Economie

Dépréciation du franc congolais sur le marché des devises : Dieudonné Luaba « les solutions ne peuvent provenir que de l’intensification de l’action de la BCC en matière de régulation de la circulation monétaire »

Le taux de change du Franc Congolais sur le marché parallèle du pays par rapport au Dollar américain connaît depuis quelques semaines une légère dépréciation après un temps de stabilité observé au cours de l’année passée. Si d’aucuns se posent les questions sur les raisons de cette situation de plus en plus inquiétante, d’autres voix se lèvent et interpellent le gouvernement congolais à prendre des mesures nécessaires pour y remédier le plus vite, afin de préserver le tissu social déjà fragile.

Si depuis le mois de juillet de l’année passée le taux est resté relativement stable, avec une légère hausse en fin d’année situé à 1.675, l’on observe qu’au cours de ce premier mois de l’année 2020, sur les marchés parallèles de change à travers les communes et les quartiers de Kinshasa, le taux pratiqué est passé de 1.700 à 1.720 FC(mille sept cent Franc Congolais) le dollar américain, puis à 1760 (mille sept cent-soixante Franc Congolais).Une situation inquiétante qui ne reste sans conséquence économique, dans la mesure où elle entraine la hausse des prix des vivres de première nécessité et autres.

Interrogés sur les raisons de cette hausse du taux de change, certains cambistes affirment que ceci fait suite entre autre à la demande des devises étrangères par les opérateurs économiques qui craignent une dépréciation du franc congolais.
Dans un entretient avec votre tabloïde, Dieudonné Luaba, professeur d’économie monétaire et analyste économique a laissé entendre que la dépréciation du franc congolais est, depuis l’accession du pays à son indépendance une situation préoccupante qui taraude tout esprit du congolais averti en raison de ses incidences sur les conditions socio-économiques de la population. Il évoque plusieurs causes de la dépréciation de la monnaie locale, parmi lesquelles une stratégie d’intervention de la Banque centrale peu stricte.

« En sa qualité d’autorité monétaire, la BCC est appelée à réguler la circulation des devises sur le marché national de manière à en maîtriser le matelas pour une bonne stabilité. De ce fait et conformément à la loi n°18/027 du 13 décembre 2018 portant organisation et fonctionnement de la Banque centrale. Cependant, la pratique sur terrain nous renseigne le contraire. Presque toutes les transactions économiques nationales (y compris les loyers, les frais scolaires et académiques, etc.) sont libellées en dollars au vu et au su de tous. En conséquence, parce qu’on ne maîtrise pas suffisamment le matelas de devises en circulation sur le marché national, on s’expose à des éventualités dont on ne saurait maîtriser les effets, la loi de l’offre et de la demande jouant en toutes circonstances », explique le professeur Dieudonné Luaba.
Buter à une situation où les demandes des devises dépassent largement leur offre sur le marché, dit-il, quoi de plus logique que la monnaie nationale se déprécie en pareille situation, en application du principe de la théorie quantitative de la monnaie.

Une des raisons de la dépréciation évoquée est l’extraversion de l’économie nationale.
« L’économie congolaise vit beaucoup plus des importations qu’elle ne l’est des exportations, car l’essentiel des exportations de la RDC n’est constitué que des matières premières dans leur état brut. Cela engendre une situation dans laquelle tous les opérateurs économiques nationaux recherchent les devises en vue de leurs exportations. La valeur d’une monnaie étant tributaire de la confiance qui y est placée par l’Homme, ceci ne peut que déboucher sur la dépréciation de la monnaie nationale ».
Eu égard aux causes fondamentales de la dépréciation chronique du franc congolais au profit du Dollar américain, dit l’analyste économique , les solutions ne peuvent provenir que de l’intensification de l’action de la Banque centrale en matière de régulation de la circulation monétaire, et de la mise sur pied d’une bonne politique de transformation des matières premières nationales en vue du rétablissement de l’équilibre import-export, socle de toute efficacité économique.

Paulin Muembo

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