ECHOS DES PROVINCES

Carnet de voyage – Boende, terre de la résilience

Malgré les crises à répétition, les manques, les difficultés, certains congolais ont fait preuve de forte résilience et ont poussé en eux une forte énergie pour garder une stabilité. C’est le cas de la population de Boende, qui à chaque minute qui passe, développe, de manière accrue, le sens de faire face aux défis interminables et quotidien de la vie. Nous l’avons découverte lors de notre déplacement (du 27 sept. au 04 oct. 2023) de ce coin de la République démocratique du Congo pour des raisons professionnelles, d’où ce carnet de voyage.

Parler de Boende c’est parler de la capitale de la province de la Tsuapa, située au nord-ouest du pays. Avec sa superficie de 132,954 KM2, cette province créée en 2015 à la faveur de la décentralisation compte 6 territoires à savoir : Boende, Befale, Djolu, Ikela, Bokungu et Mokonto. Elle dirigée aujourd’hui par le Gouverneur Pancrace Bongo Nkoy.

Le climat à Tshuapa est Tropical et humide, avec des fortes précipitations. Son économie est alimentée par les secteurs de l’Agriculture qui ne contribue pas au PIB du pays vu son caractère informel; Petit élevage qui se fait en divagation; la pêche qui se fait traditionnellement; l’Exploitation forestière avec comme acteurs IFCO, Maniema Union 2…., le commerce en détail, mais aussi le tourisme, avec le parc de la Salonga.

Les populations de la ville Boande (348 Km2, Boende Territoire : 19 720 km2), le chef-lieu de cette province, ont mis en place de manière spontanée des mécanismes qui leur permet de répondre à leurs besoins existantiel, et ce dans tous les secteurs de la vie.
Cette ville est tout aussi jeune que la province de la Tshuapa. C’est pour la première fois d’ailleurs, grâce à un projet du gouvernement sous Félix Tshisekedi, qu’elle a accueilli un projet de construction de 10 Km de routes avec caniveaux. Ce qui a d’ailleurs arrêté les têtes d’érosion qui se créaient dans plusieurs coins, selon le pasteur responsable de l’Eglise de Réveil « Assemblée des saints » Boende, Ikofi Bokengele Bon.

Sur les routes, il n’ y a presque pas de véhicules, sauf ceux des institutions mais aussi de quelques personnalités originaires de ce coin. Les populations se déplacent grâce aux taxis-motos, vélos ou à pieds. Actuellement, le gouvernement central a expédié récemment 5 bus transco, qui suppléent aussi aux besoin de la mobilité, surtout pour de très longues distances. Un coup de génie.

A côté de ces problèmes d’infrastructures, il y a également la problématique de l’électricité qui se pose avec acuité. L’énergie de la SNEL ne passe plus il y près de deux mois après avoir été réhabilitée. Les  » Boendois » (habitants de Bien) ont développé une capacité énergétique, avec des sources alternatives comme les panaux solaires, les groupes électrogènes qui font tourner certains hôtels, terrasses, alimentent également certaines habitations.

Le centre ville n’a que 2 entrées de Kinshasa. Son aéroport qui est en réhabilitation depuis 2022, mais aussi son port sur la rivière Tshupa un peu nord. C’est pas ces canaux que la ville s’approvisionne en produits manufacturés venant de Kinshasa et Mbandaka. Pour s’approvisionner en viandes, poissons, et autres aliments bios, Boende centre est alimenté par un autre port sur la rivière Lomela, un peu au Sud, (plus ou moins 16 km).

Comment Boende a aussi fait la fortune du Roi Léopold 2

Boende fut le centre du développement de la colonisation en République démocratique du Congo. Ce territoire a contribué énormément à l’enrichissement du Roi Léopold 2, avec la culture de l’hévéa pour extraction du Caoutchouc, l’or blanc. A la fin du IXe siècle, le besoin de caoutchouc pour la fabrication des pneus avec le boom de l’industrie automobile s’est ressenti. Pour des motivations affairistes; le Roi, qui venait d’avoir sa colonie, a imposé les travaux forcés dans l’exploitation du Caoutchouc. Les populations du grand Équateur en général et Boende à Tshuapa en particulier ont payé le lourd tribut traduit par des mutilations et autres formes d’atrocités qui ont été infligées à ceux des indigènes qui n’arrivaient pas à remplir le quotas exigé.

Une économie du sang, dont les revenus ont permis à l’administration Belge de créér l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK) l’actuel Gecamines, mise en place par décret royal n° 1473/444 du 28 octobre 1906 du Roi Léopold II.

Aujourd’hui, le village Watsi, ( 26 Km de Boende Centre), où se trouvait le centre administratif de la Société congolaise de l’hévéa se trouve à l’abandon. Que des vestiges, les bâtisses où habitaient les agents mais aussi les cadres sont dans un piteux état, l’entreprise étant zaïrianisée dans les 70, le congolais Léon Engulu qui vient de décédé en février 2023, ayant hérité de la société, n’a pas pu la maintenir de suite aussi des différentes crises politico-securitaires (1997 notamment) que le pays a connu.

Mais ces atrocités que le colonisateur a fait subir aux indigènes dans ces plantations de l’hévéa ont fait émerger et solidifié cette résilience des populations de Boende.

Dans un tout autre registre, Boende connait actuellement un boom immobilier. Il est un fait de remarquer que les nouveaux bâtiments sont en train de sortir de terre. Le nombre d’auberges, de guest-houses ne cesse d’augmenter, ce qui traduit le fait que la ville est visitée mais aussi elle est en train de bouger.

Fiston Oleko

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