ACTUALITE

Retombées économiques de la visite officielle de Félix Tshisekedi à Paris : Le groupe ALSTOM arrache le méga contrat de construction de la première ligne de TGV à Kinshasa

La multinationale française ALSTOM, aujourd’hui spécialisée dans le secteur des transports, principalement ferroviaires dont les trains, tramways et métros, va, dans quelques mois calendrier, lancer les travaux de construction de la première ligne de Train à grande vitesse (TGV) dans la capitale Congolaise, Kinshasa, une mégapole de plus de 12 millions d’âmes en proie à des difficultés de transport multimodal reccurentes. C’est l’une des retombées économiques de la première visite officielle du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en France. Le secteur minier n’a pas été oublié, Paris a promis également d’aider à la cartographie des richesses minières de la République Démocratique du Congo (RDC) pour en certifier les réserves mais aussi améliorer leur traçabilité et booster le méga projet hydroélectrique Grand Inga.

En effet, la célèbre citation de Stanley  » Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny  » a traversé plusieurs générations en RDC et a vu défiler des leaders dont Joseph Kasa-Vubu, Joseph-Désiré Mobutu, Joseph Kabila et enfin, Félix Tshisekedi. Tous l’ont intériorisé mais qui pour le réaliser ? Sous l’impulsion de Stanley, le roi Léopold II fit étudier le tracé d’un chemin de fer au Congo. Ce chemin de fer fut construit à grande peine, de 1890 à 1898. Stanley s’exprimait très vivement au sujet de ce chemin de fer  » Tant qu’il ne sera pas construit, le pays ne vaudra pas quatre sous  ».

Le cinquième président de la RDC semble l’avoir compris. Le mardi 30 avril 2024, lors de la conférence de presse animée conjointement par le Président de la République française et son homologue Congolais, à l’occasion de la première visite officielle du président de la RDC en France, Emmanuel Macron a débuté sa prise de parole en évoquant les chantiers mis en place entre l’Hexagone et le pays de Lumumba, insistant particulièrement sur les projets de défense, se rapportent aux mines, à la sécurité, la mode, l’environnement, les sports et la langue française que nous avons en partage.

 » D’abord, nous voulons continuer d’accompagner votre développement économique. On l’a évoqué ensemble, nos équipes ont travaillé sur ce sujet, et nous le faisons de manière partenariale, à votre écoute, en réponse à vos besoins, dans 3 domaines principaux, l’appui aux métaux critiques, aux villes durables et la transformation numérique  », a déclaré d’entrée de jeu Emmanuel Macron. A ce titre, le chef de l’État français s’est réjoui de l’intensification des investissements et des échanges commerciaux entre les 2 pays.

Le partenariat entre ALSTOM, METRO KIN et l’Agence française de coopération au développement (AFC) qui a été conclu dans l’après-midi porte sur un projet de construction du premier train urbain à Kinshasa.

 » Et nous voulons continuer d’aller de l’avant. Nous avons facilité les mécanismes de financement. L’AFD a accru sa présence et continuera de le faire. La Banque publique d’investissement avance aussi avec les entreprises et le développement du secteur privé. Je sais votre attachement, et je veux vous dire ici mon engagement pour aller plus loin sur des grands projets d’infrastructures, les corridors ferroviaires, y compris avec l’Angola, le projet Inga, et j’ai eu tout à l’heure le président de la Banque mondiale qui m’a dit son attachement. Et si la France était prête à y aller à votre côté, sa volonté d’avancer sur ce sujet, je veux ici vous dire que nous sommes prêts à y aller. Et la volonté de continuer à avancer fortement avec ce que nous avons signé ensemble, c’est-à-dire le travail du Bureau des recherches géologiques et minérales (BRGM) pour cartographier à vos côtés vos ressources minières, et notre volonté ensemble de travailler à une plateforme et un mécanisme de traçabilité de tous les minerais. Et ce mécanisme que vous appelez de vos vœux, c’est celui que nous soutenons, celui qui permet de lutter efficacement contre les trafics pour tous les minéraux critiques, celui, par exemple, comparable au processus de Kimberley pour le diamant qui existe aujourd’hui  », a ajouté le vingt-cinquième président de la République française, élu en 2017 et réélu en 2022 pour un second quinquennat. Pour ce faire, Paris a clairement affiché et publiquement manifesté sa volonté pour avancer sur cette ligne. Les premiers jalons ont été déjà posés lors de la visite d’Emmanuel Macron l’année dernière à Kinshasa.

 » Nous souhaitons aussi poursuivre les discussions pour une convention fiscale bilatérale. Nous avons lancé également une communauté Afrique-France entrepreneurs à Kinshasa la semaine dernière pour rapprocher les jeunes entrepreneurs français et congolais. Tout avance, et nous voulons donc aller encore plus loin sur le plan économique  », foi de Macron Emmanuel.

