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Mining Indaba 2024 : Alain Kaninda Ngalula :  » LARCA va continuer avec la sensibilisation et la vulgarisation pour augmenter la culture des assurances

 » L’Autorité de régulation et de contrôle du marché des assurances (ARCA) va continuer avec la vulgarisation pour augmenter la culture des assurances en République Démocratique du Congo  ». Annonce faite par son Directeur Général, au cours d’une interview exclusive accordée à Géopolis en marge de Mining Indaba 2024. Pour ce faire, Alain Kaninda Ngalula, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a plaidé, en plus de l’ambitieux Plan stratégique dont dispose le Régulateur, mettre en place un Fonds de vulgarisation pour des assurances plus inclusives, à travers la micro assurance.

Géopolis Magazine (GM) : Monsieur le Directeur Général, vous vous retrouvez ici à Mining Indaba. Vous êtes encore une fois à la tête d’une forte délégation de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances, ARCA en sigle. Pouvons-nous connaître les raisons de votre présence et surtout, quel est le message que vous avez apporté aux miniers ?

Aline Kaninda Ngalula (AKN) : Merci pour la question. Écoutez, le chef de l’État avait très clairement dit qu’il n’était pas acceptable que des opérateurs économiques qui investissent dans notre pays prennent des primes qui représentent des sources de financement pour notre économie et les placent ailleurs et que localement nous avons des capacités locales pour le faire. C’est dans ce sens-là que nous sommes venu pour marteler sur ce message là et aussi, démontrer aux miniers que depuis l’implication du chef de l’État et sur recommandation de ce dernier, ils doivent fournir beaucoup d’efforts pour ce marché qui est en train de se développer. Nous avons quitté le cap des 80 millions pour passer à 300 millions de dollars américains mais là où nous attendons les miniers, c’est d’avoir un marché d’après peu prêt 1 milliard de dollars américains. C’est ce message là que nous avons voulu rappeler aux miniers qu’il y a encore des efforts et que nous, en tant que régulateur, dans la suite des instructions données par le chef de l’État, nous allons continuer à faire des contrôles pour que la loi congolaise soit respectée. Tout en disant également aux opérateurs que nous sommes ouverts à les accompagner pour voir comment ils peuvent faire pour être en ordre avec notre loi.

GM : La plupart des miniers et surtout, les entreprises minières internationales évoquent l’idée d’un pays où les standards ne sont pas respectés et c’est qui fait que par exemple pour la réassurance, il y a des difficultés d’amener des fonds sur cette base de non-conformité. Qu’est-ce que vous répondez à ces gens-là ?

AKN : La conformité dépend de quel sens les entreprises le disent. Mais nous, nous disons qu’en RDC, nous avons une loi qui répond aux standards internationaux. Dans tous les pays, on demande à tous les opérateurs de s’assurer au niveau du pays. Notre loi aujourd’hui exige que pour toute assurance qui est faite qu’on puisse retenir un minimum qui soit celui de 25%. Mais la loi donne aussi des possibilités si la capacité locale n’est pas là, on peut alors vous permettre l’analyse de votre dossier de pouvoir vous ré assurer à l’étranger au-delà de ces capacités. Aujourd’hui, quand vous regardez notre marché, nous avons des opérateurs d’assurances qui ont été agréés selon les normes internationales avec un capital minimum de 10 millions USD. Ces opérateurs sont surveillés de manière à ce que l’on s’assure que la solvabilité financière existe bel et bien.et qui assure les assurés et les bénéficiaires des contrats d’assurances. En même temps, dans notre travail de régulateur, nous veillons aussi à ce que tous les opérateurs qui sont sur notre marché soient des opérateurs non listés pour des délits financiers parce que, nous faisons des enquêtes avant de les accepter sur notre marché. Et nous veillons également sur la source de leurs capitaux. Enfin, je dirais aussi que nos opérateurs d’assurances, pour leur permettre de fonctionner correctement, ont des relais des sociétés de réassurances qui sont sur la place internationale avec des notations connues et ce sont ces mêmes réassureurs que les sociétés d’assurances à l’étranger utilisent. Donc, il n’y a pas de raison de pouvoir dire que voilà dans le secteur des assurances, il n’y a pas de conformité. Non, tout est conforme. Les opérateurs répondent aux standards internationaux, travaillent avec des réassureurs qui ont une notation internationale. Et donc, je dirais pour moi c’est une question qui reste psychologique de la part des opérateurs de changer et de comprendre que non effectivement, en RDC les choses se font selon les normes.

