ACTUALITE

RDC : Le Conseil de sécurité inquiet de la situation au Congo

En un peu plus d’un mois, le Conseil de sécurité s’est réuni à deux reprises pour examiner l’évolution de la situation en RDC. Il s’agissait de se pencher sur l’évolution sécuritaire et humanitaire d’une crise qui dure des années et dans laquelle des millions d’hommes, des femmes et des enfants ont payé le lourd tribut.

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni mercredi 27 mars pour analyser de près la situation en République Démocratique du Congo. Selon Bintou Keita, représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC et chef de la mission de maintien de paix, « la situation sécuritaire dans l’est de la RDC s’est encore détériorée depuis la fin des élections, le M23 capturant des localités, avec pour conséquence d’aggraver la crise humanitaire et d’entraîner des déplacements de populations sans précédent ». Bintou Keita a indiqué que « selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 7,1 millions de personnes sont déplacées, soit 800 000 au cours des trois derniers mois. Et l’insécurité alimentaire touche 23,4 millions de personnes, soit un Congolais sur quatre, faisant de leur pays le plus affecté au monde par ce problème. Par ailleurs, pour le seul mois de janvier 2024, 10 400 cas de violences sexistes ont été signalés à travers tout le pays, une hausse beaucoup plus importante que les années précédentes. » « Une catastrophe humanitaire qui exige de la communauté internationale des réponses adéquates », a plaidé Keita.

Au cour de cette réunion, plusieurs pays, dont la France et les États-Unis d’Amérique ont condamné « avec la plus grande fermeté la reprise des offensives du M23 ainsi que le soutien prêté par le Rwanda à ce groupe ». « Si le Rwanda persiste dans son appui à ce groupe armé, il faudra réévaluer son rôle en tant que participant constructif aux opérations de paix », ont menacé les États-Unis d’Amérique. Pour la France, « le déploiement et l’utilisation par le Rwanda sur le territoire congolais de systèmes antiaériens marque le franchissement d’un nouveau seuil ».

Le Rwanda a de son côté dénoncé les déclarations des dirigeants de la RDC et du Burundi, qui ont menacé ce pays d’un « changement de régime » fustigeant aussi, selon le Rwanda, « l’appui des Forces armées congolaises aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ». La RDC a rétorqué que « les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont des Rwandais qui ont commis le génocide de 1994 et ont ensuite fui en RDC. Mais ce groupe armé a fait l’objet d’une éradication de la part des troupes congolaises et rwandaises dans le passé ». Kinshasa accuse ouvertement Kigali de « piller les ressources naturelles » du Congo.

Pour sa part, la Fédération de Russie s’est dite prête à discuter des paramètres d’une éventuelle assistance aux forces régionales par la Mission dès qu’elle aura reçu le rapport pertinent du Secrétariat de l’ONU.

Même si le débat a été largement consacré à la situation au Nord-Kivu avec le M23, Bintou Keita a rappelé la nécessité de regarder avec la même attention ce qui se passe en Ituri. « Nous devons également souligner les atrocités commises par les Forces démocratiques alliées (ADF) et leurs conséquences désastreuses sur les populations civiles, notamment à la frontière entre le Nord-Kivu et l’Ituri ». Presque 200 personnes y ont été tuées depuis le début de l’année, a-t-elle déploré. Dans le même temps, en Ituri, l’insécurité reste dramatique, alimentée, notamment par les exactions des milices CODECO, Zaïre, la Force de résistance patriotique d’Ituri (FRPI), le Front patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC), de même que les ADF.

Patrick Ilunga

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top