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Editorial : 20 décembre 2023, élections ou pas élections ? Incertitudes souhaitées face aux certitudes redoutées

Quel que soit l’acteur avec lequel vous échangez sur la tenue prochaine des scrutins en République Démocratique du Congo (RDC), vous pouvez partager sur des aspects techniques, des aspects légaux et autres mais à la fin, sur un fond d’angoisse, la question clé ne manque pas car, elle est posée en des termes sibyllins : «:Pensez-vous qu’il y aura vraiment des élections ? ». A partir de cet instant, tout ce que vous partagez relève de la spéculation, des angoisses, des espoirs et des calculs personnels.

Après une grande observation de la scène politique congolaise ces derniers mois, on est arrivé à quelques stratifications de la situation globale. Il existe trois camps autour de cette question. D’abord, des personnes qui veulent que les élections puissent intervenir le 20 décembre prochain parce qu’elles estiment que le vent leur est favorable. Elles ont travaillé durement pour se mettre en pole position avant le coup d’envoi des hostilités électorales.

Le deuxième groupe est celui de ceux qui estiment qu’il n’y aura pas d’élections car, le processus est biaisé par un groupe. Si, elles se tiennent dans l’état actuel des choses, elles vont amener un chaos. Pour ce groupe, il faut reprendre le processus dès le départ. N’ayant pas cru au bon déroulement de celui-ci, ils ne peuvent simplement pas cautionner une telle situation.

Misant sur le chaos inévitable, ce groupe véhicule le spectre des coups d’Etat, de la révolte populaire, s’inspirant des cas assez similaires survenus dans d’autres pays d’Afrique. Cas du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Gabon. Cette liste n’est pas exhaustive.

Le troisième groupe est celui des indifférents qui se sont progressivement détachés de la classe politique. Pour ce groupe, quel que soit celui qui va gagner, l’essentiel pour eux est que le pays, champ du bizness, puisse continuer à tourner. Ils n’ont pas développé des convictions politiques idéologiques, mais ont un sens programmatique hors du commun.

Aujourd’hui, il existe des a priori énormes car, la machine électorale à savoir, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) qui est en train de se déployer avec des difficultés énormes sur terrain mais qui est animée par une détermination sans faille de manière à arriver à échéance. Face à la Centrale Électorale, ceux qui sont obligés de s’engager dans le processus même s’ils n’ont pas des contraintes, donneraient tout pour que le poids leur soit enlevé, par exemple, qu’on leur dise que les élections sont reportées et qu’il y aura une transition de deux ans. Ils vont sauter de joie car, ils appréhendent le sort que les populations leur auraient réservé si jamais les choix étaient opérés.

Ils sont candidats, ils ont fait des banderoles, ils dépensent un peu de leur sous mais, ils ont au fond d’eux-mêmes un doute et ne savent pas comment combiner leurs actions au quotidien en fonction des réalités. D’autres n’en veulent pas et ne se sont pas organisés pour cela mais, ils ont une peur au ventre au cas où les élections avaient réellement eu lieu. C’est pourquoi, ils espèrent un chaos salvateur qui va remettre les pendules à l’heure pour tout le monde. Mais chaque jour qui passe éloigne cette confusion.

Les élections en RDC seront un sujet attendu mais dont les articulations seront des sources d’angoisse collective.

Adam Mwena Manda

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