Décès à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, du professeur ordinaire Docteur Édouard Dominique Longandjo Okitakekumba. L’illustre disparu était avant sa mort professeur émérite au Département de Sociologie de la Faculté des Sciences sociales, administratives et politiques de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et dans quelques instituts supérieurs et universités du pays. Ce sont ses propres filles biologiques, Gisèle et Mamy Longadjo qui l’ont annoncé le lundi 04 février 2024 sur Facebook, un réseau social très prisé par le commun des mortels.
» C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès aujourd’hui du Professeur Longandjo, éminent membre de l’Université de Kinshasa et ancien de l’Université de Lubumbashi, au sein de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives », a écrit avec beaucoup de tristesse sa fille Mamy Longadjo.
» Mon jumeau, mon père, le professeur émérite Longandjo Okitakekumba Édouard Dominique s’en est allé. Père, époux, la force tranquille, l’intelligence, l’honneur, la joie de vivre, l’inspirateur, l’énergie, le Kumadondjo, le Baobab est tombé arme en main, Kemafumbe papa aaaa. Père un jour, père toujours. L’éminent professeur Émérite Longadjo Okitakekumba Édouard Dominique, nous, ses enfants célébrons sa vie en Jésus-Christ », a écrit à son tour Gisèle Longadjo.
Au-delà de sa famille, c’est le monde académique et scientifique et celui particulièrement des Sciences sociales qui pleure avec consternation le professeur Édouard Dominique Longandjo. Son décès va laisser un vide pour le colloque des chercheurs sociologues en RDC, pourquoi pas pour le monde entier. La raison ?
L’illustre disparu ne cessait de dire à celui qui veut l’entendre qu’il faut parler de la sociologie sans honte, ni crainte.
L’homme qui s’en va dans l’au-delà s’inspirait beaucoup des utopies de Mao. A travers ses écrits, pensées et réflexions, l’illustre disparu stimulait les scientifiques Congolais à la créativité partant des idées considérées comme des simples rêves ou des utopies, plutôt que de se fier sur l’infrastructure, la pensée pieuse.
Sociologue jusqu’à la moelle épinière, le professeur Édouard Dominique Longandjo faisait partie d’un courant de pensée marqué par les travaux des sociologues de renommée mondiale tels que Samir Amin, Abdel Malik, Peter Sweezy, André Gunder Frank, Jean Ziegler, et au niveau national par des sociologues tels que Matthieu Kalele ka Bila, Clément Mwabila Malela, Emile Bongeli Yeikelo a Yato, Kankwenda Mbaya, Mabika Kalanda, Muluma Munanga, pour ne citer que ceux-ci.
Pour ces sociologues, l’impérialisme a soumis à sa logique les Etats du sud et impose dans ces Etats ses représentants comme le montre Jean Ziegler dans son ouvrage intitulé » Main basse sur l’Afrique ». La seule arme que les peuples dominés d’Afrique disposent pour se libérer de l’humiliation, de l’asservissement que leur inflige le dominateur impérialiste est la lutte de libération nationale.
Ainsi donc, la thèse fondamentale de la sociologie de l’impérialisme est que pour se libérer, le peuple dominé n’a qu’une seule possibilité, la révolution. Cette thèse avait trouvé une audience particulière dans les milieux politiques des nouvelles sociétés issues de la décolonisation avec notamment Nkwame Nkrumah, Sekou Toure et Patrice Emery Lumumba en ce qui concerne la RDC.
Patrice Lumumba, constatant au lendemain de l’indépendance, que la tutelle belge continuait à peser sur le nouveau Etat dont il était Premier ministre, avança quatre idées maîtresses pour libérer le Congo de ladite tutelle : 1) Il n’y a pas de compromis possible avec l’impérialisme, la lutte entre le nationalisme authentique et l’impérialisme est une lutte à mort ; 2) Seule la mobilisation des masses populaires permet de constituer une force capable de l’emporter sur l’impérialisme ; 3) La domination de l’impérialisme étant basée sur l’emploi des armes, la libération passe nécessairement par la victoire de la résistance armée, et enfin ; 5) La lutte contre l’impérialisme ne peut aboutir qu’à condition d’être liée à la lutte contre les collaborateurs de l’impérialisme.
De par leurs idées, P.E. Lumumba rêvait de construire un Congo dont la dynamique devait contrarier, par son indépendance et sa souveraineté, les intérêts du capitalisme mondial. La logique de la domination internationale a rendu impossible l’apparition d’un tel Etat en organisant l’assassinat de P.E. LUMUMBA dans les conditions aujourd’hui connues. Paix à ton âme cher professeur.
Dieudonné Buanali
