Hier mardi 27 février à Lunada, les deux dirigeants se sont retrouvé pour un entretien qui s’est tenu « à huis clos » et n’a donné lieu à aucune déclaration publique. La rencontre est néanmoins cruciale, alors que les sujets de conflit entre Kinshasa et Kigali se multiplient.
C’est une rencontre qui s’est tenue « en secret », mais a été tout de même sous les feux des projecteurs, tant les relations entre la RDC et le Rwanda inquiètent. Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été accompagné des deux vice-premiers ministres, de la défense nationale et des affaires étrangères, du ministre d’Etat en charge de la coopération régionale, ainsi que de son haut-représentant.
Le Chef de l’Etat congolais a été reçu par le président João Lourenço pour une « rencontre directe et discrète », un « format totalement nouveau » pour les relations entre Kinshasa et Kigali, souligne-t-on, au Palais de la Nation, « plus discret, qui permet de mettre un terme au conflit rwando-congolais ».
A l’issue de ce tête-à-tête qui a duré près de 3 heures, aucun des deux chefs d’Etat ne s’est exprimé. Par contre, c’est le ministre angolais des affaires étrangères Tété Antonio qui s’est adressé aux medias pour le compte de la mediation. Selon lui, le president Félix Tshisekedi aurait donné son accord de principe de rencontrer le président du Rwanda Paul Kagame.
Tout en s’abstenant de fournir plus de détails sur cette entrevue de Tshisekedi et Lourenço, le ministre angolais Tété s’est limité à affirmer « qu’Il revient à la mediation de travailler sur les autres etapes pour matérialiser cette rencontre ». Aucune date n’a été avancée sur cette éventuelle rencontre encore moins le lieu de celle-ci.
Toutefois, le président Tshisekedi a déjà posé ses conditions pour rencontrer le président rwandais Paul Kagame. Au médiateur Lourenço, il presenté ses préalables, notamment le retrait du territoire congolais des troupes du RDF, la cessation des hostilités au front et le cantonnement du M23.
Les sujets qui fachent
La relation entre Kinshasa et Kigali a bien besoin de se remettre au beau fixe, car les sujets de tension sont nombreux et déstabilisent la région. « Le conflit entre les deux pays a eu de nombreux effets, essentiellement négatifs. La guerre a détruit l’économie de cette région déjà appauvrie, les investisseurs s’étant éloignés, et les ressources ayant servi à alimenter la guerre plus qu’à développer les pays », résument des experts et fins connaisseurs de la relation congo-rwandaise.
Pour les observateurs avérés du conflit entre ces deux pays, l’enjeu principal de cette déstabilisation reste en toile de fond l’exploitation illicite des ressources de la région Est du Congo par le Rwanda. D’un point de vue économique, il s’agit de créer les conditions d’insécurité, ce qui empêche l’exercice du pouvoir de l’état congolais sur cette région et permet le maintien des filières illégales et militarisées d’exploitation des ressources naturelles (minières notamment).
Djodjo Mulamba
