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Niger: Le pouvoir militaire nomme un nouveau 1er ministre

Le chef de la junte nigérienne, le général Abdourahmane Tchiani, a nommé un ancien ministre des Finances au poste de premier ministre à la suite du coup d’État du 26 juillet. Ali Mahaman Lamine Zeine remplace Mahamadou Ouhoumoudou, qui se trouvait en Europe lors du coup d’État. Ali Mahamane Lamine Zeine, 58 ans, est natif de la région de Zinder et il est financier de formation.

Les négociations entre la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et le régime militaire issu du coup d’État au Niger sont au point mort. Ces derniers semblaient insensibles, mardi 8 août, aux offres de négociations formulées en vue d’éviter l’éventuelle intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Car la junte n’a pas répondu à l’ultimatum de sept jours fixé par la Cedeao intimant l’ordre de rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État le 26 juillet. Mais après son expiration, dimanche soir, l’organisation intergouvernementale n’a pas mis à exécution sa menace d’intervenir militairement, la Cedeao souhaitant visiblement privilégier la voie du dialogue.

Défiance totale envers la Cedeao

Des discussions qui ne sont pas près d’être entamées, les militaires au pouvoir à Niamey ayant fait savoir qu’ils ne pouvaient pas accueillir une délégation de l’organisation régionale pour des raisons de « sécurité ». « Le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cedeao ne permet pas d’accueillir ladite délégation dans la sérénité et la sécurité requises », indique une lettre du ministère nigérien des Affaires étrangères adressée lundi à la Cedeao.

La lettre souligne que le « report » de la mission prévue mardi « s’avère nécessaire […] pour des raisons évidentes de sécurité, dans cette atmosphère de menace d’agression contre le Niger ».

Autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens : la nomination, lundi soir, d’un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui apparaît comme la première étape vers la désignation d’un gouvernement de transition.

Malgré ces revers, la Cedeao n’en démord pas. Par la voix du président du Nigeria, Bola Tinubu, elle estime que « la diplomatie » est « la meilleure voie à suivre » pour résoudre la crise au Niger. Les dirigeants « préféreraient une résolution obtenue par des moyens diplomatiques, par des moyens pacifiques, plutôt que [par] tout autre », a ajouté le porte-parole, précisant que cette position serait maintenue « en attendant toute autre résolution qui pourrait ou non résulter du sommet extraordinaire de la Cedeao prévu jeudi ».

Les États-Unis ont échoué également

La Cedeao n’est pas la seule à avoir tenté de discuter avec les militaires. Les États-Unis, partenaire privilégié avec la France dans la lutte contre les groupes djihadistes qui minent ce pays et une grande partie de la région du Sahel, ont également tenté le dialogue. La numéro deux de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, est venue lundi à Niamey pour rencontrer les auteurs du coup d’État, réunion à laquelle n’a pas participé le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger. Elle n’a pas non plus rencontré le président Mohamed Bazoum, assigné à résidence à Niamey depuis sa chute il y a près de deux semaines.

Les discussions auxquelles a notamment participé le nouveau chef d’état-major de l’armée, le général Moussa Salaou Barmou, « ont été extrêmement franches et par moments assez difficiles », a reconnu la diplomate. Elle a dit avoir proposé « de nombreuses options » pour mettre fin au coup d’État, ajoutant : « Je ne dirais pas que cette offre a été prise en compte de quelque manière que ce soit. »

« Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation », a pour sa part déclaré à RFI le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Dans un entretien à la BBC britannique, il a ensuite averti que la société de mercenaires russe Wagner, déjà installée au Mali, profitait de l’instabilité au Niger voisin. « Je pense que ce qu’il s’est passé […] au Niger n’a pas été orchestré par la Russie ou Wagner, mais […] ils ont essayé d’en profiter », a-t-il déclaré, prévenant : « Partout où Wagner s’est rendu, mort, destruction et exploitation s’en sont suivies. »

Wagner offre un catalogue de services aux régimes africains en difficulté. Au Mali et en Centrafrique, il protège le pouvoir en place, propose des formations militaires, voire des conseils juridiques pour réécrire le code minier ou la Constitution. En échange, il pratique la prédation et se paye sur les ressources locales, notamment minérales.

Depuis Niamey, l’adjointe d’Antony Blinken a dit que « les personnes qui ont pris cette décision [du coup d’État au Niger] comprennent très bien les risques que fait courir à leur souveraineté une invitation de Wagner ».

Le Mali et le Burkina Faso solidaires
La France, ancienne puissance coloniale régulièrement vilipendée lors de manifestations en Afrique de l’Ouest, a déclaré mardi qu’elle appuyait « les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie » au Niger, mais apparaît désormais « en retrait ».

Si les relations des nouveaux maîtres de Niamey sont tendues avec les pays occidentaux et la plupart des pays africains qui ont condamné le coup d’État, elles sont excellentes avec le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force, respectivement depuis 2020 et 2022. Les deux pays ont affiché leur solidarité avec le Niger, affirmant que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait « une déclaration de guerre » pour eux.

Le nouveau régime peut aussi compter sur le soutien de ses partisans à Niamey, dont 30 000 se sont rassemblés dimanche dans un stade pour lui témoigner leur soutien, brandissant des drapeaux russes et huant la France et la Cedeao.

Geopolis / le point

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