencé à imposer des taxes aux piétons qui entrent et/ou sortent de la
République démocratique du Congo avec des marchandises à la frontière de Bunagana, générant des revenus importants. Par exemple, si l’on considère qu’à la mi-octobre 2022, environ 500 piétons transportant des marchandises traversaient quotidiennement la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, chacun payant environ 7 000 Sh (1,80 $), note le rapport.

La résurgence du M 23 a entraîné « la prolifération à l’échelle nationale de la xénophobie et de l’incitation à la violence, notamment contre les populations rwandophones perçues comme soutenant le M23/ARC, a conduit à des actes de violence, y compris des meurtres », ajoute le rapport.

Pour ce qui est des groupes armés locaux, les experts rapportent l’expansion des zones contrôlées par le groupe armé de Coopérative pour le développement du Congo (CODECO). « Les factions du CODECO
ont continué à étendre leurs zones de contrôle, attaquant souvent les civils et les FARDC. De son côté, le groupe armé Zaïre a accru son organisation et sa force, et a attaqué les forces de sécurité congolaises et les civils. Les factions de la CODECO et le Zaïre ont continué à se battre pour l’exploitation et le commerce de l’or, et à en tirer profit. Tous deux ont imposé des taxes sur les marchandises, les civils et les acteurs économiques. Certains éléments des FARDC ont continué à collaborer avec les groupes armés et ont bénéficié des activités d’exploitation de l’or », disent les experts.

La violence et la prolifération des groupes armés locaux et étrangers ont accéléré l’intervention des forces armées de la Région. Le 15 août, au Sud-Kivu, la Force de défense nationale du Burundi et les FARDC ont lancé des opérations conjointes contre le groupe armé burundais Red Tabara et les combattants Twirwaneho qui ont intentionnellement tué un soldat de la Monusco lors d’une attaque ciblée contre une base des Nations Unies à Minembwe.

Patrick Ilunga

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