TRIBUNE

Tribune : LE GIGANTISME ET/OU LE HOLDING EST-IL DANS NOTRE ADN ?

La question mérite d’être, à la fois, posée à l’imaginaire collectif et à notre rétroviseur national, c’est-à-dire notre Histoire commune récente. Un bond de 50 ans dans le passé nous ramène aux années 1972/1973/1974… C’est l’euphorie au Zaïre de Mobutu. Inauguration sur inauguration de nouvelles infrastructures même si la rentabilité fait défaut. C’est dans un tel climat que sera prise la décision malheureuse de zaïrianisation de l’économie sans aucune étude au préalable. Ce qui devrait arriver, arriva… Pour éviter la faillite généralisée, Mobutu se fera violence pour passer à la restitution des sociétés zaïrianisées sous la triste appellation de rétrocession… C’est sur cette lancée qu’il sera cette fois-ci attiré par rassembler les sociétés poursuivant le même objectif sous le label de Société Nationale… Nonobstant les distances, la différence de mode de gestion, les différents fournisseurs, etc. Un imbroglio qui ne dit son nom. D’où la fondation, en cascade, des Sociétés Nationales… Telles que La Société Nationale d’Electricité – SNEL qui s’est retrouvée avec le barrage d’Inga flambant neuf… La Société Nationale d’Assurance – SONAS… La Société Nationale des Chemins de Fer – SNCC, etc. Beaucoup d’autres ayant rejoint le dépotoir des Entreprises publiques en une vingtaine d’années de criante megestion…

Aujourd’hui, l’heure du constat de cuisant échec vient de sonner ! Prenons le courage en mains. La roue a déjà été inventée… Une fois ! Le cas de la SNEL, par exemple, est le plus frappant. Fréquentes coupures suivies de multiples délestages, etc. pour n’en citer que ces cas. Quelle a été la situation de production d’électricité dans notre Pays avant l’avènement de la SNEL. Prenons le cas du Katanga. D’un côté nous avions la SOGEFOR : propriétaire des barrages avec la GECAMINES ainsi que du transport et de la conversion. A l’autre bout, nous avions la SOGELEC : Société générale d’électricité pour la distribution et la commercialisation. Dans l’ancienne province de Léopoldville. De même. Sans transition aucune, sans étude de faisabilité au préalable, Mobutu pousse à la réunification. La population et les affaires, notamment les miniers et les industriels en paient le prix fort. Deuxième cas le chemin de fer. En ayant à l’esprit la phrase prophétique de Stanley : Sans chemin de fer le Kongo ne vaut pas un penny. Pour Mobutu et ceux qui l’ont laissé tenter cette aventure… D’un côté, nous avions la BCK fondée la même année que l’Union Minière en 1906… BCK : Du Bas-Congo au Katanga. Le chemin de fer, en remontant part de Sakania, frontière avec la Zambie, à Ilebo en passant par Tenke, un branchement vers Dilolo frontière avec l’Angola et en passant par Kamina. A droite, de Kamina à Kabalo, et de Kabalo à Kindu… Deuxième société de chemin de fer, CFL, de Kalemie à Kamina, et éventuellement à Kabalo… Et une troisième au Nord-est de l’ancienne province orientale…

Tout ce puzzle, par décision de Mobutu, sera noyé, au propre comme au figuré, dans la Société Nationale des Chemins de Fer, BCK aura eu temps de passer par KDL : Katanga, Dilolo, Léopoldville. Évidemment pour des raisons propres le Chemin de fer de Matadi à Kinshasa est resté rattaché à l’Office National de Transport. Quoi entreprendre ? Puisque, malgré les efforts gigantesques, aucune action durable ne réussit jusqu’à aujourd’hui ! Les dissoudre et revenir à la case du départ d’il y a plus de 5O ans… Aucune honte ! C’est l’inverse qui est mortel ! Pour la SNEL, on l’a ressenti, le problème n’est pas lié à la libéralisation, mais rattaché à la rentabilité sectorielle qui elle ramènera la rentabilité de l’ensemble. Donc revenir à Trois Sociétés initiales : Primo, les Propriétaires des barrages ; Secundo, les Propriétaires de transport – Pylônes et éventuellement de transformation ; Tertio, à plusieurs distributeurs pour la commercialisation tant en villes et cités que dans nos campagnes ! Ainsi chacune mettra toute son intelligence pour accroître la rentabilité ! Le même raisonnement pour la SNCC… Mais cette fois là : quatre à cinq sociétés ! A savoir… Primo, les Propriétaires des installations fixes – rails à renouveler sur toute l’étendue de la République tout en songeant à l’écartement, divers ateliers, gares, etc. ; Secundo, les Propriétaires du transport des minerais ; Tertio, les Propriétaires du transport des marchandises ; et Quarto ceux des personnes et leurs buens… Simple, non !

N B : Les locomotives, les wagons, les voitures, etc. pourraient éventuellement appartenir à une cinquième société distincte pour plus de rentabilité, etc. Le personnel est à former dans cette nouvelle manière de travailler en faisant appel d’abord aux retraités kongolais qui se meurent, à petit feu, à partir de 65 ans avec des sommes ridicules que devraient leur payer la Prévoyance sociale… Ils se meurent avec leurs multiples innovations. En ayant à l’esprit qu’un être humain normal redevient inventif/créatif/débordant d’innovations entre 70 ans et 80 ans. Or au Kongo, à cet âge, ils ne sont même pas consultés pour le malheur de l’imaginaire collectif. Qui dit mieux ?

Katsh Katende
Artiste, passionné des mines

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