TRIBUNE

Tribune : Non, Tata Cardinal

Avec ses gros sabots, sa calotte cardinalice, son goupillon et sa croix, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu a voulu fêter à sa manière la résurrection du Christ en République démocratique du Congo par des invectives et le dénigrement de l’armée nationale. Erreur !

Tous feux tous flammes, ainsi qu’ont noté la plupart des observateurs ayant suivi son homélie du samedi saint, le prélat catholique s’est adonné à son exercice favori, celui de fustiger le pouvoir et d’imputer à ce dernier tous les péchés qui accablent la terre sainte du Congo. Ce n’est pas nouveau et ça ne dérange personne outre mesure, parce que c’est un rituel connu.

En guise d’homélie, en lieu et place de l’évangile de libération, Tata Cardinal a entonné, sans retenue et avec enthousiasme, celui de la division, de l’affaiblissement de l’armée et des institutions, du soutien à la traitrise, au pillage et à l’ennemi extérieur.

L’Archevêque de Kinshasa s’est de nouveau déchaîné dans son rôle tribunicien du haut de la chaire de la cathédrale Notre Dame du Congo. D’abord en dénigrant les Forces armées de la RDC (FARDC), décrétant de manière péremptoire que «le Congo n’a pas d’armée». Le prélat catholique ne se préoccupe pas d’indiquer les causes proches ou lointaines de cet état des choses. Ensuite, il a pris soin d’exonérer ceux qui l’ont infiltrée et noyautée à force de brassages et de mixages.

Il s’est bien gardé de reprendre ici le dernier classement du mois de janvier 2024, qu’il connaît bien, de la structure américaine dénommée Global Fire Power qui place les FARDC au 8ème rang sur 34 armées nationales en Afrique, loin certes derrière l’Égypte qui caracole en tête, mais une place tout de même honorable pour une armée dont on dit « qu’elle n’existe pas ».

Tenir des propos offensants contre l’Armée est incompréhensible au moment où de nombreux compatriotes tombent sur le champ d’honneur en vue de défendre l’indépendance nationale et l’intégrité du pays, contre une nébuleuse dont les terroristes du M23 et leurs soutiens de l’armée nationale rwandaise ne sont que la face cachée de l’iceberg.

Le Cardinal Ambongo a-t-il oublié les propos du secrétaire général des Nations-Unies qui, personnellement, déclarait que les « rebelles » de la RDC disposaient des « armes qui font peur » et dont ne disposait même pas l’ONU – à travers la Monusco ?

A-t-il pensé à l’effet pervers de ses propos discréditant les FARDC sur les Congolais en général qui fondent leur espoir sur cette unique structure nationale qui lutte efficacement sur le terrain contre les agresseurs et leurs soutiens, et en particulier sur les nombreuses familles dont les enfants ont payé de leur vie pour que ce pays continue à exister comme tel ?

Tata Cardinal ignore-t-il que sans ces femmes et ces hommes qui font le sacrifice de leurs vies pour nous permettre de dormir et de nous réveiller, il n’aurait pas pu célébrer la semaine Sainte dans les conditions que tout le monde connait dans le pays?

Non, Tata Cardinal !

Dans son envolée pascale, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa n’a pas dérogé à son rituel habituel qui consiste à s’attaquer aux institutions ainsi qu’aux dirigeants du pays, sans rien proposer comme alternative, mais dans l’unique intention de défaire l’unité et la cohésion nationale afin de se positionner comme un pathétique recours.

«Nous tenons des discours ici, comme si nous étions forts», a ironisé le «saint homme», faisant mine de s’émouvoir, avant de placer l’estocade : «nous savons très bien que notre pays est à l’agonie, un grand malade dans un état comateux.»

Pour Tata Cardinal, il serait donc déjà temps d’inviter les animateurs des institutions congolaises à entonner le Hosanna pour recevoir les adeptes de L’AFDL-bis, déterminés à saucissonner le pays au profit des puissances étrangères ?

Comme à son habitude, le cardinal Ambongo a cherché à frapper fort, allant jusqu’à dédouaner le Rwanda d’avoir installé un régime d’occupation, de pillage et de massacres dans l’est de la RDC. Il a tenu à blanchir le régime précédent de toutes les faiblesses dont lui-même accuse le pouvoir actuel, allant jusqu’à oublier que la Conférence épiscopale, dont il est un membre éminent, avait en son temps fustigé les brassages et les mixages ayant favorisé l’infiltration de l’armée et des institutions.

Le moins que l’on puisse dire est donc, une nouvelle fois, que l’Archevêque Ambongo abuse à la fois de sa position et de celle de l’Eglise catholique. Il s’engage avec délectation, avec force polémique et provocation, dans une sorte de vendetta personnelle contre les autorités pour lesquelles le Christ exhorte pourtant ses disciples à prier.

Très peu porté dans son homélie sur l’évangélisation, le Cardinal Fridolin prêche une chose mais pratique son contraire sur la situation de l’Est congolais. Faisant fi des enseignements du Christ qui recommande d’enlever la poutre qui obstrue votre vue avant de voir la paille qui est dans l’œil du voisin, l’Archevêque de la capitale ne voit pas les saletés et les odeurs nauséabondes qui étouffent les chrétiens dans presque toutes les toilettes des paroisses de sa juridiction ecclésiastique, mais il ne s’intéresse qu’aux saletés qui jonchent les rues de Kinshasa. Non pas pour appeler la population, comme le ferait un bon père de famille, à jouer son rôle dans l’assainissement de la capitale, mais uniquement pour charger les autorités qui jetteraient les ordures partout et qui ne feraient rien pour les enlever.

Or, si tout le monde balayait devant sa case et se gardait de jeter les objets usés ou utilisés partout, on ferait déjà un pas dans la bonne direction de l’assainissement. Curieux tout de même que Cardinal Fridolin Ambongo se garde, comme le font déjà de nombreux autres leaders de la société civile, de dispenser un tel enseignement à ses ouailles.

Le prélat catholique doit stopper lui-même ses tentatives répétées de semer la zizanie et la division au sein des populations qui ont la naïveté de l’écouter.

D’ici-là, force est de constater que c’est de lui-même qu’il a délibérément choisi les armes non conventionnelles avec lesquelles, parmi les Congolais, nombreux sont ceux qui choisiront de lui répondre. En attendant sa prochaine homélie !

Bienvenu-Marie Bakumanya

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