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Adolphe Muzito : « Je serai candidat à la présidence de la République en 2023 »Dans une interview exclusive accordée à l’agence congolaise de presse le président de nouvel élan a fait le tour de la situation qui prévaut à Lamuka depuis la séparation ou divorce unilatéral avec Martin Fayulu.

Adolphe Muzito : « Je serai candidat à la présidence de la République en 2023 »Dans une. Homme de grande conviction Adolphe Muzito a dans cette interview clarifie sa propre démarche et s’est situé par rapport aux autres forces politiques et a estimé que c’est autour des programmes, c’est à dire des offres politiques que le peuple devrait se décider sur les dirigeants de demain.Agence Congolaise de Presse : Monsieur le Premier Ministre Adolphe Muzito, qui préside aujourd’hui aux destinées de Lamuka?Adolphe Muzito : La Coordination de Lamuka aujourd’hui, c’est Nouvel Élan parce qu’elle a cessé d’être le fait des personnes ou des personnalités. Après la réforme réalisée en 2021, ce sont les partis qui deviennent membres cofondateurs de Lamuka. Désormais, c’est Nouvel Élan et l’Écide.

Et la passation de flambeau n’a pas eu lieu du fait de l’acte de fraude posé doublement par monsieur Fayulu. D’abord, en excluant Nouvel Élan parce que lui a parlé de l’exclusion de Muzito. Or, Muzito ne peut pas être exclu parce que Muzito n’est ni président de Lamuka, ni président de Nouvel Élan.

C’est plutôt Nouvel Élan qui est cofondateur de Lamuka à côté et ensemble avec Écide. Ils ont prétendu avoir exclu Monsieur Muzito de Nouvel Élan, frauduleusement et abusivement, et cela en violation des textes de Lamuka. Et ils ne sont pas venus pour faire la passation du flambeau en faveur de Nouvel Élan à la date prévue à savoir le 11 Avril dernier.

Nouvel Élan a pris acte de cette rébellion de monsieur Fayulu. Et a pris les commandes de Lamuka. Donc c’est Nouvel Élan qui assure la Coordination de Lamuka.ACP : Martin Fayulu a passé le relais de la Coordination de Lamuka au professeur Kalele. Comment il se fait que le professeur Kalele se retrouve à la Coordination?AM : Mais C’est ça l’abus. C’est ça la violation de la convention de Lamuka. Il s’est fait soi-disant coopter par Monsieur Fayulu, unilatéralement, frauduleusement, irrégulièrement en violation de la convention et par la suite, on lui a passé le flambeau, en tant que désormais cofondateur de Lamuka alors qu’il est membre de l’Écide, ou de la Dynamique de l’Opposition qui est le regroupement de Martin Fayulu sous le label duquel d’ailleurs il a été investi candidat aux élections de 2018.ACP : Est-ce qu’on peut considérer que Lamuka est en pleine scission ?AM : Pas en pleine scission. Lamuka a été cassé par Martin Fayulu.

Il a prononcé le divorce de manière unilatérale. Donc nous pensons que c’est une rébellion. Il aurait pu choisir la voie amiable mais, il a fait ce qu’il a fait, et nous pensons donc qu’il s’est éloigné de Lamuka. Il s’est écarté de la loi du parti qui nous régit et donc nous avons pris acte.ACP : Votre ancien compagnon vous reproche d’être proche du Président Tshisekedi …AM : Oui, mais de quelle manière ? C’est ridicule ! Ça relève du fétichisme. Moi, j’ai eu plusieurs occasions comme lui, comme Katumbi et comme Bemba d’aller à l’Union Sacrée. J’ai refusé.  Dès le départ de la création de l’Union Sacrée, j’ai refusé. Par la suite, j’ai eu l’occasion d’entrer au gouvernement, d’après ce que lui Martin faisait circuler comme bruits. Je ne suis pas membre de ce gouvernement. Je ne peux pas devenir Premier Ministre comme on l’a dit, à la tête d’une majorité dont je ne suis pas représentatif puisque je n’ai même pas de députés. Moi-même j’ai été député mais l’Union Sacrée m’a invalidé.Ils ont signé la charte qui sanctionne cette organisation, c’est-à-dire l’Union Sacrée. Je n’en suis pas membre. Alors ça relève du fétichisme de considérer que je suis à l’Union Sacrée, alors que l’Union Sacrée est à la fin de son mandat. Ils ont un bilan à faire. De facto, je n’en suis pas membre. Il faut être diabolique pour dire des choses comme ça.ACP : Les élections s’approchent, l’enrôlement a pris fin. Muzito sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle ?

AM : Oui. Mon parti sera candidat, portera des candidats à tous les échelons jusqu’à la présidentielle de la République. Je serai candidat à la présidence de la République en 2023. Disons début 2024, fin 2023.ACP : Muzito proposera quel programme au peuple congolais pour le convaincre ?

