Politique

Candidat à la présidentielle de 2023 Pour Rex Kazadi, seule une rupture nette peut freiner la dégradation générale en RD Congo

Il est un personnage connu depuis quelques années sur la scène de la diaspora où il fut parmi les leaders du mouvement « contre la distraction » qui a empêché les artistes musiciens de se produire en Europe. Pour eux cette action qui n’était pas contre la culture était en fait un moyen radical de sensibiliser d’une part la communauté nationale de l’urgence d’une lutte en réaction au génocide congolais qui se déroulait et d’autre part la communauté internationale au drame sur terrain. Déjà très célèbre en France où il faut encore adolescent parmi les têtes d’affiche de la jeunesse revendiquant plus de justice et de liberté. Il se fait découvrir en 2004 sur la scène politique congolaise quand il adhère à l’ARP qu’il va d’ailleurs quitter pour former son mouvement qu’il veut pragmatique le BPK (ba patriote ya Kongo). Rex Kazadi s’inscrivant dans une dynamique de changement radical a été très proche de la dixième rue et alors que l’on croyait qu’à l’avènement de la première alternance au pays il allait être de ceux qui auront la manette, on l’a vu encore prendre des distances. Aujourd’hui il revient sous l’ambition de briguer la magistrature suprême en décembre 2023. Père de sept enfants, Rex Kazadi a une vision claire du combat qu’ il veut mener pour les enfants du Congo et il revendique l’authenticité de sa volonté et de sa détermination de refonder le Congo en dépassant le cadre de la propagande stérile pour un changement radical et profond.

Questionnaire

Geopolis Hebdo : Vous êtes une figure emblématique de la diaspora congolaise connue comme un leader des combattants d’autre fois et subitement on entend que vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle ? Que s’est-il passé ?

Rex Kazadi : « Le combat des combattants était légitime, mais l’instauration d’un État de droit en République démocratique du Congo n’est toujours pas réalisée. Malheureusement, nous constatons que même ceux avec qui nous nous sommes battus contre le régime de Kabila font maintenant la même chose, voire pire. Face à cela, nous avons conclu que si nous ne prenons pas les choses en main, rien ne changera jamais. C’est pourquoi j’ai décidé de me présenter aux Congolais comme un véritable agent de changement. Je représente le changement, car contrairement à d’autres, nous n’avons pas changé. Notre combat demeure le même. »

Geopolis Hebdo : On sent un mélange de colère et de frustration dans votre démarche politique. C’est juste une impression ?

Rex Kazadi : « Évidemment, il est tout à fait normal d’éprouver de la colère et de la frustration. Ne ressentez-vous pas de la colère lorsque vous voyez ce qui se passe dans notre pays ? Et cela ne vous dérange-t-il pas que 200 millions soient dépensés pour divertir la galerie au Congo et promouvoir le français avec la francophonie, alors que notre pays est occupé par le M23 depuis un an ?

Le chef de l’État est à la tête du pays depuis 5 ans, et il n’a même jamais demandé une minute de silence pour les 8 millions de morts de notre pays. Pendant des années, nous avons été humiliés par le Rwanda pendant plus de 30 ans. N’est-ce pas frustrant de voir des gens mourir dans notre pays alors que la sécurité ne parvient même pas jusqu’à Kinshasa ?

Je me demande ce qu’il faut pour que vous soyez révolté ou frustré. Normalement, tous les Congolais, où qu’ils se trouvent, devraient être frustrés et révoltés. »

Geopolis Hebdo : En 2018 on vous a vu vous rapprocher de l’actuel leadership du pays et puis vous avez observé un silence jusqu’ à ce moment où comme un tsunami vous faites votre déclaration ?

Rex Kazadi : Nous avons combattu ensemble avant son accession au pouvoir, donc c’est mon grand frère. En tant que démocrate, je voulais voir ce dont il était capable après son élection. Nous l’avons laissé travailler, avons même encouragé et soutenu certaines de ses réformes dès les 100 premiers jours. Notre objectif n’était pas seulement d’être des acteurs du changement, mais de promouvoir le changement lui-même, peu importe qui l’incarne. Cependant, nous réalisons maintenant qu’il n’incarne pas le changement. Il représente la continuation du régime précédent, une version plus légère, sans les crimes, mais avec la même façon de gérer. »

Geopolis Hebdo : Sous quel label allez-vous déposer votre candidature ?
Quelle est l’essentiel de votre offre ?

Rex Kazadi : Je me présente en tant que candidat indépendant sous aucune bannière, sous aucune couleur à part celle du peuple congolais que je vais rassembler derrière mon projet. Mon projet puissant est de mettre l’homme congolais au centre de toute politique publique. Mon offre que je déclinerai au moment opportun sera le projet du congolais et du Congo.

Geopolis Hebdo : Se présenter à la présidentielle c’est signer le fait de posséder des réponses à des problématiques nationales comme la guerre qui sévit à l’est du pays. Quelle serait votre approche ?

Rex Kazadi : « Face à la guerre, ma réponse est la légitime défense du peuple congolais. Il est inacceptable de rester passif devant les violences, les crimes et la barbarie commis par le gouvernement rwandais ou ougandais à l’est de notre pays. Nous ne pouvons accepter que des roquettes soient tirées sur les avions militaires congolais sans réagir. Ainsi, la première action que je mettrais en place serait un audit de notre armée, une mobilisation générale et la mise en œuvre de tous les moyens économiques de l’État pour défendre notre nation.