L’appui de la France à la population Congolaise n’a pas été oublié. Paris le fait dans le sillage des actions portées par le président Félix Tshisekedi particulièrement en faveur de la jeunesse et des territoires. Depuis 2022, sur un horizon de 3 ans, la France a engagé ensemble, a révélé le président visité, pas moins de 500 millions d’euros en RDC pour des projets concrets en matière de santé, d’éducation, d’enseignement supérieur et de recherche, de formation professionnelle, d’entrepreneuriat culturel ou encore de sport. Une fois ces engagements respectés, et ils le seront bientôt, pense Emmanuel Macron qui a sollicité la conclusion d’un nouveau protocole pluriannuel avant de saluer les initiatives concrètes pour la jeunesse. A titre exemplatif, il en a cité deux.

 » J’en prendrai deux à titre d’exemple. Dans le domaine de la mode, la France accompagnera bientôt la création d’un Institut régional de la mode à Kinshasa. Et dans le domaine sportif également, nombre de grands sportifs Congolais jouent en France, à commencer par le capitaine des Léopards, Chancel Memba, à qui je souhaite le meilleur pour le match de jeudi avec l’OM. Et nous voulons développer notre coopération sportive et allons soutenir la mise en place d’un Institut national du sport à Kinshasa sur le modèle de l’INSEP en France  », a-t-il renchéri. Ce projet a été présenté à l’hôte de la République française, le lundi 30 avril, en marge d’un grand match de football qui s’est tenu à Clairefontaine. Troisièmement, la France voit dans la RDC un partenaire clé dans la protection des trésors que les deux pays ont en partage. La forêt du bassin du Congo est l’un des poumons de la planète.

 » Nous avons lancé, lors de la COP 28 de Dubaï, un partenariat pour les forêts, la nature et le climat, ensemble aux côtés des Etats-Unis et de l’Allemagne, pour mutualiser les appuis financiers et techniques  », a annoncé E. Macron qui s’est réjoui du fait que Félix Tshisekedi ait accepté de faire de Kinshasa la capitale hôte de la prochaine conférence des parties du partenariat pour les forêts du bassin du Congo, co-organisée avec le Gabon et la France. L’autre trésor que la France et la RDC ont en partage avec les forêts, c’est la langue. La RDC est le premier pays francophone au monde avec plus de 100 millions des francophones.

Il sied de noter que la RDC ne possède que de 4007 kilomètres de voies ferrées (dont 858 kilomètres électrifiés) dans le grand Katanga, au Kongo Central, au Kasaï-Occidental, au Kasaï-Oriental et au Maniema avec plusieurs écartements : 1) Écartement de 1,067 mètre : chemin de fer Matadi-Kinshasa, chemin de fer Lubumbashi-Sakania, chemin de fer Lubumbashi-Ilebo, chemin de fer Kamina-Kindu, chemin de fer Tenke-Dilolo et chemin de fer Kabalo-Kalemie ; 2) Écartement de 1,00 mètre puis 1,067 mètre : chemin de fer Ubundu-Kisangani ; 3) Écartement de 0,60 mètre : chemin de fer Bumba-Aketi-Isiro-Mungbere ; 4) Écartement de 0,61 mètre puis 0,60 mètre :
Chemin de fer du Mayombe (Boma-Tshela)

Quant à ALSTOM, cette dernière est une multinationale française, aujourd’hui spécialisée dans le secteur des transports, principalement ferroviaires dont les trains, les tramways et métros. Elle faisait partie du groupe Alcatel-Alsthom, nouveau nom de la Compagnie générale d’électricité (CGE), avant la mise en commun de ses activités avec une partie du groupe britannique General Electric Company (GEC) prenant le nom de GEC-Alsthom. Elle sera ensuite introduite en bourse en tant que société autonome.

A l’origine Als-Thom, contraction d’Alsace et de Thomson, devenu Alsthom, était le résultat de la fusion, réalisée en septembre 1928, d’une partie de la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM) basée à Mulhouse puis à Belfort, spécialiste de la construction de locomotives, et de la Compagnie française pour l’exploitation des procédés Thomson-Houston (CFTH), société franco-américaine spécialiste des équipements de traction électrique ferroviaire et de la construction électromécanique. Elle devient Alsthom en 1932, puis Alsthom Atlantique en 1976, puis GEC-Alsthom en 1989 et Alstom depuis 1998.

Entre 2014 et 2018, General Electric rachète les activités Énergie d’Alstom, c’est-à-dire Alstom Power et Alstom Grid, notamment le site de Belfort. Dans le cadre de ce rachat, les activités de signalisation ferroviaire de General Electric GE Signalling sont reprises par Alstom. Le 29 janvier 2021, ALSTOM finalise le rachat et l’absorption de son concurrent canadien Bombardier Transport. Cette acquisition donne naissance à un géant industriel, numéro deux mondial du ferroviaire. A quand le premier coup de pioche ? Qui vivra verra !

Dieudonné Buanali

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top