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Carnet de route Arusha, là où la tragédie des Grands Lacs s’est écrite…

Lorsqu’un journaliste Congolais met ses pieds à Arusha en Tanzanie, il est fasciné par le caractère simple de la ville. Une bourgade qui a des airs de Lubumbashi, sa terre un peu rougeâtre, sa population joviale et dynamique. Mais pour les amoureux de la nature, c’est forcément une destination de choix: des espaces verts bien entretenus, un peu à la mode de Kolwezi ou Likasi des années 1980-1990; des montagnes célèbres étudiées par tous les africains, notamment le Kilimandjaro; des parcs animaliers qui font l’attraction de la ville

Cette ville dont la population est estimée à entre cinq cent mille et un million est un petit coin de la Tanzanie et pourtant elle est restée dans l’histoire, celle des Grands Lacs africains. C’est en effet ici qu’une partie de la tragique histoire des Grands Lacs à commencer à s’écrire.
Le 4 août 1993, dans la ville tanzanienne d’Arusha, le Rwanda semble enfin sortir du tunnel. Depuis le mois d’octobre 1990, une guerre oppose une rébellion armée venue de l’Ouganda, le Front patriotique rwandais (FPR), à l’armée du président Juvénal Habyarimana. Constitué principalement des descendants d’exilés tutsi ayant quitté le pays par vagues successives depuis un peu plus de 30 ans, en raison de la discrimination et des exactions dont ils étaient victimes. A Arusha, les négociations avancent. Les accords d’Arusha prennent corps. L’espoir d’une paix durable s’installe.
Le FPR revendique le retour dans leur pays des réfugiés ainsi que l’instauration au Rwanda de l’État de droit et d’un régime pluripartite, renonçant à l’ethnisme et à la discrimination ethnique. Mais lorsque la paix tant recherchée semble à portée de mains, un attentat contre l’avion des présidents Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira vient donner le coup de grâce au rêve de plusieurs. C’était le coup d’envoi du génocide rwandais de triste mémoire.
Les deux chefs d’État revenaient justement d’Arusha…
C’est donc ici que le rêve de paix au Rwanda entre Tutsi et hutu de s’est brisé, déchaînant des passions meurtrières dont l’onde de choc s’est terriblement ressenti au Zaïre, Congo. Aujourd’hui, 30 ans après, le rêve brisé de la paix, a installé un « enfer » dans une partie du Kivu.
Une partie du Kivu est passé du paradis à l’enfer, partant d’un chaos Rwandais qui a pris corps lorsque les négociations d’Arusha ont été brutalement arrêtées.
La suite, on la connait. Des réfugiés hutus se sont déversés en RDC alors Zaïre. Mobutu, mis au ban de la communauté internationale va profiter de la situation pour refaire son image auprès des occidentaux, en essayant de gérer à son avantage la question des réfugiés hutus. Le premier ministre de l’époque, Faustin Birindwa n’avait fait que subir les différentes décisions d’une communauté internationale apathique, trop pressée de lâcher cette patate chaude à un Zaïre déjà en déliquescence.

Les prévenances de Kengo Wa Dondo, qui a hérité du dossier, en juin 1994 n’avaient pas réussi à faire bouger les lignes, ni au HCR, ni à l’ONU. Le premier ministre avait néanmoins eu soin de dire au président Mobutu : cette affaire de réfugiés nous coûtera chère un jour. Depuis, des rébellions se succèdent, les groupes armés se sont multipliés, le pillage des ressources s’est accéléré, le Rwanda s’appuie indéfiniment sur la présence de hutus Rwandais en RDC pour justifier son agression contre la RDC, une bonne zone du l’est du Congo aujourd’hui ingérable et invivable…

Patrick Ilunga à Arusha

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