Economie

Climat des affaires en RDC : Les inquiétudes de Congo Gold

Les actionnaires principaux de Congo Gold Raffinerie, CGR en sigle, premier raffineur congolais d’or, ont décidé de prendre la parole pour informer l’opinion de ce que leur projet connaît comme déboire alors qu’il était à un jour de son lancement quand, par une lettre, la ministre des Mines, Antoinette N’Samba Kalambayi avait décidé de suspendre son agrément. Ils ont décidé de partager avec l’opinion publique les éléments essentiels de ce qui pourrait devenir une tragédie dans la politique économique de la République Démocratique du Congo (RDC) car, les autres investisseurs vont s’interroger de ce qu’ils vont devenir si celui qui est là subit une telle pression de découragement. Les deux associés ont décidé de jouer à la transparence et d’éluder aucune question surtout, celles qui fâchent. Karim Somji et Dieudonné Kasembo se sont prêtés aux questions de la presse et ce après avoir évacué les quelques éléments qui ont été signalés comme soubassement de la décision de la ministre des Mines. Le Gouvernement congolais a suspendu le droit de Congo Gold au motif d’appliquer une due diligence sur la personne de Karim Somji du fait que son nom apparaît dans un rapport des Nations-Unies concernant l’économie criminelle qui s’était installée à l’Est du pays.

En effet, Congo Gold reconnaît que le nom de son Administrateur est effectivement cité dans le rapport onusien mais celui de 2013. Entre-temps, les Nations-Unies et lui ont eu à collaborer pour lever les différents malentendus et pour preuve, le rapport de 2022 a réhabilité totalement Karim Somji et va plus loin en intégrant le projet Congo Gold comme un projet structurant. Les Nations-Unies ont même formulé des recommandations s’agissant du nécessaire contrôle par la société de sa filière d’approvisionnement pour éviter de l’or de sang. Pour lui, il n’y a aucune raison que l’on puisse évoquer ce rapport de 2013 pour freiner ce projet. Quant à Dieudonné Kasembo Nyembo qui a 50 % des parts de cette société, il est indigne d’entendre que l’on puisse le traiter de couverture sur ce projet comme s’il n’avait pas d’épaisseur économique : «Cela fait plus de trente ans que je me suis lancé dans le Business et à ce jour, je ne peux accepter que l’on fasse fi de ce parcours qui a permis que GECONTRANS (Ndlr : Société de droit congolais et à capitaux congolais spécialisée dans le transit, le dédouanement, l’agent maritime et l’affrètement des navires. En 25 ans, la GECOTRANS a su se positionner et se hisser parmi les 1er dans son secteur d’activités) soit parmi les entreprises Congolaises certifiées ISO. J’ai construit un hôtel digne de ce nom à Matadi et je suis dans le projet de sable asphaltique de Mavuma pour des millions de dollars. Dire que je suis une simple couverture, c’est mépriser l’entrepreneuriat Congolais ».

Des questions furent posées pour connaître la structure du capital, l’éventuel impact de cet investissement sur l’économie du pays. Pour les deux associés, il n’y a pas de raisons d’évoquer comme raison de la suspension, l’existence du projet PRIMERA GOLD RDC car, celui-ci est un comptoir d’achat et Congo Gold est une raffinerie. Les deux peuvent même travailler en harmonie. Mais c’était sans compter la montagne des malentendus qui sont désormais le prétexte pour arrêter un projet aussi innovant.

Pour Dieudonné Kasembo, le projet Congo Gold a respecté toutes les procédures en la matière pour être accrédité comme un projet modèle. Il ne peut y avoir des confusions surtout que le travail préalable s’est déroulé sous la supervision des mêmes autorités qui ont accordé les agréments et qui ont reçu les informations nécessaires en temps et en heures souhaités. A l’en croire, ceux qui sont à la manœuvre de cette déstabilisation se mettent en marge de la vision du chef de l’État de permettre aux Congolais de monter en puissance dans les affaires. Comment peut-on considérer un opérateur de son acabit de couverture alors que son pedigree est connu des tous ?

S’agissant des chiffres évoqués lors de cette conférence de presse, les deux associés ont affirmé que leur plan d’affaires va raffiner entre 2 à 5 tonnes d’or le mois. Avec des achats journaliers pour au moins 150 milles dollars américains. Ils peuvent mettre en place, grâce au déploiement des banques partenaires, le circuit d’achat auquel sera collé une compagnie d’aviation pour l’acheminement entre autres des colis en toute sécurité. Un tour d’horizons dans les pays voisins a fait rebondir l’assistance car, les différents pays exportent des quantités énormes d’or alors que leur sous-sol est dépourvu des gisements conséquents. Que ce soit le Rwanda, le Burundi ou l’Ouganda, ces trois pays ont des chiffres impressionnants, reconnus par leurs propres banques centrales et pourtant, leur propre statistique de production locale se chiffre en kilogrammes, delà à se demander d’où viennent les tonnes exportées, il n’y a pas de mystère, c’est de la RDC. Comment faire alors pour renverser cette tendance ? D’où le projet Congo Gold qui s’inscrit, selon Karim Somji, dans le respect de la législation Congolaise qui recommande d’éviter les exportations des minerais bruts. Comment ont-ils réagi à cette décision du Gouvernement ?

Pour Dieudonné Kasembo, Congo Gold a fait son recours et a foi en l’État congolais car, les raisons évoquées, à savoir, la due diligence sur Karim Samji et l’inexistence d’un cahier de charges sociales, ne tiennent plus parce que pour Karim Somji, le rapport des Nations-Unies de 2022 a levé toutes les équivoques et s’agissant du cahiers de charges, elles concernent les détenteurs des droits miniers comme les permis d’exploitation et non les usines qui interviennent dans la chaîne des valeurs.

Il sied de noter que la raffinerie d’or de la société Congo Gold est basée à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Elle devrait être inaugurée à la fin du mois de juillet 2023. Le traitement de l’or, une première en RDC, constitue une opportunité pour le pays de promouvoir la mise en valeur de ses ressources naturelles pour espérer en tirer un maximum de profit. Il permettra également de transformer l’or brut en lingot. L’usine de Congo Gold de presque 1200 m², a la capacité de traiter 200 kg d’or par jour et 2 à 5 tonnes le mois avec une teneur très élevée. Ce projet d’usine de raffinage de l’or a débuté en 2019 pour se matérialiser 4 ans après.

En tout cas, pour Congo Gold, les voies de la loi seront utilisées pour permettre de lever les obstacles et de donner une chance au pays de se lancer dans cette activité qui participe au rétablissement de la souveraineté économique et financière.

Robert Tanzey

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