Economie

Relance de l’industrie du diamant -Transformation de la SACIM en société anonyme : Une instruction de Félix Tshisekedi

La relance de l’industrie du diamant préoccupe au plus au point le Président de la République, Felix Tshisekedi, car elle favorisera, d’après lui, la création et l’accroissement des chaînes de valeurs. Son souci est de voir les industries congolaises régénérées, améliorées et optimisées en vue d’accélérer le développement économique, de veiller à s’appuyer sur les meilleurs modèles existants, particulièrement ceux des pays ou des économies revêtant des caractéristiques similaires à la République Démocratique du Congo. C’est donc dans ce cadre qu’il a chargé la Ministre d’Etat, Ministre du Portefeuille d’accélérer le processus de transformation de la Société Anhui Congo d’Investissement Minier (SACIM), en société anonyme avec Conseil d’Administration, et ce, conformément à l’instruction donnée lors de la 45ème réunion du Conseil des Ministres du 21 août 2020. Il faut rappeler que lors de cette 45ème réunion dirigé par le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba, une décision avait été prise d’exiger à la Société Anhui d’Investissement minier (SACIM) de payer des revenues à la MIBA (Minière de Bakwanga) à la suite d’exploitation de son gisement de Tshibwe, dans le cadre d’un partenariat à parts égales entre le partenaire chinois et l’Etat congolais. Près de trois ans après, cette décision souffre toujours d’application.

SACIM en difficulté

Le 15 mai dernier, le Coordonnateur de cette société au Gouverneur de province Patrick Matthias Kabeya avait annoncé la reprise leurs activités minières comme d’habitude. Ce, après une dizaine de jours de suspension de toutes les activités minières suite à la pénurie de carburant et à l’absence des intrants industriels. «Nous sommes venus à l’invitation de l’autorité provinciale pour l’éclairer par rapport à la reprise des activités de la SACIM. Et donc je confirme qu’aussitôt que le carburant qui est en cours de route arrive à la mine, les activités reprennent comme par le passé», avait-il déclaré avant d’ajouter qu’à côté de l’arrivée des intrants industriels, il y a aussi l’arrivée du nouveau matériel dont deux excavatrices neuves qui sont en cours de chargement à Muene-Ditu pour renforcer la capacité de production.

Le Mardi 02 mai, la SACIM avait fait part des difficultés de trésorerie qu’elle a connues ces derniers temps. Dans un message adressé aux agents et cadres de cette société, la Direction générale a indiqué que la paie du mois d’avril prévue pour le 05 mai connaitra un léger retard. Le message cosigné par les Directeurs gérants Lubanda Luesu et Cao Shang Hua a fait craindre le risque d’une possible faillite de cette société minière qui emploie plus de 1000 agents. Mais on n’est pas encore là. La SACIM fait certes face à des difficultés financières. Mais depuis le Depuis mardi 09 mai, la société a imposé un service minimum à ses agents et cadres à cause de son incapacité à faire tourner ses machines par manque de carburants et d’intrants de traitement. Elle a donc décidé de suspendre ses activités.

Que se passe-t-il à la SACIM ?

À la SACIM, il se passe beaucoup de choses qui ne favorisent pas, soutiennent plusieurs experts, une gestion orthodoxe et transparente. Sa gestion quotidienne est exercée par le collège des gérants qui rend compte à l’Assemblée générale des associés. Outre une indemnité fixe à imputer aux frais généraux, ce collège des gérants est autorisé à s’accorder des indemnités spéciales, et la rémunération de ses membres était de 12 580 USD en 2020. Alors que la DGRAD atteste que l’État n’a rien perçu comme dividendes en 2018, SACIM a rapporté que la totalité du bénéfice soit 5.147.864 $US a été distribuée entre partenaires.

Selon un récent rapport du Secrétariat exécutif de l’ITIE/RDC, SACIM n’a pas de site web. Ce qui prouve à suffisance que l’entreprise sino-congolaise de diamants ne veut rien communiquer. Et si elle veut communiquer sur la toile, SACIM ne fait aucunement mention de ses états financiers. Les rares données disponibles sur la société d’économie mixte sont le fruit des fouilles du Secrétariat exécutif de l’ITIE/ RDC. Selon ses données, SACIM a réalisé un chiffre d’affaires, en 2019, de 67,21 millions $US, et en 2020, de 43,26 millions $US.

A en croire les mêmes sources, le total bilan 2019 de la SACIM se chiffre à 111,49 millions $US contre 211,14 millions $US en 2020. Et le résultat net 2019 est de 8,72 millions $US, et en 2020, de 3,78 millions $US. Et sur les deux exercices, l’Etat, réduit en sleeping partner comme dans la tristement célèbre Joint-venture Sicomines, n’a perçu aucun centime en termes de dividendes. Une situation qui avait poussé Eric Ngalula Ilunga, élu national du Kasaï oriental, au 1er ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, de réévaluer le partenariat SACIM qui s’illustre notamment dans les dols fiscaux.

Autre fait qui explique sa gestion peu transparente, c’est le fait que la SACIM préfère plutôt tenir son Assemblée générale au Mozambique alors qu’elle est une entreprise dans laquelle l’État dispose de 50% des parts, opérant et ayant son siège en RDC. Pour ce qui de sa production, rien est clair. A Tshibwe, à quelques encablures de Mbuji-Mayi où SACIM, le député Éric Ngalula s’est fait dire que la société a juste produit moins de 400.000 carats de diamants, mais au Secrétariat général de l’ITIE/RDC, SACIM a annoncé une production 3 965 179 carats, soit 132% de réalisation par rapport aux prévisions. Et la production réalisée en 2020 est de 4 400 212 carats du diamant, soit une hausse de 11% par rapport à l’année 2019. Le carat- équivalent à 20 cg- du diamant se négociait entre 22 et 25 dollars. Alors que la production de SACIM va crescendo, tout dégringole à la MIBA.

A propos de la SACIM

Son capital social est de 8 400 000 $US et composé de 1000 actions réparties à parts égales entre l’Etat congolais et le partenaire chinois AFECC. Pour l’exercice 2023, le ministère du Portefeuille n’espère percevoir comme dividendes qu’environ 1,5 million $US. Ridicule. Vu qu’il n’y a pas photo entre les miettes que SACIM verse à l’État après six ans de régime d’exonération et ses activités sur terrain.

Elle réalise, en effet, tant pour elle-même que pour le compte des tiers les opérations d’études, de prospection, de recherche et d’exploitation minière du diamant, du cuivre, de cobalt, de l’étain et de toutes les substances minérales concessibles et valorisables ainsi que toutes les opérations de concentration et de traitement métallurgique et chimique, de transformation, de commercialisation, d’exportation de ces substances et de leurs dérivés, l’ingénierie minière et toutes les opérations de nature à favoriser la réalisation de son objet social.

Djodjo Mulamba

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