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ÉDITORIAL : Faire de Corneille Nangaa une cible, c’est se tromper de combat

Les élections qui se pointent à l’horizon en République Démocratique du Congo sont une occasion pour chaque Congolais d’exprimer sa disponibilité à servir le pays, soit comme électeur en participant au choix des dirigeants, soit comme candidat en sollicitant les suffrages du corps électoral. Ce qui apparaît facile aujourd’hui par l’acquisition d’une carte d’électeur après identification et enrôlement, ne l’était pas il y a quelques années, car le jeu était déjà fait avant l’élection. Grâce au combat démocratique des forces sociales et politiques, le Congo abrite un terreau démocratique qui fait la fierté du continent, car au pays de Lumumba les libertés sont garanties par les textes et construites sur une pratique qui dure déjà des décennies. Dans cette quête de la démocratie l’étape de la première alternance reste un moment fondateur du combat pour un changement pacifique.

Dans cette affaire, évocation du passé récent, on ne peut occulter le nom de Corneille Nangaa Yobeluo qui a joué un rôle essentiel dans l’avènement et l’aboutissement de cette première alternance au pays. Il a fallu à cette génération d’aller jusqu’au bout et de permettre aux Congolais de vivre ce qui était impossible jusqu’alors, c’est-à-dire d’avoir sur son territoire, vivants deux chefs d’État l’ancien et celui en exercice. Sans doute la mémoire confrontée à d’autres sollicitations, a tendance à oublier l’étendue de cet événement. Ça n’était jamais arrivé avant et ça devrait être inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire politique du Congo.

Aujourd’hui, l’eau a coulé sur le pont, le mandant de la première alternance touche à sa fin avec sa cohorte des nouveaux défis.
Dans cet environnement ouvert, Corneille Nanga, comme tout citoyen, a décidé de se lancer en politique et de proposer à notre population l’offre de son nouveau parti récemment mis en activité dénommé  » Action pour la dignité du Congo et de son peuple, ADCP en sigle  ». L’ancien Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a su transformer avec succès l’essai qu’avait été la sortie officielle de cette nouvelle formation politique, intervenue le samedi 25 février 2023, dans la salle de spectacle  » Showbuzz  », faisant dès lors une entrée fracassante et autoritaire dans le microcosme politique congolais avec comme maître-mot de son engagement politique, la  » dignité  ».

Comme tout citoyen Congolais, Corneille Nangaa a le droit de jouir de ses droits civils et politiques contenus dans la Constitution.
Seulement, voilà qu’il est subitement objet des attaques dans les médias et réseaux sociaux, cible des certains officines qui lui affublent des noms de toutes les espèces soit disant qu’il n’avait pas le droit d’agir. Comme il l’a fait.

Des pamphlets sont signés et des déclarations sont faites, lui promettant le feu de l’enfer si jamais il a l’outrecuidance de persister dans cette  » aventure  ». Comment ne pas s’inquiéter de la qualité de notre démocratie si même-lui, Corneille Nangaa, se tient sur la brèche.

En s’attaquant à lui, surtout dans sa qualité d’ancien Président de la Centrale Électorale, l’une des plus importantes institutions d’appui à la démocratie en RDC, ceux qui sont à la manœuvre se trompent de cible et de combat. De quelle manière ? Du fait que le contentieux électoral de 2018 est totalement clôturé et que les décisions prises par la Cour constitutionnelle faisant office de Cour électorale ne peuvent faire l’objet d’un débat public et s’imposent à tous.

Ayant changé de statut, s’attaquer à Nangaa Corneille c’est raté sa cible, encore que s’il y a – avait – action à mener, c’est vers la CENI qu’il fallait l’orienter. Les ambitions politiques d’une personne ne sont que des ambitions et ne peuvent pas être prises pour des actions.

En voulant à tout prix s’attaquer à lui, on canalise vers la destruction toute l’énergie de l’espérance qui est née au moment de l’alternance. Le combat doit être mené sur un autre plan. Si des personnes sont opposées à la démarche citoyenne et républicaine de Corneille Nangaa, il leur faut lui apporter la contradiction sur le plan des idées, en s’attaquant à son offre politique. Mais pas le ridiculiser par des opérations de terreur qui ne vont qu’exacerber les passions et entamer l’image de marque du régime actuel.

Robert Tanzey

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