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Conflit en RDC : La position trouble des USA

Au moment où les combats s’intensifient dans plusieurs localités du Nord-Kivu, les autorités américaines enjoignent le M23 à cesser toutes les hostilités. Les USA rappellent que ces rebelles sont sous sanctions américaines. Washington ordonne au Rwanda de cesser de soutenir les rebelles, mais les USA poussent encore et encore Kinshasa à discuter avec Kigali et les rebelles, alors que sous d’autres latitudes, les mêmes USA se montrent intransigeants face à ceux qui violent l’intégrité d’un pays tiers.

En moins de trois mois, les Etats-Unis d’Amérique ont fait le contour des leaders des Grands Lacs africains afin d’aider à apaiser la tension dans une région qui s’enlise dans la guerre un peu plus chaque jour. Alors que sur le terrain des opérations, au Nord-Kivu principalement, les armes ne se taisent pas entre l’armée Congolaise et les rebelles du M23, Washington a, fin novembre 2023, dépêché une émissaire de haut rang, Avril Haines, directrice des renseignements américains à Kinshasa et Kigali pour parler aux présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame dans le but d’exhorter les deux leaders à aller vers la désescalade. En décembre 2023, Washington à imposer un cessez-le-feu à deux reprises, avec un relatif succès. Dans la foulée de l’arrêt des combats, les autorités américaines avaient encouragé les parties prenantes à s’engager dans les initiatives régionales de paix, en l’occurrence les processus de Luanda et de Nairobi.

Les hostilités ont repris, les processus régionaux sont toujours aussi au point mort. Mais Washington a poursuivi des efforts. Cette fois-ci, en allant vers les médiateurs des initiatives régionales de paix. Dans le cadre de sa dernière tournée africaine, Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain a rencontré en janvier le président angolais Joao Lourenço, qui conduit le processus de Luanda, pourparlers initiés par l’Union Africaine, pour qu’il poursuive les mêmes efforts de mettre autour de la table des pourparlers le Rwanda et la RDC. Mercredi, l’ancien président du Kenya Uhuru Kenyatta a rencontré le président Ougandais Yoweri Museveni pour discuter des questions de la région, avec au centre des échanges, l’épineuse problématique du conflit en RDC. Uhuru avait reçu auparavant l’exhortation du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken afin de pousser les efforts pour la réussite des pourparlers de Nairobi dont il est le facilitateur, entre les différents groupes rebelles Congolais et le gouvernement de la RDC.

A première vue, Washington suit plutôt un chemin cohérent avec un noble objectif, celui de ramener la paix dans une région qui risque à nouveau de basculer dans un conflit complexe, d’autant que dans la brouille, hormis le Rwanda et la RDC, les noms du Burundi ; de l’Ouganda et de Tanzanie commencent à être impliqués. Une guerre totale dans une région fragile, c’est inenvisageable aux yeux des USA. Kigali et Kinshasa montrent des signes d’une possible déflagration, selon les Nations Unies. Mais le conflit à la base implique fortement le Rwanda dont l’armée soutient activement les rebelles au Kivu, comme l’ont plusieurs fois dénoncé les experts des Nations Unies. Voilà qui explique le récent communiqué des Etats-Unis d’Amérique sur les agissements des autorités Rwandaises en RDC.

Lundi, les États-Unis ont appelé, le Rwanda à « retirer » ses troupes accusées de soutenir les rebelles du M23 qui se sont emparés de plusieurs agglomérations et villes de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo. « Nous avons fermement appelé tous les groupes armés non-étatiques, y compris le M23 sanctionné par les États-Unis, à cesser les hostilités et à déposer les armes », a indiqué l’ambassade américaine dans un communiqué diffusé lundi à Kinshasa, qui insiste, «nous appelons de nouveau le Rwanda à cesser de soutenir le M23 et à immédiatement retirer les Forces armées rwandaises du territoire congolais, étant donné que leur appui à ce groupe armé n’a servi qu’à déstabiliser davantage l’est de la RDC ».

Certains pourraient qualifier l’attitude des USA de communication paradoxale, qui consiste à délivrer deux messages presque antinomiques. Comment pousser avec insistance un Etat à engager des pourparlers avec un autre qui l’a envahi et refuse de reconnaitre ? Le fait que Washington ait ordonné au Rwanda de retirer ses troupes du Congo a toute sa signification. Pourquoi alors les autorités américaines ne se montrent pas suffisamment ferme devant Kigali face à l’évidence de ses actions au Congo ? Sous d’autres latitudes, les USA se posent en gendarmes du monde et se tiennent fermes par exemple lorsque la Russie viole l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Que doit-on comprendre dans cette attitude qui semble vouloir ménager le chou et la chèvre ? C’est la question que chacun doit se poser.

En attendant d’obtenir la réponse à ce questionnement, les combats se poursuivent dans les localités du Masisi notamment. Et mercredi, le lieutenant Kaiko Ndjike, porte-parole des FARDC au Nord-Kivu a publié un communiqué qui a affirmé que « dans la nuit de mardi à mercredi, deux bombes ont été larguées à Goma par le M23 et l’armée rwandaise ». « Ces bombes qui ont ciblé des populations civiles n’ont pas causé heureusement des pertes en vies humaines », a noté Kaiko Ndjike.
A Sake, par contre, une localité située à une trentaine kilomètres de Goma, des civils ont été tués dans un bombardement. 7 civiles sont morts dans un bombardement dans cette localité, selon une source locale. Au mois de janvier, 19 personnes avaient trouvé la mort dans un autre bombardement à Mweso, une autre localité dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu.

Patrick Ilunga

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