Economie

Substance minérale stratégique : Qui sont les 10 premiers producteurs du cobalt en RDC ?

De nombreuses applications industrielles font du cobalt, à l’heure actuelle, l’une des huit matières premières stratégiques.  » Or, la République Démocratique du Congo (RDC), Congo concentrerait quelque 50 % des réserves mondiales de ce minerai, soit environ 3 millions de tonnes. Avec le regain de l’activité minière dans le Grand Katanga, ses exportations de cobalt ont fait un formidable bond. De quoi confirmer le titre de la RDC devenue en quelques années premier producteur et premier exportateur mondial, très loin devant la Zambie et ses autres concurrents (Canada, Chine, Russie…) », selon les données collectées et publiées par la Commission géologique américaine dont Géopolis Hebdo a pu consulter. Selon notre source, en 2022, la RDC a extrait 130.000 tonnes de ce métal précieux, soit 70% de la production mondiale  ». La RDC, l’Indonésie et la Russie forment le Top 3 des producteurs de cobalt en 2022 avec 10.000 et 8.900 tonnes respectivement. A en croire notre source, la Chine est le plus grand importateur de cobalt congolais. Pékin en étant le premier consommateur mondial avec environ 80% utilisé par l’industrie des piles rechargeables.  » Les prix mondiaux de référence du cobalt ont diminué, plus de la moitié, depuis mai 2022 et ont baissé de 13% jusqu’à présent cette année  », selon les données relayées par Bloomberg. Mais qui en sont les principaux producteurs ?

Elles sont une vingtaine à opérer dans la filière cobalt dont l’essentiel des gisements est localisé dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, dans le sud de la RDCongo. Parmi ces sociétés, figurent les filiales de cinq poids-lourds de l’Empire du milieu, spécialisés dans le raffinage du cobalt, la production de batteries Li-Ion ou encore l’assemblage de smartphones. En tête de ces poids-lourds, il y a notamment : 1) China Molyndenum Co (CMOC), 2) Zhejiang Huayou Cobalt, 3) Jinchuan international Resources, 4) China’s Wanbao Mining, 5) Nanjing Hanrui cobalt, 6) Glencore, 7) Eurasian Resources Groupe (ERG), 8) Chemicals of Africa (Chemaf), filiale de Shalina Resources, 9) la Société minière du Katanga (Somika), et la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines SA). Mais, mis à part la Gécamines SA, les opérateurs privés congolais y sont minoritaires.

La production congolaise de cobalt porte essentiellement sur des produits à faible valeur ajoutée, principalement des concentrés et des hydroxydes de cobalt, des carbonates et des alliages blancs. Environ 80 % de cette production prend la direction de la Chine, premier producteur mondial de cobalt métal, où le cobalt est raffiné avant d’entrer dans la composition des batteries. Le reste est exporté vers la Finlande, la Belgique et la Zambie.

En effet, la société CMOC, cinquième producteur mondial et premier producteur de cobalt en RDC, contrôle depuis 2016 Tenke Fungurume Mining (80% du capital), qui possède la 2ème plus grosse mine de cobalt au monde. Un achat qui permet à CMOC de s’assurer environ 15% de la production primaire de cobalt.

S’il ne détient que 5 % du capital de la Sino-Congolaise des Mines (Sicomines), en revanche, le groupe Zhejiang Huayou Cobalt, l’un des principaux producteurs chinois de cobalt raffiné, est majoritaire dans Congo Dongfang International Mining (CDM) et la Minière de Kasombo (Mikas).

Le groupe Jinchuan international Resources (75 % de parts sociales dans Ruashi Mining, via sa filiale Jinchuan Subco) est un autre leader de la filière. Avec 51% d’intérêts dans Feza Mining, qui opère en RDC depuis 1997, China’s Wanbao Mining se place également dans la cour des grands, de même que Nanjing Hanrui cobalt, actionnaire de Metal Mines.

D’autres entreprises, plus petites, et de nombreuses exploitations artisanales, à intérêts chinois, sont également en activité. Difficile toutefois d’en connaître avec précision les quantités produites. La production serait estimée à 10 500 tonnes de cobalt contenu et une partie exportée clandestinement vers la Chine.

Reste que les mastodontes de la filière cobalt de la RDC ne sont pas tous chinois. Dans le top 10 des producteurs, se trouve le suisse Glencore, le seul à produire du cobalt raffiné (avec une teneur de 90 à 99 % de cobalt) en RDC où il opère via deux filiales. L’une est Kamoto Copper Company (KCC) dont il détient 75 % du capital à côté de la Gécamines (20%) et de l’État congolais. KCC a récemment repris la production de cobalt, après plusieurs mois d’interruption. L’autre filiale est Mutanda Mining (Mumi).

Autre acteur de la filière, le groupe kazakh Eurasian Resources Groupe (ERG) contrôle 70 % de Boss Mining ainsi que Frontier. Sa production devrait monter en puissance dans les années à venir avec le développement du projet Metalkol RTR (Metal Kolwezi Roan Tailing Reclamation), dans lequel ERG détient 95 % de parts sociales. Le projet vise à exploiter quelque 112 millions de tonnes de rejets miniers, à 1,5 % Cu et 0,3 % Co, pendant une cinquantaine d’années. Dans une première étape, la production serait de 14 000 tonnes de cobalt. ERG pourrait ainsi voler la vedette à son concurrent Glencore.

Avec une demande mondiale en forte hausse, la RDC, qui concentrerait plus de 50 % des réserves mondiales de cobalt, soit environ 3,4 millions de tonnes, selon le U.S. Geological Survey, va continuer à être fortement courtisée. Déjà bien représentée en RDC, la Chine, qui ambitionne de devenir le leader mondial du stockage d’énergie et de la production de véhicules électriques, entend conforter ses positions dans le pays.

Toutefois, la RDC dont la place dans la production mondiale de cobalt raffiné est insignifiante (3 % en 2015), a aussi son agenda. Après avoir classé le cobalt en substances minérales stratégiques, une qualification qui induit notamment une modification et une hausse de la fiscalité et des royalties, elle vise le raffinage total du minerai sur place. Une ambition justifiée, mais qui demande davantage d’énergie et un abaissement du coût de transport du minerai. Autres points à résoudre, le réajustement du capital social des entreprises minières, la nouvelle loi minière, promulguée en 2018, prévoyant de porter à 10 % la participation de l’État non diluable dans le capital social des sociétés minières au stade de l’exploitation et une participation à hauteur d’au moins 10 % de personnes physiques de nationalité congolaise dans le capital social de ces sociétés.

Dieudonné Buanali

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