Quel est votre atout?AM : Je ne veux pas des alliances avant tout programme. Il faudrait déjà bientôt que je présente mon offre politique. Je crois que ça sera au mois de juin. Je vais présenter mon offre politique qui est en pleine élaboration. J’ai commencé la tournée dans le Grand Bandundu, je vais aller dans d’autres provinces parachever mon offre politique. J’espère que beaucoup d’autres partis politiques ou plateformes vont présenter la leurs.  Sur cette base-là, on va voir quelles sont les convergences, quelles sont les divergences, quelles sont les possibilités de compromis, de synthèse, etc…

Ce n’est qu’à ces conditions-là que les alliances sont possibles. Mais, je pense que même ces alliances ne seront possibles qu’après les élections. ACP : Vous irez donc seul aux élections ?

AM : Non. Comme président de la République, généralement on va seul parce que la candidature à la présidence de la République, c’est le peuple. Maintenant pour faire la majorité parlementaire, il faut une coalition. Mais cette coalition, je souhaite qu’elle se fasse sur fond d’un programme, d’un projet. C’est probablement après les élections, naturellement qu’on peut faire une alliance pour gouverner ensemble. C’est en sachant la taille politique de chacun au regard des résultats. Parce que le régime est parlementaire chez nous, voyant la taille politique de chaque plateforme ou de chaque parti politique qu’on peut configurer la majorité.

ACP : Est-ce qu’aujourd’hui on peut dire que Nouvel Élan et ses potentiels alliés ont pu conquérir l’ensemble de la République Démocratique du Congo ? Le pays est vaste.AM : Oui, à terme oui. Mais en tant que journaliste, vous êtes censé savoir que nous sommes le seul parti à être implanté à travers le pays. Avec une soixantaine de sièges propres à nous. Maintenant pour ce qui est de l’animation, nous la faisons au fur et à mesure. De toutes façons, non seulement nous avons des sièges mais, on a aussi les organes, des animateurs de différents organes. Que ça soit les organes délibérant du parti, les organes exécutifs du parti, nous sommes à travers tout le pays, toutes les villes et tous les territoires. Maintenant, c’est l’animation, la mobilisation de la population sur les idées, sur notre diagnostic, sur nos propositions quant à ce que nous voulons faire du Congo et des Congolais.

ACP : Il a été enregistré, il y a quelques temps une surchauffe sur le marché de change et pourtant les statistiques démontrent que le pays mobilise davantage de recettes, comment vous, en votre qualité d’ancien Premier Ministre, ancien ministre du Budget et surtout économiste bien connu sur la place à Kinshasa, expliquez cette contradiction ?

AM : D’abord de manière générale, la critique que nous formulons ou s’agissant de l’analyse que nous faisons de notre économie part d’un postulat faux. Ce que nous voulons réfléchir économie alors que les données que nous avons et l’activité que nous avons sont essentiellement une activité de trésorerie ou de Trésor public.Généralement, on raisonne dans le court terme. Si nous voyons les choses structurellement et nous voulons faire une analyse à long terme, rétrospectivement ou en perspective, ce que nous constatons d’abord que notre PIB est de 80 milliards, si nous prenons le chiffre du cadrage macroéconomique d’aujourd’hui.80 milliards pour 120 millions de Congolais. Ça signifie que le Congolais vit en moyenne avec 500 dollars par année. L’Européen vit plus ou moins avec 40.000$. Nous nous sommes à 500$, un écart de 1 à 100. La moyenne africaine pour le pays d’un niveau de revenu plus élevé,  c’est de 5.000$. Nous, on est à 500. Donc un écart de 1 à 10.Le paradoxe est que la surchauffe existe y compris dans le pays structurellement développés.  Mais nous, on est déjà pauvre et nous pensions que s’il n’y a pas surchauffe, nous serions un pays normal. Non ! Nous sommes structurellement pauvres. La surchauffe, c’est comme  quelqu’un qui est malade à l’hôpital, mais qui dans son lit de malade attrape un peu de fièvre, ainsi de suite. Alors il ne faut pas examiner la fièvre et la prendre très au sérieux, sans oublier plutôt la maladie dont il souffre véritablement. Ici dans le cas du Congo c’est la pauvreté structurée et endémique. La surchauffe, pour moi n’est que la conséquence logique de notre état de pauvreté. Je prends l’exemple. Voyez-vous qu’en ce qui concerne la balance de paiement chez nous, 99% de nos ressources en devise viennent du secteur minier, 1% il faut le diviser entre le secteur industriel et le secteur agricole. Donc plus ou moins 0.5% représente nos exportations venant du secteur de la majorité populaire, qui est le secteur agricole. Alors, quand vous dépendez des mines et que 99% de vos exportations viennent de l’économie minière qui est une économie qui utilise le capital intensif, c’est-à-dire utilise l’usine qui extrait et ce facteur-là qui extrait prend le gros lors de la répartition des revenus. En clair, le secteur minier n’utilise pas les Congolais pour redistribuer toute la richesse, puisqu’elle vient du capital. La part du lion va indiscutablement chez le capital.Quand on parle de surchauffe, on simplifie la question.