GM : Il y a un secteur sur lequel vous n’insistez pas beaucoup peut-être faute de temps, ce sont des assurances obligatoires. Il existe dans le contrat chinois renégocié avec l’État congolais de 7 milliards USD, des assurances obligatoires. Qu’en est-il ?

AKN : Tout à fait, vous avez raison de parler de cet aspect. C’est vrai qu’aujourd’hui l’angle sur lequel nous avons beaucoup parlé, c’est de dire, de démontrer aux sociétés minières, vous vous assurez, on voit avec la dynamique qu’elles s’assurent progressivement mais c’est encore des petites assurances qui représentent pour nous, selon la capacité qui existe dans ce secteur, que 30%. Parce que 300 millions USD que nous retrouvons sur 1,5 milliards USD attendus des gros équipements, des gros risques et autres, il faut que ces sociétés les ramènent au niveau de notre pays. Nous insistons beaucoup sur cet élément là parce que, c’est du concret, c’est du marché réel. Si tout le monde s’assure aujourd’hui en RDC, en respectant la loi, notre marché sera à 1,5 milliards USD. C’est un marché qui existe, qui est là. Le marché réel, ce n’est pas du potentiel et nous avons beaucoup voulu marteler sur cet aspect-là. Les 7 milliards USD c’est par rapport au volume des investissements qui vont se faire, ça permettait également de faire croître notre Produit intérieur brut (PIB). Avec ces investissements, la somme de 1,5 milliards USD que nous attendons peut passer à 2, voire 2,5 milliards USD avec les mêmes opérateurs. Effectivement, c’est un élément que nous regardons et suivons de très près. Nous avons l’honneur de bénéficier de la faveur du chef de l’État d’accepter que l’Autorité de régulation et de contrôle du marché des assurances fasse partie de la délégation qui l’avait accompagné en Chine au mois de mai 2023 lors de sa mission stratégique avec Pékin. Et déjà là nous avons commencé à discuter avec les opérateurs chinois dans les assurances et autres, idem avec notre alter ego, le régulateur chinois pour voir comment nous pouvons mettre des stratégies ensemble de manière à ramener les sociétés dans la conformité. Avec ce pas que nous avons déjà eu, dans les discussions qui vont se faire, bien sûr, nous allons suivre ça de prêt pour continuer le travail que nous avons commencé au mois de mai de l’année dernière. Mais toujours avec la bénédiction de Son Excellence Monsieur le Président de la République.

GM : S’agissant des agréments, il y a-t-il un monopole de fait car, le nombre d’opérateurs n’augmente plus ?

