Au moment où la RDC s’apprête à enterrer ses morts, fauchés par un bombardement inattendu, à Mweso dans le Nord-Kivu, les États-Unis d’Amérique réitèrent qu’il convient d’appliquer une solution diplomatique afin d’arriver à une paix durable dans la région orientale de la RDC, en proie à l’insécurité depuis bientôt 30 ans. Jeudi 25 janvier, le secrétaire d’État Antony Blinken a fait part au président Angolais João Lourenço, du schéma américain pour parvenir à la paix via les efforts diplomatiques. Le message de Blinken est en fait une pression exercée sur les parties prenantes à la crise Congolaise pour faire taire les armes et parvenir à une désescalade totale entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.
En visite en Angola dans le cadre de sa tournée africaine, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a estimé qu’il était temps d’accentuer les efforts diplomatiques pour faire avancer le processus de paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Pour lui, il faut d’abord que la confiance s’installe entre les parties prenantes à la crise Congolaise.
« Les États-Unis considèrent que l’Angola et le Kenya, qui sont impliqués dans la recherche de la paix en RDC, doivent redoubler d’efforts pour parvenir à une paix durable ». Le Kenya et l’Angola qui pilotent respectivement le processus de Nairobi et le processus de Luanda semblent lassés devant des échecs répétés dans la recherche de la paix en RDC, et les deux processus de recherche de paix qu’ils conduisent semblent au point mort. Les États-Unis d’Amérique poussent justement pour repartir dans les pourparlers, surfant sur la réélection du président Félix Tshisekedi afin de poser à nouveau les bases d’une paix négociée. Washington estime que la tenue des élections ou le nouveau bail du président Congolais « est un moment clé pour essayer d’avancer sur la voie diplomatique ».
Officiellement, Kinshasa n’est pas opposé au schéma diplomatique. Le porte-parole du gouvernement Congolais Patrick Muyaya a laissé entendre qu’en réalité la RDC observe un cessez-le-feu et que les combats actuellement au Nord-Kivu c’est pour « contenir les positions du M23 ». Les autorités Congolaises ajoutent également qu’en cas de crépitement de balle, l’armée Congolaise « répond aux attaques du M23 ». « Nous sommes engagés sur plusieurs processus notamment diplomatique. Au-delà de la stratégie militaire, il y a une stratégie diplomatique avec des efforts qui sont en cours notamment avec le gouvernement américain », a indiqué le ministre de la communication Patrick Muyaya.
Kinshasa est engagé sur plusieurs schémas, mais la solution diplomatique se heurte indubitablement à des écueils. Les autorités Congolaises exigent l’application de la feuille de route de Luanda, laquelle oblige les rebelles à se cantonner d’abord et « cela sans condition », notent les autorités Congolaises. Ce processus a achoppé là dessus.
Le processus de Nairobi, qui a exigé des pourparlers entre les groupes armés et le gouvernement de Kinshasa n’a pas donné non plus des résultats attendus.
Pas plus que le processus de Luanda, qui est piloté par le président Angolais João Lourenço. Le processus de Luanda était censé ramener la paix entre la RDC et le Rwanda. Dans la guerre du Nord-Kivu, les autorités Congolaises accusent le Rwanda de soutenir en hommes et en armes le M23. Plusieurs rapports des Nations Unies ont affirmé le soutien Rwandais aux rebelles.
Dans leurs efforts de ramener la paix en RDC, les autorités américaines ont imposé un cessez-le-feu en décembre 2023. Le cessez-le-feu a tenu pendant deux semaines fin 2023. Mais depuis, les combats ont repris, avec parfois quelques trêves. Le M23 s’est allié à une nouvelle coalition, l’Alliance Fleuve Congo créée par l’ancien président de la commission électorale Corneille Nangaa. L’armée Congolaise elle, bénéficie de l’appui des troupes de la SADC.
Avant de lancer sa tournée sur le continent en ce début 2024, Blinken a rencontré le président Rwandais Paul Kagame au Forum économique de Davos, en Suisse.
« Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir en vue de soutenir les efforts déployés, en particulier par l’Angola et le Kenya, vers une résolution pacifique des désaccords et la prévention des conflits dans l’est de la RDC », a déclaré le Secrétaire d’État américain à l’occasion de sa rencontre avec le président Rwandais.
La tournée de Blinken ne prévoit pas un passage à Kinshasa, mais le secrétaire d’État américain a échangé au téléphone avec le président Congolais Félix Tshisekedi entre autres sur les questions sécuritaires à l’Est de la RDC.
Patrick Ilunga
