Economie

Carburant, le difficile équilibre

Pour la énième fois en moins de deux ans, les prix des carburants repartent à la hausse dans trois zones d’approvisionnement, dont la ville province de Kinshasa, le Kongo central, le Kwango, le Kwilu, le Maï Nombre, etc. La nouvelle tarification est déjà en application.

Pour la zone Ouest, dont la ville-province de Kinshasa, le mazout se vend désormais à 2.985,00 FC contre 2.845,00 FC ; l’essence se négocie à 2.995,00 FC contre 2.855,00 FC, tandis que le prix du pétrole n’a pas connu d’augmentation. Son prix est resté toujours de 2.450,00 FC. Le gaz, lui, se vend actuellement à 4.831,57 FC contre 4.780,00 FC.
Les prix sont fixés au taux de 2265,35 Fc pour 1 dollar américain.
Selon le Vice-premier ministre en charge de l’économie Vital Kamerhe qui a signé l’arrêté de la nouvelle tarification, il y avait urgence à retoucher les prix des produits pétroliers. Cela procède de la volonté du gouvernement « de préserver l’équilibre du système d’approvisionnement en produits pétroliers et de renforcer la gestion de la subvention pétrolière en maîtrisant la dépense fiscale et le coût budgétaire y relatifs ».

Car faut-il le rappeler, en pleine crise Russo-Ukrainienne, devant la crise carrément mondiale du carburant, en RDC, il y a des subventions qui sont faites aux produits pétroliers de l’ordre de 40 ou 50 %. C’est du moins ce que dit le gouvernement Congolais. L’exécutif est dans la logique de préserver le pouvoir d’achat d’une population qui se bat déjà au jour le jour pour survivre, mais aussi de garantir les capacités de renouvellement des stocks pour les opérateurs économiques du secteur pétrolier. Un difficile équilibre que le gouvernement se doit de trouver. Cela implique donc que l’exécutif mette constamment la main à la poche pour payer le prix de la stabilité. Avec sa croissance de 8,9%, la RDC a fait le choix de ne pas écorner son image d’une économie résiliente, malgré les chocs internes et externes.

*Réaction du marché*

Les prix du carburant ont toujours été structurants. Ce qui veut dire que l’augmentation des tarifs de ces produits, induit une inflation proportionnelle sur le marché. Ce phénomène ne sera pas évité dans les zones où les prix des produits pétroliers ont augmenté. Et pour Kinshasa et biens d’autres provinces concernées par la nouvelle grille tarifaire, les prix des transports en commun pourraient suivre la tendance de la hausse.

Au premier jour de l’application de nouveaux prix, certains chauffeurs de taxi se plaignent déjà et s’en remettent aux autorités pour que celles-ci trouvent cette fois encore, un équilibre avec eux. « Nous sommes des revendeurs du carburant. Nous achetons du carburant à la station et nous en retour, nous prenons les passagers qui nous paient. chaque soir nous sommes obligés d’acheter du carburant et avoir le bénéfice dessus. Et quand le prix du carburant augmente, nous chauffeurs, nous ne nous retrouvons pas dans nos recettes journalières. Alors on se pose la question si nous devons maintenir le même prix du transport ou augmenter. Nous demandons à l’État congolais de revoir les prix de transports pour que tout le monde se retrouve », a dit un conducteur taxi à Géopolis.

Voilà la deuxième équation. Même sans un autre tarif des courses fixé par les autorités compétentes, les chauffeurs taxi savent comment se faire justice, en imposant, malheureusement, des courses plus courtes aux prix des trajets complets. Ça s’appelle phénomène « demi-terrain » à Kinshasa. Le phénomène est bien connu. Il se pratique en toute impunité dans la capitale Congolaise.

La situation semble sur une courbe montante, au grand dam des consommateurs qui vont certainement voir leur pouvoir d’achat s’amenuiser davantage. D’autant plus que le domaine d’importation est dépendant de l’équilibre entre la devise étrangère ( essentielle pour s’approprier en divers produits ) et la devise locale. Là aussi, le dollar américain impose sa loi face au franc congolais qui perd sa valeur un peu chaque jour. De fil en aiguille, la succession logique du binôme prix du carburant- dollars américains va être l’engrenage infernal qui prendra en étau les consommateurs et le gouvernement qui essaie de sauver ces consommateurs.

Patrick Ilunga & Rachel Misenga

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