Nous dépendons d’un secteur: l’économie minière.  Quand il a un faible niveau de production ou quand il y a baisse de production où il y a baisse de prix des produits de base, la matière première en question, donc vous avez une difficulté. Mais dans le cas d’espèce, c’est ça le paradoxe. Nous n’avons connu ni baisse de production, ni baisse sur le marché international des produits de base : cobalt ou cuivre; et nous avons fait une performance en terme des recettes. Au budget 2022 de l’année passée, il était prévu 7 milliards en ressources propres. Maintenant on a réalisé 3 milliards additionnels, qui s’annonçaient et devaient faire l’objet d’un budget collectif, un collectif budgétaire ou un budget rectificatif pour que leur utilisation par le gouvernement soit faite sur base d’une loi qui indique comment on allait utiliser les trois milliards additionnels qui n’étaient pas prévus au budget. Les gens ont pensé que j’étais entrain de faire l’éloge de Monsieur Tshisekedi. Non. J’étais entrain de dénoncer justement. Je disais au peuple, comme dans la vie de tout le jour : si papa a un peu plus d’argent, la maman crie : +ah papa azwi mbongo ebele+, elle ne vante pas son mari. Elle le dit aux enfants, les mettant au courant pour que chacun amène sa petite liste.Je crois beaucoup aux vertus de la consommation. La consommation, à travers le salaire parce que cela booste l’économie, élargit le marché, c’est-à-dire, la demande solvable au profit de l’économie.Ça m’étonne que , le gouvernement, le gouverneur de la Banque Centrale n’aient pas injecté les devises sur le marché de change pour récupérer le pouvoir d’achat de la population.Je dis qu’il faut qu’ils se rattrapent pour injecter les dollars et ramener le taux à 2000 francs congolais.Quand votre monnaie baisse de valeur parce que la devise étrangère augmente de valeur, il faut améliorer la valeur de votre monnaie en injectant la devise étrangère. Et notre réserve, les réserves de change de notre économie sont autour de 3 milliards et demi, ce chiffre qu’on n’a jamais atteint, mais qui a son importance que si on l’utilise pour stabiliser la monnaie. Je m’attendais à ce que le gouvernement avec le gouverneur de la Banque centrale puissent injecter les devises étrangères sur le marché de change de manière à faire baisser le taux du dollar par rapport à la monnaie nationale, de manière à ce qu’on passe de 2 300 à 2000 ou même un peu en dessous, à tel enseigne que le pouvoir d’achat de la population reprenne de la valeur.

ACP : Quelle solution Adolphe Muzito prône pour mettre fin à la guerre ?

AM : Le pays est occupé par un pays voisin. Nous sommes agressés. Nous sommes sous occupation des ennemis.   Je considère que les pays de l’EAC ne garantissent pas notre souveraineté. La souveraineté d’un Etat ne peut pas être assurée par d’autres Etats, amis soient-ils. Or dans ce domaine il n’ y a pas d’amis, ce sont des intérêts. Je n’ai pas de garantie que ces pays étrangers de l’est vont sécuriser nos intérêts, vont permettre à nos populations d’accéder à ses richesses, de fonctionner aisément ! Je crois que la solution définitive c’est de bouter les rwandais hors de nos territoires et pour relever ce défi, il faut faire la guerre contre le Rwanda. Mais on ne peut pas leur faire la guerre avant d’avoir fait une armée véritable. Dès que nous avons une armée, dès que nous aurons montré les muscles, je crois que les Rwandais vont s’assagir et se retirer tout simplement.

ACP : Est-ce que le projet de loi Tshiani est opportun à la veille  des scrutins ?AM : Si j’étais au parlement j’allais voter contre cette loi. Mais je dis ceci: Monsieur Katumbi et tous les autres qui sont contre cette loi et tous les congolais d’ailleurs pour qui j’ai beaucoup de considération ; ils ont accepté ces institutions, ils siègent dans ce parlement, ils doivent aller jusqu’au bout de la règle démocratique du parlement. On ne peut pas interdire un parlement de siéger et de décider parce qu’on n’est pas d’accord avec une loi ! Il faut tout simplement jouer le jeu démocratique parce que vous reconnaissez ce parlement-là.  Que les rapports des forces l’emportent ! Que ceux qui sont pour, s’ils ont la majorité, la loi sera votée. Si  ceux qui sont contre la loi sont majoritaires, la loi ne sera pas votée. Et peut-être ajouter aussi ce qu’on appelle +la démocratie sociale+, en faisant pression de la rue mais de manière démocratique, sans violence. Donc la démocratie doit fonctionner. Que Monsieur Katumbi et les siens qui sont au Parlement, respectent le jeu démocratique, en faisant prévaloir leur thèse ! Moi je suis contre toute tentative de violence ou de séparation des Congolais. Ils se trompent, s’ils pensent que les Congolais vont se séparer pour un individu, qui qu’il  soit : Muzito,  Tshisekedi ou Katumbi ! Ils se trompent,c’est même une insulte à notre peuple.

Geopolis/ACP

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