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Kimbangu, le combat couronné

Il y a plus de cent ans, le prophète Simon Kimbangu lançait ces mots: « il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit enlevé ». Cette parole de l’évangile, renvoyait aux yeux du prophète, à un idéal d’égalité entre les races et à la fin du colonialisme bestial infligé aux noirs. Dans le contexte de la colonisation, les positions de l’ancien catéchiste des protestants ne pouvaient pas laisser indifférent le pouvoir colonial. L’engagement du prophète, sur la base de l’évangile, avait fini par devenir le ferment d’un combat épousé par des milliers de personnes. Parallèlement, l’engagement de Simon Kimbangu lui avait valu d’être condamné à mort pour « atteinte à la sûreté de l’État et la tranquillité publique » par une cour militaire coloniale à Thysville (Mbanza Ngungu) au Congo Belge, qui interprétait le message du prophète comme un appel à l’insurrection, une invite aux peuples colonisés à se défaire du joug de la colonisation et de la servitude.

Sous la férule du pouvoir Belge, Kimbangu qui reçut son appel à servir Dieu le 06 avril 1921, entra brièvement en cavale, échappant à ses persécuteurs (qui avaient entre-temps interdit le mouvement qui ne s’appelait pas encore le Kimbanguisme), avant de se laisser prendre et subir un procès qui avait conclu fatalement le destin de Simon Kimbangu en prononçant la peine de mort en octobre 1921, quelques mois seulement après le début d’une mission faite des prodiges.

La peine de mort fut commuée à la prison à perpétuité. Le prophète n’avait que 34 ans lorsque la cour militaire avait décidé de le placer derrière les barreaux où il restera 30 ans jusqu’à son décès,en 1951 à Lubumbashi, âgé de 64 ans. Malgré l’emprisonnement de Kimbangu, son combat n’avait jamais flanché. Ses adeptes restés en liberté avaient réussi à implanter le Kimbanguisme sous l’angle purement spirituel, mais avec un accent toujours sur la libération de l’homme noir, alors que le pouvoir colonial les avait dispersés à travers le pays, dans le but d’étouffer le combat du prophète.

Le combat de Kimbangu avait coûté la vie à des centaines des Congolais. Mais malgré la persécution qui était infligée aux adeptes du Kimbanguisme, ils n’avaient pas courbé l’échine, entretenant la flamme du militantisme en cachette, jusqu’à ce que le pouvoir colonial a autorisé le Kimbanguisme en 1959, un an avant l’indépendance du Congo et dans 16 autres pays francophones d’Afrique. Car, faut-il le souligner, Simon Kimbangu c’était le combat du Congo, de l’Afrique et des noirs de partout. Et dire que le prophète dont le combat est célébré aujourd’hui, n’avait exercé sa mission moins de 100 jours seulement ! Cela dépasse tout entendement.

Il était plus que temps que le Congo rende justice à l’un de ses héros, par ailleurs héraut de l’homme noir affranchi des forces occultes des oppresseurs. Le processus a été long. « Les Kimbanguistes attendent cela depuis 1960 », a dit à Géopolis Bena Nsilu, l’un des personnages historiques du Kimbanguisme. L’attente a été longue. Simon Kimbangu, mort en prison comme en homme banni par le pouvoir colonial, reçoit aujourd’hui l’hommage de la nation. Déjà en octobre 2011, il avait été réhabilité, lorsque son procès avait été revisité à Mbanza Ngungu, là où même il fût condamné 90 ans auparavant.

Patrick Ilunga

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