TRIBUNE

*Tribune : Au-delà de la diabolisation du ministre des finances, se tiennent des forces qui tendent un piège à la RD Congo dans son élan de reconquête souveraine

Tout a été orchestré, tout est mis en musique avec un souci de détails qui frise une machination huilée. Et comme cela est devenu coutumier l’opinion publique, par des acteurs aussi préparés, inconsciemment vehicule les éléments du complot sans savoir qu’il s’agissait plus du pays que du sort d’un homme. Dans les milieux d’affaires français, ça se sussure et plusieurs capitaines d’industries ont présenté à des journalistes d’investigation leur surprise de l’absence de l’argentier national à cette table ronde qui était pourtant de son cru et pour lequel il a travaillé pendant de nombreuses heures. Mais il s’est dit dans les coulisses que la RD Congo était tombée dans le piège lui tendu par ses ennemis en réussissant à diviser ses deux meilleurs généraux dans le domaine financier. Le patron des finances dont le combat fut la maximisation des recettes et celui de l’IGF dont la force est dans le contrôle de la gestion de ces mêmes finances publiques.

Les contradictions entre services et administrations existent partout, mais ne peuvent pas devenir virales au point de devenir des zones d’exclusion où la vérité est difficile à obtenir.

Revenons à Nicolas Kazadi qui est présenté comme un hors-la-loi alors qu’il a été exemplaire dans la conduite des réformes entreprises par le chef de l’Etat et menées par lui (Nicolas Kazadi) au sein du gouvernement. On ne peut, à moins d’être un homme de grande cécité, reconnaître les avancées significatives que le pays a engrangées ces dernières années. Alors devenu l’acteur indispensable de la réussite du programme avec le FMI, il devenait aussi la cible idéale pour ceux qui visaient plus loin que la simple diabolisation, ceux-là veulent détruire systématiquement les arcanes du retour à la confiance des congolais dans leur propre capacité à conduire leur économie et surtout leur finances. C’est ainsi qu’une trompette est embranchée pour qu’une guerre interne soit menée pour que des soldats d’une même armée puissent se rentrer dedans.

L’actuelle croisade anti Nicolas Kazadi cache des motifs plus profonds car la coïncidence est de taille. Sinon comment expliquer que cette situation de scandale ne puisse sortir qu’au moment même où une mission du FMI séjournait dans le pays ? Comment expliquer que c’est au moment de la tenue de la table ronde qu’il avait préparée minutieusement pour ramener la France dans les bonnes grâces de la République, que des volontés multiples ont vite fait de l’empêcher de se déplacer pour Paris ? Ce sont là des questions qui doivent interpeller les bonnes consciences alertes.

Quand on analyse le travail qui a été effectué par la délégation congolaise à la table ronde de Bercy, il apparaît clairement qu’un travail de fond a été mené par des hommes à la vision large pour sortir le Congo des solutions étriquées sans possibilité de largesse. Le front politique est forcément celui d’avoir laissé l’occident croire qu’il lui fallait franchir le rubicon pour reprendre pied en Afrique et surtout au Congo. Comment des officines ont convaincu Paris, Bruxelles, Washington que Kinshasa était devenu le bastion d’une contestation au point qu’il devenait nécessaire de lui préparer une opération de destabilisation ? Le travail de retour vers la normale effectué par le gouvernement congolais devait être freiné pour justifier les voies choisies mais sans issue. Dans le pays, une clameur a exigé que le gouvernement aille négocier directement avec les multinationales. Pour y arriver, première étape, reprendre contact avec les institutions de Bretton Woods, négocier un programme et tenir la dragée haute de la bonne gouvernance et normaliser le dialogue avec les capitales victimes de la manipulation des intermédiaires.

Ce programme avec le FMI est en voie de connaître un aboutissement et c’est une ligne droite vers un lieu de basculement vers un autre niveau auquel la RD Congo n’avait jamais accédé dans ses relations historiques avec le FMI. Cette conclusion qui allait ouvrir la voie des investissements massifs devait être obstruée. Et c’est ainsi qu’il apparaît clairement que les attaques contre Nicolas Kazadi prennent tout le sens d’une attaque ciblée dans une guerre hybride où on demande à la RDC d’écarter l’un de ses meilleurs soldats du front de la normalisation. S’il est facile aux différents acteurs de donner des éléments pouvant contenir le questionnement suscité par la question des forages et des lampadaires, il est par contre lourd le prix à payer pour rétablir l’image du pays surtout auprès du patronat français qui s’était engagé à construire une plate forme de collaboration étroite avec l’État congolais.

L’opprobre que l’on veut jeter sur le ministre est en réalité une attaque sur le pays et sur son président car on lui présente un fils en lui demandant de le crucifier, but ultime de la manœuvre pour asseoir une politique de la peur basée sur la manipulation. Il est temps que les stratèges congolais ouvrent l’œil et le bon pour extirper des postures actuelles la part de la sincère indignation et l’œuvre sournoise de ses ennemis tapis dans la gestion orientée des conflits de gestion. Cette étape est décisive et elle devrait aboutir à un resserrement des liens autour du leadership national car, des officiers de cet acabit, en s’affrontant, peuvent provoquer une mutinerie.

Jean -Jobert Makenga
Analyste politique

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