TRANSPORT

Transports en commun et sécurité publique à Kinshasa : Les motocyclistes communément appelés Wewa sont-ils devenus des hors-la-loi ?

Ils roulent à contre-courant et à contre sens. Ils circulent même sur les artères interdites aux motos sans casques, sans plaques d’immatriculation, ni permis de conduire et autorisations de transport des personnes et des marchandises. Ils n’ont pas pour la plupart des papiers d’identité. Ils sont difficilement identifiables. Ils ne respectent pas le code de la route, surtout les passerelles et troitoirs réservés aux piétons. Ils sont à la base de nombreux accidents de circulation, vols et enlèvements. Ils se font justice au vu et au su de tout le monde en toute impunité même lorsqu’ils ont tord. Ils sont accusés de destruction méchante des véhicules d’autrui. Ils, ce sont les motocyclistes de la Ville-province de Kinshasa. Dans cette enquête de la rédaction de Géopolis Hebdo, loin de nous l’idée d’ignorer les bienfaits que ce gagne-pain a apporté socialement – en terme de mobilité et d’accès aux zones inaccessibles de la capitale congolaise – et économiquement à la société congolaise. Au-delà de ses mérites et reconnaissances, les Wewa font beaucoup de mal que de bien à la société congolaise.

En effet, les motards dans la ville de Kinshasa se comportent généralement comme des hors-la-loi. Ils sont auteurs de nombreux dérapages à travers la ville. Leur conduite déplorable et leur comportement qui laissent à désirer font l’objet des plaintes de plus d’un tiers des Kinois (Ndlr : Habitants de Kinshasa). Tenant compte de tous ces débordements, les autorités compétentes ont enfin décidé de prendre des mesures drastiques pour apporter plus d’ordre en ce qui concerne les motos-taxis. Depuis le 20 juillet dernier, après s’être entretenu avec les associations et les différents responsables des motocyclistes de la ville de Kinshasa, le gouverneur, Gentiny Ngobila Mbaka avait accordé à tous les motards un moratoire de 20 jours afin qu’ils se mettent en ordre avec tous les papiers au niveau du ministère provincial des Transports.

A ce jour, le delai déjà écroulé, plus aucune moto non en règle, y compris le motard, n’est autorisée à circuler dans la ville et surtout, à entrer dans la commune de la Gombe, sans plaque d’immatriculation, ni casques pour le conducteur ainsi que pour le passager. Une mesure qui tarde encore à se faire respecter par les motocyclistes, car jusque-là, nombreux parmi eux s’entêtent et continuent à sillonner comme bon leur semble. Pourquoi un tel entêtement alors que les décisions prises par les autorités semblent tout à fait logiques et visent à protéger la population et à ordonner la circulation routière à Kinshasa ?

Plusieurs motards encouragent la décision du gouverneur car ils estiment que cela apportera de l’ordre dans ce secteur dans les jours à venir : « Concernant la décision de l’Etat sur l’achat des plaques et le port de casques par des motards c’est une très bonne décision. Nous aussi motards nous devons contribuer à l’avancement de notre Etat. Acheter les plaques n’est pas une mauvaise chose car elle permet l’identification de tout motard à Kinshasa. Le secteur des motards avait beaucoup de désordre et les plaques d’immatriculation vont permettre en cas de problème de chercher dans le serveur le numéro d’immatriculation du motard qui aura commis un forfait. Je demande juste à l’Etat de donner plus de temps aux motards et je suis sûr et certain que tous les motards vont se procurer une plaque. » explique un conducteur taxi-moto de la capitale

A Kinshasa, il y a de ces motocyclistes qui se prennent pour des intouchables et de petits dieux. En cas d’accident, ils se font eux-mêmes justice en agissant comme des délinquants. L’événement produit il y a quelques semaines à Kingabwa devant le site touristique Aqua Splash où des motards ont incendié une jeep d’un particulier qui a connu un accident avec une moto, démontre que ces derniers ont atteint un niveau très élevé de dérapage et délinquance. A ce sujet, Ali Tshitakani, un motard n’est pas resté sans voix: « Il est vrai qu’il y a des motards qui se comportent mal sur la voie publique, il faut qu’on les reconnaisse mais il n’est pas bon de généraliser car il y a des motards qui se conduisent bien et sont exemplaires. À propos de la décision du gouverneur, je dirai que ces jours-ci nous sommes beaucoup dérangés par les policiers depuis la décision prise par le gouverneur. Les policiers ont raison de faire leur travail mais tout ce que je déplore ce qu’ils arrêtent même les motards qui ont leurs plaques et casques. Cela se fait au niveau de Kintambo magasin où nous hésitons parfois d’y aller à cause de toutes ces tracasseries,  » a-t-il dit devant notre micro.

Le commissaire provincial de la Police Nationale Congolaise a été instruit par l’hôtel de ville de Kinshasa de procéder au contrôle systématique des plaques d’immatriculation et port obligatoire des casques par les motards et leurs clients.  » Dès ce jeudi 11 août, il n’y aura plus de motos sans plaques dans la ville de Kinshasa. Une grande opération pour arrêter toute moto (taxi ou personnelle) non-identifiée sera lancée incessamment. Nous avons déjà la base légale qui est l’arrêté du gouverneur. La police sera déployée à travers toute la ville  », avait déclaré le patron de la police provinciale, le Général Sylvano Kasongo, une mesure qui tarde à s’appliquer.

La police est appelée à maintenir une très grande rigueur afin que l’on espère dans les prochains jours à un changement de comportement de la part des motards pour qu’il y ait moins de cas d’accidents graves causés par les motos dans la ville. Attention aux dérapages et aux bavures policières.

Damany Mujinga

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