Pour les observateurs de la scène politique congolaise, l’événement survenu ce samedi au Show Buzz était une grande surprise surtout dans un contexte où tout se sait à l’avance et à l l’instant. Mais cette fois-ci le secret a été gardé, le travail fut souterrain et il était si bien fait que l’événement s’est déroulé comme une charte musicale.
D’abord les participants, des centaines des membres venus de tous les horizons, ont rapidement rempli cette salle qui, à l occasion, a refusé du monde. Ceux qui n’y ont pas accédé sont restés en dehors de la salle, alignés sur les voies secondaires dans une discipline exemplaire, arborant les couleurs de ce nouveau parti.
Tout est parfait dans cette sortie officielle réglée à la minute près. La question qui monte à l’esprit est celle de savoir comment un homme issu de la société civile, n’ayant pas la pratique des partis politiques, a pu réaliser une telle prouesse ? C’est peut-être pour cela que les choses lui sont apparues sous un autre angle et qu’il a réalisé une sortie impeccable. D’ailleurs ceux qui connaissent les phénomènes politiques et surtout les meilleures organisations ont compris que Corneille Nangaa a usé de la méthode appelée « bambou chinois».
En effet selon cette philosophie inspirée de la croissance de ce végétale, il est constaté que le bambou quand il est planté, il prend beaucoup de temps pour sortir à la lumière, il prend trois à cinq ans. Mais pendant ce temps il croit par les racines, il pousse dans le sous-sol et il prend des forces et s’étend pour trouver une stature. Et plus tard quand il pousse, c’est rapide et puissant. Le parti qui vient de sortir officiellement, doit avoir suivi ce parcours d’organisation discrète. Comme des fourmis, chacun de ceux qui se sont déployés au Show Buzz, savait ce qu’il fallait faire. Une question reste à se poser c’est celle de savoir comment, du président de la CENI, Corneille Nangaa a su trouver la force nécessaire pour agir comme un politique de premier plan ?
La réponse est à trouver dans la force que confère la militance dans la société civile. Ceux qui ont fait leurs premières armes dans la société civile deviennent des politiques aguerris car ils adhèrent à des causes en âme et conscience. Des exemples existent comme le cas de Pierre Lumbi qui est venu des montagnes du Kivu avec l’association des paysans et qui s’est révélé un appui indispensable au changement de l’époque. La société civile à la Conférence Nationale fut le moteur qui a fait basculer la majorité. On peut aussi citer Modeste Bahati qui avait commencé comme Socico et qui est aujourd’hui parmi les politiques les plus performants quant à la stratégie de déploiement. Il y a une force de foi qui anime les membres de la société civile qui s’exercent à la redevabilite et dont les objectifs sont souvent clairs.
Corneille Nangaa part avec un avantage certain, celui d’avoir parcouru le pays dans son ensemble et surtout d’avoir forgé son offre politique sur des réalités concrètes (lire l’article y afférent dans cette édition). Des leçons sont à tirer de cette cérémonie notamment un sérieux avertissement à tous ceux qui se sont endormis sur des lauriers en croyant que les jeux étaient déjà faits. Sans présager du choix des congolais dans les mois qui viennent, on peut néanmoins dire sans risque de nous tromper que l’ancien président de la CENI n’entre pas sur la scène mains vides. Il a avec lui un projet sérieux qui demande en tout cas que les politiques l’examinent à fond. Il a avec lui une forte présomption de soutien des congolais de la grande orientale qui voient en lui un champion capable de porter leurs rêves et de canaliser leurs nombreuses frustrations accumulées depuis des décennies d’une politique pour eux discriminatoire. Ils sont prévenus, les politiques d’éviter de faire
l’erreur de minimiser la démarche de cet homme de la société civile qui vient de descendre dans l’arène avec une expérience de gladiateur averti. Les jours qui viennent seront animés et les débats politiques ennoblis par des apports en intelligence politique dont les membres de ce nouveau parti se feront le plaisir de verser dans le débat public.
Robert Tanzey