AKN : Merci beaucoup monsieur Willy. Je vois que vous maîtrisez complètement notre secteur. La problématique que vous abordez est une problématique qui nous touche, nous, au niveau des assurances. Parce que nous l’avons toujours dit, si la loi a été libéralisée, ce n’est pas pour faire des assurances pour des riches ou pour l’élite uniquement ! Comment faisons-nous pour que la grande partie de notre population accède à ça ? La question que vous posez aborde trois aspects : il y a la question de la vulgarisation et sensibilisation, nous faisons avec les moyens de bord pour donner, faire augmenter la culture des assurances, redonner la confiance et permettre aux gens, aux classes moyennes, aux ménages, de pouvoir s’assurer. Donc, il faut mettre les moyens et nous le faisons, nous appelons même les assureurs. Nous avons mis dans notre plan lorsque le moniste des Finances avait demandé le plan stratégique, nous voulions que l’on puisse mettre en place au niveau de notre pays, un fonds qui va servir de vulgarisation. Il faut mettre beaucoup d’argent, pour ça on peut le faire avec l’État et les bailleurs de fonds pour donner la confiance aux Congolais. Ça, c’est le premier aspect. Deuxième aspect, c’est celui qui touche des classes qui n’ont pas assez de revenus. Comment faisons-nous ? Mais l’ARCA a travaillé longuement là-dessus pour des assurances inclusives, c’est-à-dire la micro assurance. Comment faire pour les faire accéder à des personnes qui ont des bas revenus. Et là, nous avons l’année dernière mis en place un règlement qui permet la micro assurance. Donc, avec 10 USD, 50 USD, voire 100 USD, vous pouvez y accéder. Je peux vous dire aussi que nous avons même des investisseurs à Londres qui veulent venir investir. Quand vous parlez des masses, ce sont des produits des micros assurances via les sociétés des télécoms pour toucher plusieurs personnes. C’est le cas des inondations, j’ai déjà des dossiers sur ma table, en cas de survenance du sinistre, on les indemnise automatiquement. On regarde une zone et ça c’est la micro assurance qui doit être faite. Nous l’ARCA, nous avons déjà le règlement mais maintenant, nous devons faire entrer les opérateurs. Le dernier volet est celui qui touche l’assurance  » paramétrique  », qui touche les cas de sinistres et autres, je revenais à ce sujet d’une mission avec la Banque de France où nous avons parlé. En fait, ce sont des risques tellement importants qu’il faut mettre en place des mécanismes parce que l’industrie de l’assurance elle-même ne peut pas tout financer car, les risques sont très importants et nous devons travailler avec le gouvernement, mettre en place les moyens, afin que ce dernier n’intervienne pas seul en cas de survenance des risques.

Ça aussi c’est une question de risque climatique. Nous travaillons déjà avec la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds où nous allons mettre en place un modèle qui va être lancé pour pouvoir répondre à ces problèmes d’inondations.

GM : Que conseillez-vous aux éventuels investisseurs qui hésitent à venir au Congo au motif des lois ?

AKN : Écoutez. Bon, il faut regarder les choses. Nous avons commencé à donner les agréments en 2019. Un élément, je me souviens toujours lorsque moi j’ai commencé mon travail au niveau de l’ARCA, j’ai discuté, parce que notre partenaire c’est le régulateur du marché marocain, le deuxième d’Afrique qui est à 5 milliards USD, un conseil que mon aîné le DG de la régulation marocaine m’avait dit, il faut faire attention sur un fait monsieur le DG :  » Il ne faut pas que dans notre marché que vous ayez l’offre qui soit supérieure à la demande  ». Qu’est-ce qui va se passer ? Imaginez que vous ayez une trentaine d’opérateurs sur le marché, ceux-ci vont commencer à faire du dumping au niveau du marché en cassant les prix. Quand ils cassent les prix, ils ne donnent pas l’assurance. Il faut que le marché donne toujours de l’espace pour que les assureurs respectent les normes de manière que lorsqu’ils prennent une prime, facturent normalement, lorsque le sinistre survient ils ont suffisamment de provisions pour pouvoir le faire. Nous veillons à ce que notre marché se développe pour afin donner beaucoup d’espace à plus d’acteurs. Je vous dis franchement que je n’ai pas de dossier de demande d’agrément qui soit sur ma table que je n’ai pas traité. Je suis convaincu que les opérateurs qui s’intéressent à notre marché suivent également des statistiques pour pouvoir revenir lorsqu’ils voient que le marché Congolais est en train de grossir. Peut-être qu’on aura une autre vague pour dire voilà, le marché est maintenant autour de 300 – 400 millions USD, c’est le moment d’investir. Les investisseurs sont des rationnels, ils calculent très bien. Moi, personnellement, je n’ai bloqué personne, à ARCA on ne fait pas de blocage pour créer le monopole.

Propos recueillis par WAK. Texte retranscrit par Dieudonné Buanali.

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