Politique

État de siège et son impact en Ituri : Les Forces loyalistes enregistrent quelques avancées significatives

La décision sur le maintien ou la requalification de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu est attendue d’ici avant la fin de session parlementaire en cours. C’est donc probablement lors de ces plénières que l’opinion sera fixée sur la suite réservée à cette mesure d’application qui va totaliser une année au mois de mai prochain. Toutefois, sur le terrain, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) enregistrent tant soit peu des résultats concluants en Ituri malgré les incursions récurrentes des groupes armés et forces négatives dont les Forces Démocratiques et Alliées (ADF), la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) et leurs supplétifs.

Sous le commandement du Gouverneur militaire, le lieutenant-général Johnny Luboya N’Kashama, les forces régulières congolaises traquent donc sans désemparer ces hors-la-loi dans leurs points de retranchement et poches de résistance. La semaine dernière, elles ont neutralisé plus d’une dizaine de rebelles, soit 11 membres de CODECO en territoire de Djugu et 7 ADF en territoire d’Irumu parmi lesquels des commandos ghanéen, tanzanien et somalien.

C’est au milieu de la semaine passée que des violents combats ont opposé les FARDC à deux factions coalisées de la CODECO à Ala, un village situé dans le territoire de Djugu, à environ 100 kilomètres au Nord de Bunia, chef-lieu de la province d’Ituri.

 » Ces combats ont fait 11 morts du côté assaillants et quatre autres blessés « , ont précisé des sources sécuritaires avant de renseigner que ces miliciens des factions ARDPC et URDPC de la CODECO venus d’au moins cinq positions ont lancé l’assaut sur la position des FARDC à Ala. Ces combattants de la coalition rebelle voulaient reprendre cette localité, pourtant perdue face aux FARDC, à la première semaine du mois d’Avril.  » Le village Ala abrite un grand marché de vivres dans la région. Ces miliciens percevaient des taxes pour leur survie « , ont fait savoir les mêmes sources.

Dans leur tentative de reprendre Ala le mercredi dernier, les combattants des factions ARDPC et URDPC de la CODECO ont tout simplement été repoussés par les FARDC et se sont dispersés dans la zone. Les affrontements qui ont commencé à trois heures du matin se sont poursuivis pendant toute la journée de mercredi. Pendant leur fuite, ces miliciens ont tenté de faire incursion la nuit de mercredi 13 à jeudi 14 avril dans les sites de déplacés de Djaiba et de Bayoo dans le territoire de Djugu. Là également, l’armée est intervenue et les a repoussés, renseignent les mêmes sources qui notent qu’une accalmie s’observe dans la région.

A Mangusu, une région du territoire d’Irumu, les forces loyalistes ont neutralisées la même semaine quelques rebelles ADF après d’intenses combats. Face à leur puissance de feu, d’autres ADF ont pris la fuite.  » A l’issue de ces opérations, les forces armées ont neutralisé 6 miliciens ADF dont un commandant de nationalité ghanéenne. A cela s’ajoutent, plusieurs armes et bombes récupérées par les FARDC. Signalons que l’ennemi avait l’objectif de faire sauter le pont Ituri. Mais cela n’a pas été fait, car les forces de sécurité ont déminée la zone « , a indiqué le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole du secteur opérationnel des FARDC en Ituri.

A présent, la situation sécuritaire de ces régions est sous contrôle des forces de sécurité et de défense qui appellent la population au calme et à faire toujours confiance en leur armée, car celles-ci ne ménage aucun effort pour restaurer l’autorité de l’État et imposer la paix dans cette province aurifère, terrain d’innombrables atrocités et meurtres perpétrés par les groupes armés et les forces négatives pendant plus de deux décennies.

S’inscrivant dans cette dynamique d’imposition de la paix en Ituri, les populations des chefferies Basili, Mobala, Babelebe, Baboa-Bokoe et Andisoma, en territoire d’Irumu, se sont engagées pour le retour de la paix dans leur contrée. Elles ont levé cette option à l’issue d’une table-ronde sur la paix, la stabilité et la cohésion sociale organisée du 11 au 14 avril derniers à Nyakunde.

