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Propos durs tenus : Augustin Kabuya face à la stratégie du second feu

La période de la redistribution des cartes après les élections de 2023 est propice au dévoilement des pensées cachées car, chaque acteur est obligé de sortir le fond de sa pensée pour obtenir l’objet de ses désirs. Pendant cette période où certains sont dans le secret des délibérations, d’autres sont anxieux et veulent influencer les décideurs par un changement des rapports de force. Dans cette ambiance de surexcitation, les propos tenus par Augustin Kabuya, Secrétaire Général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti cher au Président Félix Tshisekedi), sont venus ajouter à la complexité de l’équation car, ils servent des matériaux à certains intérêts pour attiser les relations intercommunautaires au grand Katanga. Il n’est plus un secret qu’il existe une pensée non assumée politiquement mais qui tire sa cause des rapports ambigus et historiquement situés entre les deux communautés, Katangaise et Kasaïenne.

A chaque virage politique, les deux groupes sont souvent montés au créneau pour manifester les antagonismes possibles. C’est dans cette optique que des personnes en majorité kasaïenne prennent la parole pour vilipender la cheville ouvrière de l’UDPS au motif qu’il aurait tenu des propos outrageants à l’égard des Kasaïens vivant au Katanga dont le comportement serait mal vu. Au-delà de la véracité des faits ou pas, il convient en politique de faire une lecture appropriée et de mettre en lumière le contexte de cette communication.
Selon des réactions enregistrées en ce jour, plusieurs cadres hauts-katangais seraient d’accord avec le Secrétaire Général du parti présidentiel qui a eu le courage de vilipender sa communauté au nom de la cohésion nationale. Mais là où le bât blesse, c’est de voir que des personnes issues pour la plus part de cette communauté s’en prennent à Augustin Kabuya pour avoir osé critiquer ses propres frères. Ce qui pouvait être un incident de parcours est devenu le voile qui cache le véritable enjeu. Il y a des personnes qui estiment et c’est leur droit que la Primature en voie de téléchargement devrait revenir au Katanga vu sa contribution dans l’économie nationale. Argument qui peut se défendre comme un autre mais qui ne doit pas devenir un Marteau au-dessus de Tshisekedi le président. Derrière cette ambition, la menace d’une déflagration sociale et d’un conflit intercommunautaire qui aurait pour prétexte le comportement des Kasaïens et leur manque de diplomatie. Cette piste de conflit serait prête à s’enflammer à tout moment.

Des marches seraient télécommandées pour s’attaquer à Augustin Kabuya qui aurait été tenu responsable de toute escalade entre les communautés.
Quand on connaît la sociologie du moment et que l’on ne se laisse pas duper par le jeu des rôles apparent, on peut revenir sur des constances dans la politique telle qu’elle se vit au Katanga. Il existe malheureusement encore comme partout ailleurs des tireurs des ficelles qui ont toujours utilisé les frustrations parfois légitimes, parfois puisées dans les défauts des hommes pour construire des cabales politiques. De quoi s’agit-il ? Il y a un groupe d’intérêts qui estime avoir droit à la Primature du fait de l’éminente contribution de la province au budget national. Cette démarche peut se comprendre car, en politique les ambitions sont permises. Mais y aller par l’instrumentalisation des certaines personnes à qui prébendes sont promises est un acte malsain. Utiliser les points fragiles dans les relations intercommunautaires entre Kasaïens et Katangais pour accéder à des postes politiques est un acte immoral qui n’est pas différent de tous ceux qui ont endeuillé ce peuple. C’est pour cela que l’on peut alors comprendre le sens des propos tenus par Augustin Kabuya qui relève d’une sagesse politique de haut vol car, en réprimant les membres de sa propre communauté, il met une borne au pogrome programmé par les autres. Qui aime bien châtie bien, dira-t-on, mais ici il est allé au-devant d’un feu dévorant qui était destiné à ravager toute la forêt. Il a allumé un second petit feu pour libérer l’espace de manière à ce que le feu puissant arrivant à cet endroit puisse s’éteindre par défaut de combustible. C’est cette stratégie qui explique les propos durs tenus par un Kasaïen à l’endroit d’autres Kasaïens. Venir en politique sans capacité d’une double lecture est une cécité et une négligence coupable.

Parfois incompris, le Secrétaire Général de l’UDPS est un homme qui a encore le sens de l’écoute et le sens historique. Cette situation à l’époque du feu Étienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire s’était produite car, la pression populaire de la communauté Luba avait demandé au Premier ministre issu de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de s’attaquer à Gabriel Kyungu wa Kumwanza comme l’un des acteurs du refoulement de triste mémoire. Etienne Tshisekedi, répondant à cette sollicitation, avait déclaré que le plus important était de combattre l’instigateur principal qui, lui, était à Kinshasa. Il parlait évidement du Maréchal Président Mobutu, maître de la manœuvre et usager de la politique de diviser pour mieux régner. Les relations politiques au Congo doivent être assainies et bénéficier d’une sincérité dans les rapports entre acteurs, alliés, soient-ils.

Robert Tanzey

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