Nous devons rééquiper, réformer et mobiliser nos forces pour protéger chaque centimètre de notre pays et ramener la guerre là où elle a commencé. Oui, il est nécessaire de faire la guerre au Rwanda. Tant que nous serons incapables de nous engager dans un conflit clair contre le Rwanda, nous continuerons à perdre des vies humaines. La guerre doit être menée contre le Rwanda. Voilà mon approche. »

Geopolis Hebdo : La RDC est au cœur de beaucoup d’enjeux économiques et géostratégiques qui font qu’il y a déjà près de trente ans que l’insécurité règne dans certains de ses territoires, quelle sera votre politique économique et sécuritaire ?

Rex Kazadi : « Mon projet politique repose sur 5 piliers : la sécurité, la justice, l’économie, la santé et l’éducation. L’objectif est de restaurer la sécurité et la justice dans notre pays afin de reconstruire et de préparer l’avenir de nos enfants.

Pour cela, nous devons également nous concentrer sur les priorités économiques telles que l’augmentation du pouvoir d’achat, qui favorisera la consommation et relancera notre économie. De plus, le développement économique de notre pays ne peut se faire sans des routes solides. J’ai également opté pour les centrales hydroélectriques, qui peuvent fournir de l’énergie à de nombreux villages à moindre coût. Avec les 2000 cours d’eau que nous avons, nous pouvons installer des centrales électriques partout. Bien sûr, il est également crucial de soutenir la construction d’Inga3 en mobilisant les ressources nécessaires. En attendant le soutien occidental, nous devons réunir les 15 chefs d’État qui bénéficieront de l’électrification dans leur pays et les encourager à investir dans ce projet. »

Geopolis Hebdo : Plusieurs membres de la diaspora ont soutenu la notion de double nationalité. Avec les infiltrations dont on parle. Etes-vous toujours pour cette réforme ?

Rex Kazadi : Je suis pour l’irrévocabilité de la nationalité congolaise. Un congolais est congolais quelle que soit sa double nationalité et doit le demeurer

Geopolis Hebdo : Certains congolais estiment que vous manquez de modestie en voulant directement commencer par la présidentielle et qu’il aurait été sage d’y aller doucement par les législatives ?

Rex Kazadi : « Il est vrai que j’ai manque de modestie concernant le Congo, je le vois grand. Travailler pour les intérêts de notre pays est un privilège et je crois être la personne la mieux placée pour incarner cette grandeur. Je dirais même que je me sens presque obligé de me présenter. Après 10 ans de lutte, nous ne nous sommes pas battus pour ce que nous voyons aujourd’hui. Les législatives ne m’intéressent pas, je souhaite diriger ce pays et le transformer complètement. Je compte effacer tout ce qui existe actuellement pour reconstruire quelque chose de nouveau, de fonctionnel. Dans la classe politique, je n’ai pas vu quelqu’un d’autre ayant cette volonté de refondation. »

Geopolis Hebdo : Avec qui êtes-vous dans ce combat ? Par le passé on a vu des gens sans parti sans alliances se payer grâce à l’argent un statut de candidat à la présidentielle ?

Rex Kazadi : « Les déçus du slogan creux ‘le peuple d’abord’ sont mes plus grands soutiens. J’invite également les Congolais qui croient au changement et à mon projet à me soutenir financièrement et autrement. Soyez rassuré, je mènerai une campagne sincère et je ne serai pas une candidature de façade. »

Geopolis hebdo : L’Occident se trouve avec l’Afrique dans un conflit de modèle au point que le modèle démocratique issu de la baule semble essoufflé. Comment allez-vous construire la nouvelle diplomatie ?

Rex Kazadi : Le problème du Congo n’est pas la diplomatie. C’est une erreur de pensée qui fait tourner nos dirigeants en rond depuis des années. Les maîtres du Congo sont les Congolais, donc ma préoccupation est de savoir comment améliorer le quotidien des Congolais plutôt que de satisfaire les besoins des autres. Je suis un homme poli, donc je sais dialoguer et discuter avec tout le monde de manière courtoise. Ce qui m’intéresse, ce sont les intérêts du Congo et ceux qui vont les défendre.

Geopolis Hebdo : De tous les différents projets qui sont présentés au peuple en quoi le vôtre est si spécifique pour qu’il ne soit porté que par vous ?

Rex Kazadi : Sur le papier, les différents candidats présenteront de beaux projets. Certains les défendront avec de belles paroles, un vocabulaire élégant et une présentation soignée. Même si, comme je te l’ai dit, aucun ne dira ouvertement qu’il souhaite faire disparaître tout ce qui existe. En réalité, la véritable différence se trouvera dans la personnalité, l’intégrité du projet et la sincérité des candidats. Je pense que le peuple percevra immédiatement ces différences à travers mes propos, ma personnalité et mon parcours, contrairement aux autres. Je ferai ce que je dis, ce qui me rend complètement différent de tous les autres candidats. »

Propos receuillis par WAK

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