Organisé par la Mission des Nations-Unies pour la stabilité de la RDC (MONUSCO), ce forum a permis aux participants de définir leurs propres priorités dans la recherche de la paix en Ituri.  » Nous réitérons notre adhésion à la politique de paix et de développement et nous nous engageons à participer activement à la recherche de la paix en Ituri « , a rapporté le chef de la chefferie des Andisoma, Gaston Erabo. Des leaders du groupe armé FPIC associés à cette rencontre ont également manifesté leur volonté d’adhérer au processus de DDRC-S.

Pour sa part, le représentant du gouverneur de l’Ituri a exhorté la communauté Bira au suivi des résolutions prises lors de ce forum. « Je vous exhorte à vous organiser pour le suivi de la mise en œuvre des résolutions  prises dans ce forum pour qu’il ne soit pas lettres mortes comme tant d’autres « , a-t-il fait appel. De son côté, le représentant de la MONUSCO a soutenu que cette table-ronde vient baliser le chemin vers le programme DDRCS dans cette partie du pays.

Quant au Gouvernement central, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge a déclaré qu’il est temps de pacifier cette province où l’insécurité semble régner en maître depuis plus de 20 ans.  » Nous sommes ici dans la droite ligne de la vision du Président de la République dans le cadre de la pacification de cette zone du pays. Nous organisons dans le cadre du programme DDRCS qui sera bientôt ici de pouvoir bien prendre en charge ceux qui voudront déposer les armes « , a-t-il soutenu au cours d’une conférence de presse qu’il a animé lors de sa visite de travail dans ce coin du pays la semaine dernière.

D’après le locataire de l’avenue Roi Baudoin, le Gouvernement de la République transmettra un rapport sécuritaire au Chef de l’État pour de nouvelles orientations dans les opérations militaires en vue de restaurer la paix dans cette province. Et il a par ailleurs rassuré que  » toutes les options sont sur la table « .

L’impact de l’état de siège en Ituri

Pour saisir l’impact de l’état de siège et des opérations militaires en cours en Itrui, le Chef du Gouvernement congolais a recueilli les avis des différentes couches de la population dont des leaders communautaires et des parlementaires originaires de l’Ituri. Les avis des populations restent cependant partagés sur les résultats de l’état de siège bientôt un an après son instauration en Ituri.

Alors que certains leaders communautaires appuient que plusieurs avancées sécuritaires ont été enregistrées depuis l’instauration de l’état de siège en Ituri, certaines forces politiques et sociales ont fait remarquer au Premier ministre que cette mesure qui avait été prise en réponse à l’insécurité persistante dans l’Est du pays, caractérisée par des tueries des civils commis par différents groupes armés, n’a pas permis jusque-là d’apporter les résultats escomptés. Par ailleurs, d’autres soutiennent  » qu’il faut  peut-être requalifier l’état de siège étant donné que nous avons des zones où le programme DDR est voulu. C’est plus dans la partie Sud du Nord-Kivu où nous avons des groupes armés moins virulents qui sont volontaires et veulent entrer dans le DDR. D’autres zones comme Beni, demandent que les opérations militaires s’intensifient.

Selon le chef de l’Exécutif national, l’administration de deux officiers militaires en Ituri et au Nord Kivu a permis la neutralisation de plusieurs centaines de miliciens, la reddition de nombreux éléments des groupes armés, la récupération d’armes et des munitions par les Forces loyalistes, le démantèlement de plusieurs réseaux de trafics illicites d’armes et munitions, des minerais, et de ravitaillement des groupes armés des divers produits, la récupération de nombreuses localités dans l’Est du pays jadis sous occupation des rebelles, la libération de nombreux otages autrefois détenus par les groupes armés dont les ADF. Il soutient aussi la réouverture de certains axes routiers importants jadis sous contrôle des forces négatives, la réduction sensible des attaques contre la population civile. Même si, a-t-il toutefois reconnu, les terroristes, sous couvert des ADF et des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), opèrent encore dans l’Est du pays.

 Djodjo Mulamba

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